Quatre agricultrices à l’honneur
En ce 8 mars, journée de la femme, on a souhaité aller à la rencontre de quatre agricultrices du département. Histoire d’en savoir un peu plus sur leurs parcours, alors certes, il y a eu quelques ornières et des embûches, il y a même encore parfois des réflexions. Mais rien pour atteindre leur motivation : elles sont entièrement faites pour l’agriculture et celle-ci le leur rend bien !

Toutes les femmes de caractère ne sont pas agricultrices, mais une agricultrice est forcément une femme de caractère ! Anne-Sophie Gauthier a fait sienne cette phrase et à l’issue d’une matinée passée avec quatre jeunes agricultrices du secteur de Gergy, on ne peut que confirmer que chacune d’elles a de la volonté et de la motivation à revendre.
Elles ont toutes rejoint un Gaec familial. Parce que l’agriculture a toujours été une évidence pour elles et aussi parce que les circonstances se sont présentées comme cela. À l’image de Manon Chauffley, 20 ans, qui a toujours su qu’elle travaillerait avec des vaches : « C’était les vaches ou rien ! Depuis que je suis toute petite, je suis au milieu du troupeau ». Aujourd’hui, Manon est aide familiale dans le Gaec situé à Allerey-sur-Saône et formé par son père, son oncle et sa tante. « Elle connait chaque vache par son prénom et sa lignée, elle est précieuse pour cela » et pas que, précise sa tante Sophie Ducard. La jeune fille a même réinstauré la participation du Gaec au concours de Prim’Holstein, activité autrefois assurée par le grand-père et abandonnée depuis plusieurs années. Ce côté familial, Sophie Ducard y tient énormément, elle qui a fait des études et travaillé de nombreuses années dans un tout autre domaine, a rejoint le Gaec en 2011, au moment du départ à la retraite de sa mère. « Ça me tenait vraiment à cœur de pérenniser cette exploitation familiale. Je ne regrette pas du tout cette reconversion ».
Défendre ses idées
Pourtant, ce relationnel familial demande une adaptation de chacun. Ainsi, Hélène Doussot a dû passer du statut de fille à celui d’associée, lorsqu’elle s’est installée en 2006 et que fut créé le Gaec qu’elle compose alors avec ses parents.
Et forcément le conflit de génération peut parfois ne pas être très loin. Pas toujours facile en effet de remettre en question des méthodes éprouvées depuis des années.
Mais Hélène et toutes ces jeunes femmes de caractère savent défendre leur point de vue… et souvent l’imposer.
Hélène Doussot par exemple a conduit progressivement le troupeau de bovins allaitants vers de nouvelles techniques : « je me suis formée à l’homéopathie, à la kinésiologie. Cette année, je vais suivre des formations en ostéopathie et en phytothérapie. Cela nous amène à regarder différemment nos animaux, à avoir un autre rapport avec eux. Comme ma mère et moi ne crions jamais, les vaches sont calmes et sereines… » Une main de fermeté dans un gant de velours.
Et aussi dans un gant de ménage… Et ce n’est pas là une question de cliché, mais elles reconnaissent elles-mêmes entretenir différemment l’exploitation : « On range les choses au fur et à mesure pour pouvoir retrouver plus facilement nos outils, on nettoie, on balaie. Ça nous tient à cœur d’avoir un espace de travail entretenu ».
Un sens de l’organisation que Manon Chauffley a aussi appliqué à la gestion du troupeau : « je fais des tableaux pour voir précisément où en est chaque vache, pour savoir quand elle va vêler. Cela nous permet à tous de mieux nous organiser ».
Ces réflexions qui motivent
Milieu d’hommes par excellence, les promotions scolaires restent à grande majorité remplie de garçons.
Du coup, ces jeunes femmes ont eu leur lot de réflexions, pas toujours très agréables. « Lorsque je me suis installée, j’ai eu droit à des remarques du style ˝tu n’as pas le physique pour faire ça˝, se remémore Hélène Doussot. Notre place est difficile à trouver, il faut arriver à s’imposer. Mais ça tombe bien parce que je ne suis pas du genre à me laisser faire ». Aujourd’hui la jeune femme conduit son tracteur et assure elle-même ses vêlages : « les réflexions m’ont toujours encore plus donner la niaque ».
Cas similaire pour Anne-Sophie Gauthier, en Gaec sur la commune de Ciel : « j’ai succédé à l’associé de mon père qui gérait toute la partie culture. L’an passé, j’ai mis un point d’honneur à conduire moi-même la moissonneuse. Il y avait des boutons de partout, on m’a expliqué vraiment très rapidement. Petite montée d’adrénaline… mais j’y suis arrivée ! ». Quelle fierté aussi pour cette toute jolie jeune femme, blonde aux yeux bleus, d’avoir réussi à convaincre un ancien patron, lors d’un stage, qui se demandait bien ce qu’il pourrait « faire de cette barbie ». « En fait, c’est ce genre de refléxions qui m’a encore plus motivée ».
