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Changement climatique

Quel impact sur les grandes cultures ?

Les instituts techniques ont présenté les conséquences du changement
climatique sur les grandes cultures en France, lors d’un colloque
organisé par Arvalis (institut du végétal), le 14 octobre. Les
betteraves semblent être les plus avantagées. Le bilan est plus mitigé
pour les autres cultures.
Par Publié par Cédric Michelin
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« L’évolution du climat a un effet positif sur les rendements des betteraves sucrières », a déclaré Fabienne Maupas, agronome à l’Institut technique de la betterave (ITB), lors d’un colloque organisé par Arvalis (Institut technique du végétal) à Paris, le 14 octobre. Ce rendement est en progression d’environ 2 % chaque année. Néanmoins, l’agronome précise : « Le climat à lui seul est responsable de la moitié de l’augmentation du rendement ». De fait, en trente ans, la date de semis s’est décalée d’un mois plus tôt, ce qui bénéficie aux betteraviers. Par ailleurs, le rythme de développement foliaire permet de maximiser l’interception du rayonnement solaire au printemps. « Ce stade (de couverture des sols, ndlr) est atteint plus tôt », justifie Fabienne Maupas.

Maïs grain et orge d’hiver : stabilité voire déclin



« En maïs grain et en orge d’hiver, l’augmentation des rendements ralentit », explique Jean-Charles Deswarte, agrophysiologiste chez Arvalis. En blé tendre, 50 % du rendement sont liés au climat. Mais l’expert précise : « Il y a un ensemble d’éléments qu’on ne peut pas évaluer faute d’indicateurs ». Il cite par exemple le poids de la pollution sur les rendements. En maïs grain, Jean-Charles Deswarte met en cause le défaut d’irrigation dans le Sud-Ouest. « Le maïs grain bénéficie des températures car le cycle est plus long, mais les agriculteurs ne le valorisent pas », regrettent-ils.

Tournesol : effets climatiques mitigés



« On s’attend à moins de dégâts de gel et une avance de la floraison », souligne André Merrien, directeur des études de Terres Inovia (instituts techniques des oléo-protéagineux). Le colza, culture d’hiver, devrait en ce sens bénéficier du changement climatique. Néanmoins, le spécialiste liste aussi des points de vigilance. La phase d’implantation du colza est fondamentale. « Il faut faire attention aux conditions de sécheresse à l’automne », explique-t-il. Par ailleurs, les vols de grosses altises (insectes ravageurs du colza) ont lieu habituellement une fois par an à l’automne. Avec le radoucissement des températures, les experts craignent qu’un deuxième vol de ces insectes ravageurs ne se systématise au printemps.

À moyen-long terme



En betteraves, le scénario est très positif. Mais les axes de recherches pour adapter la culture de la betterave aux nouvelles conditions climatiques ne manquent pas. Les travaux portent notamment sur le contexte pathogène influencé par les changements climatiques. Par ailleurs, Fabienne Maupas soulève d’autres problèmes : « Si l’automne est plus doux, nous aurons un problème de conservation en silos des betteraves. L’utilisation de produits désherbants est peu ou pas efficace par temps chaud et sec. Nous réfléchissons au désherbage mécanique ».

En blé tendre, Jean-Charles Deswarte préconise des actions sur trois leviers pour améliorer les rendements : la génétique (tolérance aux stress), l’agronomie (fertilisation, irrigation), l’approche systémique (diversifier les variétés pour éclater les risques de perte de récolte). À long terme, les spécialistes se penchent sur la recherche de variétés plus précoces car « le blé tendre n’aime pas les coups de chaud en fin de cycle ». En maïs grain, le principal changement porte sur les régions de production. Ainsi, le nord de la France devrait voir son potentiel de production de maïs-grain augmenter. S’agissant des oléoprotéagineux, les travaux sur le tournesol portent sur le phénotypage et la sélection d’individus plus adaptés.