Aménagement foncier
Quand intérêts agricole et cynégétique se rejoignent !
En 2014 dans la Bresse, la Fédération départementale des chasseurs s’était portée candidate pour acquérir des terres agricoles remarquables en termes de biodiversité. Souhaitant concilier les intérêts agricole et cynégétique, la Safer a fait le choix de réserver ce foncier à des agriculteurs, mais en leur imposant un cahier des charges pour préserver l’habitat de la faune sauvage.
En 2014 dans la Bresse, une trentaine d’hectares de terres vouées aux grandes cultures étaient à vendre sur le secteur de Serley. Les parcelles dispersées provenaient d’une exploitation céréalière dont l’entretien était très négligé. Cette dernière comptait environ 7 kilomètres de haies livrées à elles-mêmes. Des haies qui avaient beaucoup épaissi (jusqu’à 10 mètres de large). Une quinzaine d’agriculteurs locaux étaient candidats pour acquérir ces terres.
Soucieuse de préserver le bocage et l’habitat du petit gibier dans un secteur en pleine spécialisation céréalière, la Fédération départementale des chasseurs (FDC 71) s’était elle aussi manifestée pour acheter ce foncier, dans l’optique de « louer les parcelles dans le cadre d’un bail environnemental ».
De nombreux comptages opérés depuis trente ans sur place révélaient la présence de 25 à 30 espèces animales différentes dans ce biotope remarquable : lièvres, chevreuils, lapins, perdrix, ainsi que vingt espèces d’oiseaux de bocage. Autant d’indicateurs de bonne santé faunistique qui pour la FDC 71 faisaient de ce site un habitat à préserver. « D’autant qu’il s’inscrit dans un corridor écologique interrégional ; la Trame Verte et Bleue qui relie le Massif central aux bocages de l’Est », informe par ailleurs Thierry Peyrton de la FDC 71.
Cahier des charges dans le contrat de vente
Devant cette situation inédite, la Safer Bourgogne Franche-Comté a préféré réserver ce foncier agricole à des agriculteurs. Mais soucieuse de concilier les intérêts des deux parties, elle prenait en compte les arguments de la Fédération des chasseurs en imposant en échange le respect d’un « cahier des charges », détaille Emmanuel Cordier, directeur de la Safer 71.
Suivant les recommandations techniques de la FDC 71, les acquéreurs ont ainsi été incités à préserver le biotope présent en favorisant la circulation du gibier. 70% des haies doivent être conservées et les règles du cahier des charges sont assignées dans le contrat de vente des parcelles. Les agriculteurs acquéreurs ont accepté les conditions imposées pour vingt ans par la Safer. Cette dernière veille au respect du cahier des charges dans la durée et la FDC 71 suit le dossier sur le terrain, alertant le cas échéant la Safer sur d’éventuelles dérives.
La prise en main des parcelles par leurs nouveaux propriétaires a naturellement donné lieu à un certain nombre de travaux de remise en état et d’aménagement. Un peu plus de mille mètres de haie « autorisées » ont ainsi été arrachés. La FDC 71 note toutefois que 200 mètres supplémentaires ont été arrachés sur le linéaire qui devait être conservé. D’autre part, 1.200 mètres ont fait l’objet d’une taille excessive, regrette-t-elle, soulignant toutefois qu’un projet de replantation de plus 1.000 mètres a été déposé par un exploitant (lire reportage). Une parcelle trop humide devrait également être replantée.
Bilan globalement positif
Près de deux ans après la cession de ces parcelles, le bilan est jugé globalement positif par la fédération des chasseurs. « Cette démarche a d’abord permis d’établir des contacts avec les exploitants. A une exception près, le cahier des charges a été globalement respecté dans les exploitations concernées », confie Thierry Peyrton qui estime que « sans l’intervention de la fédération des chasseurs, le linéaire de haie aurait été davantage menacé. La grande majorité des agriculteurs a aujourd’hui compris l’intérêt », poursuit le technicien qui observe que « certains intègrent de plus en plus la gestion du bocage dans leur exploitation, conscients du rôle bénéfique des haies pour l’agronomie : refuge d’auxiliaires de culture (prédateurs de ravageurs, pollinisateurs…) ; protection contre les effets climatiques, etc… ». En termes de durabilité, la fédération préconise « une préservation par les usages. Une haie sans entretien de 10 m de large n’est pas durable ! En revanche, des haies hautes régulièrement entretenues, même avec des céréales, sont bénéfiques pour l’environnement, les cultures et peuvent aussi assurer une production de bois énergie », complète Thierry Peyrton.
