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Rentabilité des exploitations caprines

Produire plus de lait avec moins de chèvres !

Les leviers pour rentabiliser l’atelier caprin sont multiples, bien connus de tous : production laitière, maîtrise des charges (notamment alimentaires), qualité du lait pour un meilleur rendement fromager, valorisation du lait par des circuits plus rémunérateurs… La maîtrise technique de l’atelier caprin est le premier levier pour rentabiliser l’élevage, souvent sous-estimé car contrairement à la fromagerie, il se calcule en manque à gagner plutôt qu’en valorisation directe.
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Le niveau de production laitière du troupeau caprin est un levier qui présente plusieurs intérêts impactant la marge brute, les charges directement liées à l’élevage, les investissements mais aussi le temps de travail.
En effet, avec moins d’animaux pour une même production de lait, les charges directement liées à l’effectif du cheptel sont divisées (ex : traitements sanitaires).

Suivre son troupeau



Un suivi du troupeau (filiation, gestion des effectifs, production laitière, reproduction, qualité du lait…) avec du conseil technique en élevage (efficacité de la ration, autonomie alimentaire, élevage des jeunes, gestion du pâturage…) couplé à du contrôle de performance permet d’augmenter ses résultats techniques et économiques.
Le contrôle de performance permet de connaître la production de chaque chèvre (quantité de lait, matières grasses et protéiques, cellules). La moyenne des lactations 2011 des éleveurs adhérents à Conseil élevage était de 702 kg lait/chèvre, 34,8 g/kg TB et 30,9 g/kg TP. Ainsi, l’outil permet notamment de sélectionner les chevrettes de renouvellement issues des meilleures mères pour améliorer le niveau génétique des générations futures.

Investir dans la génétique



Sur le département de Saône-et-Loire, les chiffres le montrent : les éleveurs adhérents à Gène+ (comparés aux adhérent Conseil élevage hors Gène+) produisent 113 l de lait annuel en plus par chèvre avec un gain de taux butyreux : +2,6 g/kg et de taux protéique : +1,8 g/kg.
L’investissement génétique est largement compensé au fil des années par un revenu supérieur.
En élevage caprin laitier, le lait par chèvre est un élément essentiel du revenu qui va jouer à la fois sur la dimension économique et sur l’efficacité technico-économique. L’amélioration des taux protéiques et butyreux va bien sûr permettre une augmentation du prix du lait.
Chez les fromagers fermiers, la valorisation du litre de lait s’obtient avec des prix de vente rémunérant les produits à leur juste valeur, mais aussi avec un bon rendement fromager.
Et si la génétique permet de produire un lait riche en taux protéique, elle améliore aussi le taux butyreux qui donne au fromage de chèvre son goût caractéristique.
La génétique répond à des préoccupations transversales, elle peut aussi répondre à des préoccupations plus spécifiques à chaque système.
Par exemple, les éleveurs qui pratiquent le pâturage seront sans doute particulièrement attentifs à la morphologie mammaire dans leurs critères de sélection.

Connaître ses chiffres



Clé de réussite d’une exploitation, analyser sa comptabilité et maîtriser ses charges permet de piloter son atelier et ainsi sa stratégie. Saône-et-Loire Conseil élevage propose la méthode Institut de l’élevage : coût de production d’un litre de lait à tous les éleveurs intéressés. Aussi, une formation sera planifiée (en fonction de la demande) à l’automne en groupe.
Simplifier
Pour un litrage équivalent, un plus petit cheptel productif permet de conserver un système pâturage plus aisément. Les besoins de places dans le bâtiment sont moindres (investissements réduits). De même, il y a moins de chevrettes de renouvellement à élever et les chantiers (traite, reproduction, prophylaxie…) sont réduits en temps et en économie.

Gagner du temps



Si les éleveurs n’ont pas forcément les mêmes objectifs et préoccupations, tous, ou presque, s’accordent à dire que leurs exploitations doivent être viables, vivables, transmissibles et reproductibles. Bref, en un mot, durables.
En effet, pour les fromagers fermiers souvent surchargés de travail, avoir plus de lait par chèvre, cela signifie avoir moins de chèvres et donc moins de travail d’astreinte autour de l’élevage (ex : soins des animaux, traite…).
De plus, une meilleure rentabilité permet l’embauche d’un salarié et ainsi de se dégager du temps libre ou de travailler « mieux » : plus en adéquation avec les souhaits de l’exploitant (ex : passer plus de temps pour la vente) ce qui permet de trouver une satisfaction du travail, essentielle pour entretenir la pérennité de l’exploitation. Aussi, ce gain de temps est l’occasion de s’impliquer davantage dans la filière.

Charline Pierrefeu