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Nicéphore Cité/Aderc

Prévention par l’image

Des drones survolant les vignes capables de détecter, localiser et
prévenir les vignerons de la présence de ceps malades dans les vignes,
avant même l’expression des symptômes. Un futur proche ? Possible, avec
les recherches menées à Nicéphore Cité (Chalon-sur-Saône) qui apporte
ses compétences en ingénierie (imagerie) pour améliorer la pulvérisation
ou encore la compréhension du développement des maladies ou carences
végétales.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Finalement, on parle beaucoup du phénomène de dérive sans réellement connaître le comportement des gouttelettes pulvérisées ». D’AgroSup Dijon, le chercheur, Frédéric Cointault codirige plusieurs thèses pour défricher un tas de champs techniques encore mal connus. Il faut dire que les recherches ne sont pas aisées. « Un spray de gouttelettes atteint une vitesse de 10 à 12 mètres par seconde (40 km/h). La durée de l’impact n’est que de quelques micro-secondes. Il faut donc des caméras spécifiques pour bien décomposer les images. D’autant que les feuilles aussi peuvent être en mouvement ». C’est là qu’intervient Nicéphore Cité – pôle de la filière image et son – à Chalon-sur-Saône.
Trois axes ont été définis : gouttelettes, feuilles, pulvérisations et le mix des trois. En vigne, par exemple, les feuilles sont plus ou moins hydrophobes ou hydrophiles ; elles ont des capacités tensioactives variant avec l’âge de la vigne ; des rugosités et des pilosités différentes selon le cépage : chardonnay ou pinot noir… Ces paramètres jouent sur l’adhésion ou non des produits.

Affiner les conseils



Toutes ces données devraient permettre d’affiner à terme les conseils aux professionnels sur le choix des buses, des pulvérisateurs, sur les meilleures compositions des bouillies…. mais également sur la façon dont les gouttes rebondissent.
De l’Agence pour le développement économique de la région de Chalon-sur-Saône (Aderc), Romain Peteuil confirme : « en laboratoire, cela marche toujours bien, sur un enjambeur, beaucoup moins ». Enjambeurs, buses, feuilles… tous bougent alors. Voici pourquoi, l’Aderc s’est rapprochée de la profession, pour croiser les données avec tous les acteurs locaux : Vinipôle, BIVB, chambres d’agriculture, la coopérative Bourgogne du Sud, l’Institut Jules Guyot à Dijon…

Etalement, relaxation, rebond…



Directeur adjoint de Nicéphore Cité, Gabriel Bloch explique la finalité : « coller avec la réalité du terrain et les problématiques des professionnels ». Les problématiques - telles que l’Esca ou la flavescence dorée - sont donc en ligne de mire. « Nous cherchons comment pourrait être détectées ces maladies plus précocement sur les ceps. Une hypothèse serait – après création de modèles (algorithmes) – d’obtenir des alertes via des technologies embarquées (capteurs) sur les enjambeurs ou sur des drones survolant les parcelles (détection/prévention) ».

Anticiper ce que ne peut voir l’œil



En effet, après le comptage d’épis de blé par m2 via caméra, intéressant notamment Bourgogne du Sud, l’imagerie et la bioinformatique développées par Nicéphore Cité sont maintenant utilisées aussi sur la plate-forme de phénotypage haut débit (PPHD) de l’Inra de Dijon. L’Aderc a fait l’acquisition d’images de plantes avec différents types de caméra (multispectrales, infrarouges, UV…) et avec des marqueurs (fluorescents…) dans les plantes. Ces tests permettront de mieux comprendre le développement du système racinaire (projet Rhizotron) selon diverses conditions (stress hydrique…). Demain, « à l’image de ce qui s’est fait avec la détection du stress hydrique du maïs, on peut espérer pour la vigne une évolution de la surveillance sanitaire grâce aux nouvelles technologies », se réjouit Romain Peteuil. Décidément, l’invention de Nicéphore Niepce n’a pas fini de se réinventer, même en cultures végétales…

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