Démarche exemplaire
Pour les responsables de la Safer, le dossier de Serley est exemplaire à plus d’un titre, dans la mesure où il parvient « à marier » des intérêts agricoles avec ceux des chasseurs. Il a aussi permis que le foncier demeure aux mains d’agriculteurs, un principe auquel tient la profession. Mais s’ils demeurent propriétaires de leurs terres, les agriculteurs ont ainsi l’opportunité de démontrer au public que les pratiques agricoles ont vocation à être avant tout bénéfiques à la nature. Et qu’au final, tout le monde peut s’y retrouver.
Soucieuse de préserver le bocage et l’habitat du petit gibier dans un secteur en pleine spécialisation céréalière, la Fédération départementale des chasseurs (FDC 71) s’était elle aussi manifestée pour acheter ce foncier, dans l’optique de « louer les parcelles dans le cadre d’un bail environnemental ».
De nombreux comptages opérés depuis trente ans sur place révélaient la présence de 25 à 30 espèces animales différentes dans ce biotope remarquable : lièvres, chevreuils, lapins, perdrix, ainsi que vingt espèces d’oiseaux de bocage. Autant d’indicateurs de bonne santé faunistique qui pour la FDC 71 faisaient de ce site un habitat à préserver. « D’autant qu’il s’inscrit dans un corridor écologique interrégional ; la Trame Verte et Bleue qui relie le Massif central aux bocages de l’Est », informe par ailleurs Thierry Peyrton de la FDC 71.
Cahier des charges dans le contrat de vente
Devant cette situation inédite, la Safer Bourgogne Franche-Comté a préféré réserver ce foncier agricole à des agriculteurs. Mais soucieuse de concilier les intérêts des deux parties, elle prenait en compte les arguments de la Fédération des chasseurs en imposant en échange le respect d’un « cahier des charges », détaille Emmanuel Cordier, directeur de la Safer 71.
Suivant les recommandations techniques de la FDC 71, les acquéreurs ont ainsi été incités à préserver le biotope présent en favorisant la circulation du gibier. 70% des haies doivent être conservées et les règles du cahier des charges sont assignées dans le contrat de vente des parcelles. Les agriculteurs acquéreurs ont accepté les conditions imposées pour vingt ans par la Safer. Cette dernière veille au respect du cahier des charges dans la durée et la FDC 71 suit le dossier sur le terrain, alertant le cas échéant la Safer sur d’éventuelles dérives.
La prise en main des parcelles par leurs nouveaux propriétaires a naturellement donné lieu à un certain nombre de travaux de remise en état et d’aménagement. Un peu plus de mille mètres de haie « autorisées » ont ainsi été arrachés. La FDC 71 note toutefois que 200 mètres supplémentaires ont été arrachés sur le linéaire qui devait être conservé. D’autre part, 1.200 mètres ont fait l’objet d’une taille excessive, regrette-t-elle, soulignant toutefois qu’un projet de replantation de plus 1.000 mètres a été déposé par un exploitant (lire reportage). Une parcelle trop humide devrait également être replantée.
Bilan globalement positif
Près de deux ans après la cession de ces parcelles, le bilan est jugé globalement positif par la fédération des chasseurs. « Cette démarche a d’abord permis d’établir des contacts avec les exploitants. A une exception près, le cahier des charges a été globalement respecté dans les exploitations concernées », confie Thierry Peyrton qui estime que « sans l’intervention de la fédération des chasseurs, le linéaire de haie aurait été davantage menacé. La grande majorité des agriculteurs a aujourd’hui compris l’intérêt », poursuit le technicien qui observe que « certains intègrent de plus en plus la gestion du bocage dans leur exploitation, conscients du rôle bénéfique des haies pour l’agronomie : refuge d’auxiliaires de culture (prédateurs de ravageurs, pollinisateurs…) ; protection contre les effets climatiques, etc… ». En termes de durabilité, la fédération préconise « une préservation par les usages. Une haie sans entretien de 10 m de large n’est pas durable ! En revanche, des haies hautes régulièrement entretenues, même avec des céréales, sont bénéfiques pour l’environnement, les cultures et peuvent aussi assurer une production de bois énergie », complète Thierry Peyrton.
Démarche exemplaire
Pour les responsables de la Safer, le dossier de Serley est exemplaire à plus d’un titre, dans la mesure où il parvient « à marier » des intérêts agricoles avec ceux des chasseurs. Il a aussi permis que le foncier demeure aux mains d’agriculteurs, un principe auquel tient la profession. Mais s’ils demeurent propriétaires de leurs terres, les agriculteurs ont ainsi l’opportunité de démontrer au public que les pratiques agricoles ont vocation à être avant tout bénéfiques à la nature. Et qu’au final, tout le monde peut s’y retrouver.