Entourées de femmes
Les négociations avec les acheteurs, là aussi autre difficulté, « lorsqu’un commercial arrive et me précise qu’il veut parler au patron, il est toujours surpris quand je lui réponds "mais le patron c’est moi !" », rapporte la jeune femme de 24 ans.
« Désormais les gens me connaissent, donc c’est bon. Mais c’était inconcevable, à l’époque de ma mère, que ce soit une femme qui commande du matériel ou achète ou vende une vache, relate Hélène Doussot. Heureusement depuis dix ans, cela a beaucoup changé ! »
Et il est vrai que le secteur se féminise de plus en plus, notamment dans les professions paragricoles. «Vétérinaire, comptable, inséminatrice... ce sont toutes des femmes ! », constate ainsi ravie Hélène Doussot.
« Ma vétérinaire a mon gabarit, complète Anne-Sophie Gauthier, mais elle réussit bien mieux que les hommes certaines manipulations réputées difficiles ».
Le secret de toutes ces femmes ? « Plus consciencieuses, plus sérieuses, mieux organisées, plus sensibles », répond Sophie Ducard. « On voit ce que les hommes ne voient pas, quand on commence un travail, on le fait correctement jusqu’au bout, pour ne plus avoir à y revenir », complète sa nièce Manon.
Être à l’écoute des animaux, veiller au dialogue avec les associés, rechercher l’échange avec les intervenants extérieurs, avec les confrères et consoeurs, sont là aussi les secrets de ces agricultrices.
« J’aimerais d’ailleurs rapidement trouver le temps de rejoindre un groupe d’agricultrices, souligne Sophie Ducard, échanger sur les expériences et les méthodes de travail, c’est toujours très intéressant ».
Et elles encouragent l’installation de consoeurs : « Il ne faut pas baisser les bras, insiste Hélène Doussot, et il faut savoir bien s’entourer pour être bien conseillée ».
Même si elles ne s’accordent toutes qu’une seule semaine de vacances par an, pour Sophie Ducard tout est une question d’organisation, car il est important de s’accorder des moments pour ne pas s’enfermer dans le travail et trouver un confort de vie.
De la motivation à revendre on vous dit !
Quatre agricultrices à l’honneur

Toutes les femmes de caractère ne sont pas agricultrices, mais une agricultrice est forcément une femme de caractère ! Anne-Sophie Gauthier a fait sienne cette phrase et à l’issue d’une matinée passée avec quatre jeunes agricultrices du secteur de Gergy, on ne peut que confirmer que chacune d’elles a de la volonté et de la motivation à revendre.
Elles ont toutes rejoint un Gaec familial. Parce que l’agriculture a toujours été une évidence pour elles et aussi parce que les circonstances se sont présentées comme cela. À l’image de Manon Chauffley, 20 ans, qui a toujours su qu’elle travaillerait avec des vaches : « C’était les vaches ou rien ! Depuis que je suis toute petite, je suis au milieu du troupeau ». Aujourd’hui, Manon est aide familiale dans le Gaec situé à Allerey-sur-Saône et formé par son père, son oncle et sa tante. « Elle connait chaque vache par son prénom et sa lignée, elle est précieuse pour cela » et pas que, précise sa tante Sophie Ducard. La jeune fille a même réinstauré la participation du Gaec au concours de Prim’Holstein, activité autrefois assurée par le grand-père et abandonnée depuis plusieurs années. Ce côté familial, Sophie Ducard y tient énormément, elle qui a fait des études et travaillé de nombreuses années dans un tout autre domaine, a rejoint le Gaec en 2011, au moment du départ à la retraite de sa mère. « Ça me tenait vraiment à cœur de pérenniser cette exploitation familiale. Je ne regrette pas du tout cette reconversion ».
Défendre ses idées
Pourtant, ce relationnel familial demande une adaptation de chacun. Ainsi, Hélène Doussot a dû passer du statut de fille à celui d’associée, lorsqu’elle s’est installée en 2006 et que fut créé le Gaec qu’elle compose alors avec ses parents.
Et forcément le conflit de génération peut parfois ne pas être très loin. Pas toujours facile en effet de remettre en question des méthodes éprouvées depuis des années.
Mais Hélène et toutes ces jeunes femmes de caractère savent défendre leur point de vue… et souvent l’imposer.
