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Vendanges 2014

Qualité et quantité au rendez-vous

Alors que les vendanges viennent tout juste de commencer dans certaines
régions, les professionnels du secteur viticole prévoient un volume
total de 45,4 millions d’hectolitres. Une bonne nouvelle pour la
profession qui vient de connaître deux années difficiles.
Par Publié par Cédric Michelin
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En cette année qui n’a pas été exempte d’épisodes météorologiques délicats, en particulier les orages de grêle, la production de vin devrait toutefois retrouver en 2014 un volume conforme à la moyenne quinquennale, avec 45,4 millions d’hectolitres, a annoncé le 22 août Jérôme Despey, président du Conseil spécialisé Vins de FranceAgriMer. Si la pluviométrie de juillet laissait espérer une quantité encore supérieure, ce volume reste bien plus prometteur que celui de 2013 qui avait péniblement atteint 42,3 millions d’hectolitres. Et ce bon volume ne devrait pas impacter les prix à la baisse, car suite à la faible récolte de 2013, la demande n’avait pas pu être entièrement satisfaite. Les stocks sont donc vides, surtout pour les vins non IGP. D’autant plus que la qualité des vins français demeure reconnue par les consommateurs, comme en témoigne la difficulté des vins espagnols à pénétrer leur secteur de marché l’année dernière malgré le manque de quantité en France. Une qualité qui s’avère pour le moment au rendez-vous : « ce qui est rentré est de qualité optimale, pour l’instant nous n’avons pas d’inquiétude sur l’état sanitaire du vignoble », note Jérôme Despey. « Pour moi, tous les indicateurs sont au vert », ajoute-il encore, et le vin français semble donc en mesure de pouvoir reprendre des parts de marché. C’est particulièrement vrai pour le rosé, dont la production européenne reste inférieure aux besoins alors que cette demande progresse de façon durable, le rosé cessant de n’être consommé qu’en période estivale. « Aujourd’hui, les négociations pour le rosé en pays d’Oc se font autour de 85 € l’hectolitre, contre 80-82 € l’année passée », précise ainsi Jérôme Despey qui, même s’il se réjouit de la conjoncture actuelle, rappelle tout de même le poids des risques liés aux aléas climatiques, de plus en plus fréquents et de plus en plus violents.

Assurances : pour un contrat socle



C’est pourquoi l’une de ses préoccupations majeures reste l’établissement d’un contrat socle accessible aux viticulteurs. « Notre inactivité sur le sujet est suicidaire », prévient-il. Sur 800.000 hectares de vignoble, seuls 100.000 sont aujourd’hui assurés. Les professionnels du secteur travaillent actuellement avec les assureurs et le ministère de l’Agriculture pour élaborer un contrat de base qui permettrait d’indemniser les viticulteurs en cas de coups durs, couvrant les charges opérationnelles de l’exploitation. Pour le moment, les assurances sont subventionnées à 65 % par l’Etat sur le budget européen, mais sur une enveloppe annuelle fixe, qui n’évoluera pas avant la prochaine négociation de la PAC, en 2020. Elle est déjà entièrement utilisée par les assurés actuels. Le risque est donc que plus le nombre d’assurés augmente, plus la subvention allouée à chaque contrat diminue. Un cas de figure récemment vécu par les céréaliers qui ont vu en mars dernier le taux de subvention de leurs assurances diminuer de 65 % à 43 %. Une éventualité incompatible avec la nécessité de promouvoir l’assurance auprès du plus grand nombre. Pour sortir de l’inaction, Jérôme Despey propose donc, à condition que les modalités d’attribution du budget PAC demeurent inchangées, de trouver sur l’OCM viti/vinicole les fonds manquants pour subventionner au même taux les contrats d’assurance, même si leur développement s’avère soutenu.
Autre sujet de vigilance plus immédiate, le niveau de consommation de l’enveloppe de l’OCM, dont l’objectif fixé à 280,5 millions d’euros doit être atteint le 15 octobre prochain. Or, le décaissement n’était à la mi-août que de 130 millions d’euros, en raison d’objectifs trop ambitieux en particulier en ce qui concerne les plantations (9.500 hectares au lieu de 11.000). Jérôme Despey encourage donc à solder plus vite certains dossiers, car de ce décaissement dépendent les montants futurs que le secteur pourra obtenir.


Le choix du moût concentré rectifié pour l’enrichissement



Sujet très animé au mois de juillet en Languedoc-Roussillon, la question du choix de l’enrichissement soit par saccharose, soit par moût concentré rectifié, semble s’apaiser. Jérôme Despey précise qu’il n’y a eu pour le moment aucune demande d’enrichissement avec saccharose, ce qui s’explique par une forte baisse du prix du moût concentré rectifié, dont le prix à l’hectolitre est tombé à 2,19 € contre 4,5 € l’année précédente. Sur ce point du plan stratégique de filière, Jérôme Despey reconnaît tout de même « une grande déception ». Stéphane Le Foll devrait prochainement porter auprès des instances européennes cette demande forte de réintroduction, dans l’OCM viti/vinicole, des aides pour le moût concentré rectifié. La France est en effet le seul pays où la situation reste aussi compliquée, avec une partie du secteur autorisée à enrichir avec du saccharose et l’autre devant pour cela demander des dérogations.




Les premières estimations régionales par les professionnels



En prenant la moyenne quinquennale pour référence, la plupart des régions françaises ne connaissent pas de baisse significative de leur production viticole en 2014. La Champagne prévoit 3,2 millions d’hL (+ 17%), le Bourgogne-Beaujolais 2,23 millions (- 2 %), l’Alsace 1,15 million (+ 4%), la Savoie 118.000 hectolitres (+ 2 %), le Jura 81.000 hectolitres (- 5 %), le Val de Loire 2,8 millions (+ 1 %), la Charente 8,5 millions (+ 1 %), le Sud-Ouest 3,45 millions (équivalent), le Bordelais 5,5 millions (- 1 % par rapport à la moyenne quinquennale, mais + 39 % par rapport à une année 2013 catastrophique), la Corse 347.000 hectolitres (+ 8 %), le Sud-Est et autres vignobles 5,19 millions (+ 2 %). Avec 12 millions d’hectolitres et une baisse de 8 %, le Languedoc-Roussillon est le plus touché, les épisodes de grêle ayant été très vigoureux dans l’Aude et le Gard, et la sécheresse impactant beaucoup les vignobles de l’Hérault. Ces prévisions des professionnels pourront être comparées à celle du ministère de l’Agriculture, prévues pour le 25 août.