Hélène Doussot par exemple a conduit progressivement le troupeau de bovins allaitants vers de nouvelles techniques : « je me suis formée à l’homéopathie, à la kinésiologie. Cette année, je vais suivre des formations en ostéopathie et en phytothérapie. Cela nous amène à regarder différemment nos animaux, à avoir un autre rapport avec eux. Comme ma mère et moi ne crions jamais, les vaches sont calmes et sereines… » Une main de fermeté dans un gant de velours.
Et aussi dans un gant de ménage… Et ce n’est pas là une question de cliché, mais elles reconnaissent elles-mêmes entretenir différemment l’exploitation : « On range les choses au fur et à mesure pour pouvoir retrouver plus facilement nos outils, on nettoie, on balaie. Ça nous tient à cœur d’avoir un espace de travail entretenu ».
Un sens de l’organisation que Manon Chauffley a aussi appliqué à la gestion du troupeau : « je fais des tableaux pour voir précisément où en est chaque vache, pour savoir quand elle va vêler. Cela nous permet à tous de mieux nous organiser ».
Ces réflexions qui motivent
Milieu d’hommes par excellence, les promotions scolaires restent à grande majorité remplie de garçons.
Du coup, ces jeunes femmes ont eu leur lot de réflexions, pas toujours très agréables. « Lorsque je me suis installée, j’ai eu droit à des remarques du style ˝tu n’as pas le physique pour faire ça˝, se remémore Hélène Doussot. Notre place est difficile à trouver, il faut arriver à s’imposer. Mais ça tombe bien parce que je ne suis pas du genre à me laisser faire ». Aujourd’hui la jeune femme conduit son tracteur et assure elle-même ses vêlages : « les réflexions m’ont toujours encore plus donner la niaque ».
Cas similaire pour Anne-Sophie Gauthier, en Gaec sur la commune de Ciel : « j’ai succédé à l’associé de mon père qui gérait toute la partie culture. L’an passé, j’ai mis un point d’honneur à conduire moi-même la moissonneuse. Il y avait des boutons de partout, on m’a expliqué vraiment très rapidement. Petite montée d’adrénaline… mais j’y suis arrivée ! ». Quelle fierté aussi pour cette toute jolie jeune femme, blonde aux yeux bleus, d’avoir réussi à convaincre un ancien patron, lors d’un stage, qui se demandait bien ce qu’il pourrait « faire de cette barbie ». « En fait, c’est ce genre de refléxions qui m’a encore plus motivée ».
Entourées de femmes
Les négociations avec les acheteurs, là aussi autre difficulté, « lorsqu’un commercial arrive et me précise qu’il veut parler au patron, il est toujours surpris quand je lui réponds "mais le patron c’est moi !" », rapporte la jeune femme de 24 ans.
« Désormais les gens me connaissent, donc c’est bon. Mais c’était inconcevable, à l’époque de ma mère, que ce soit une femme qui commande du matériel ou achète ou vende une vache, relate Hélène Doussot. Heureusement depuis dix ans, cela a beaucoup changé ! »
Et il est vrai que le secteur se féminise de plus en plus, notamment dans les professions paragricoles. «Vétérinaire, comptable, inséminatrice... ce sont toutes des femmes ! », constate ainsi ravie Hélène Doussot.
« Ma vétérinaire a mon gabarit, complète Anne-Sophie Gauthier, mais elle réussit bien mieux que les hommes certaines manipulations réputées difficiles ».
Le secret de toutes ces femmes ? « Plus consciencieuses, plus sérieuses, mieux organisées, plus sensibles », répond Sophie Ducard. « On voit ce que les hommes ne voient pas, quand on commence un travail, on le fait correctement jusqu’au bout, pour ne plus avoir à y revenir », complète sa nièce Manon.
Être à l’écoute des animaux, veiller au dialogue avec les associés, rechercher l’échange avec les intervenants extérieurs, avec les confrères et consoeurs, sont là aussi les secrets de ces agricultrices.
« J’aimerais d’ailleurs rapidement trouver le temps de rejoindre un groupe d’agricultrices, souligne Sophie Ducard, échanger sur les expériences et les méthodes de travail, c’est toujours très intéressant ».
Et elles encouragent l’installation de consoeurs : « Il ne faut pas baisser les bras, insiste Hélène Doussot, et il faut savoir bien s’entourer pour être bien conseillée ».
Même si elles ne s’accordent toutes qu’une seule semaine de vacances par an, pour Sophie Ducard tout est une question d’organisation, car il est important de s’accorder des moments pour ne pas s’enfermer dans le travail et trouver un confort de vie.
De la motivation à revendre on vous dit !