Filière équine française
Quelle filière à l'horizon 2030 ?
Afin d’aider les professionnels de la filière équine à se préparer aux
évolutions à venir, mais aussi pour améliorer l’offre de services, de
connaissances et d’innovations, l’Inra et l’IFCE (Institut français du
cheval et de l'équitation) se sont associés pour travailler sur les
perspectives d’évolution à l'horizon 2030 de la filière équine.
évolutions à venir, mais aussi pour améliorer l’offre de services, de
connaissances et d’innovations, l’Inra et l’IFCE (Institut français du
cheval et de l'équitation) se sont associés pour travailler sur les
perspectives d’évolution à l'horizon 2030 de la filière équine.
L’équitation de loisir connait un engouement croissant et le secteur des courses bénéficie d’un fort intérêt de la population pour les paris hippiques. Dans ce contexte dynamique, l’ouverture des paris en ligne, le relèvement de la TVA, la diminution des subventions de l’État, mais aussi le développement de la concurrence internationale sur les marchés du cheval de sport font peser des incertitudes sur l’avenir et sur la poursuite des tendances actuelles. Ces interrogations sur l’avenir s’ajoutent aux nombreux enjeux auxquels la filière française est déjà confrontée tels que la pérennisation des emplois, la production de chevaux en adéquation avec la demande, mais aussi le maintien de la diversité des races et de leur présence dans certains territoires, la préservation du bien-être animal, la pérennité de la contribution du cheval au maintien de l’agriculture et du tissu social et culturel, etc.
Un article (en téléchargement sur Agri71.fr) en présente les premières réflexions prospectives du groupe, tandis qu’un colloque de restitution en présentera, le 2 octobre 2012 à Paris, les conclusions.
Les stratégies côté producteurs
Côté producteurs de chevaux, l'organisation de stratégie livre déjà quelques pistes. La reproduction et l’élevage des chevaux sont assurés par une grande diversité d’acteurs ou d’entreprises, rarement spécialisés dans cette activité. Les revenus de l’élevage équin ne représentent en moyenne que 10% de la totalité des revenus de ces structures, et proviennent pour près de 80% d’autres activités. Pour la plupart, faire naître un poulain est donc un plaisir avant d’être une source de revenu, même si les disparités sont grandes entre propriétaires d’une jument, mise à la reproduction lors de sa fin de carrière sportive, et éleveurs organisés, assurant la reproduction d’une douzaine de juments. Cette diversité d’objectifs et d’acteurs rend difficile l’élaboration collective d’une stratégie efficace de production adaptée à la demande des utilisateurs. On peut néanmoins noter que, à petite échelle, quelques races locales de chevaux, dédiés à des disciplines émergentes comme l’endurance, ou dédiées aux loisirs, ont déjà opté pour une offre en réponse à la demande.
Les éleveurs de chevaux de course sont structurés (autour de la Société pour l’élevage du Cheval Français pour le trot et de France Galop pour le galop) et spécialisés. Dans le cas du sous-segment « trot », la spécialisation peut être renforcée par l’intégration verticale de l’ensemble des activités liées aux courses ; les éleveurs participent ainsi à l’exploitation de leurs chevaux en courses et en sont même parfois les drivers.
La production de viande est également très organisée autour de son interprofession Interbev Equins, mais elle répond essentiellement à un marché exportation, vers l’Italie en forte récession et très concurrentiel (FranceAgriMer, 2010). Compte tenu de la précarité du débouché et de la spécialisation
« chevaux de trait » des élevages qui ciblent ce marché, quel sera le comportement des éleveurs dans les années à venir ? Continueront-ils à élever pour leur plaisir ? Le montant des subventions d’Etat au titre de la préservation de la biodiversité, s’il est maintenu, peut-il à lui seul permettre la poursuite de
l’activité ?
L’élevage de chevaux de selle se positionne différemment. Peu structuré, il peut être considéré comme spécialisé par ses objectifs mais non par ses débouchés réels. Ainsi le déséquilibre est majeur entre les objectifs de production, à 80% orientés vers le haut niveau sportif qui ne représente que 5% des chevaux en activité, et la demande des cavaliers « consommateurs » au travers de l’équitation d’extérieur, de l’enseignement, de la compétition niveau club ou amateur, qui représentent 85% de la demande. Ainsi la définition du type de cheval produit et le choix du marché auquel il s’adresse, ne sont pas forcément des réponses à une demande mais relèvent d’objectifs personnels directement liés à la motivation de l’éleveur. En conséquence, les évolutions observées dans la stratégie de production ces 20 dernières années sont minces au regard des évolutions tant contextuelles, comme l’arrêt de l’étalonnage public et l’ouverture des frontières, que technologiques, comme l’insémination artificielle, le diagnostic de gestation, le transfert d’embryon, la traçabilité sanitaire, le suivi de l’entrainement, la sélection des animaux et la caractérisation des performances.
Une opportunité à saisir
Les acteurs de terrain saisiront-ils l’opportunité de s’organiser afin de devenir des prestataires au service des amateurs ? La structuration par les associations de race ne permet pas aujourd’hui une mise en relation efficace avec la demande des utilisateurs. Si la passion peut certainement survivre sans se préoccuper du marché, combien de temps encore pourra-t-elle ignorer la pression de concurrents étrangers attentifs aux attentes des usagers ? La menace est bien réelle compte tenu de la tendance à l’augmentation des importations, tant en nombre d’animaux qu’en chiffre d’affaires ; plus de 10.000
chevaux ont été importés en 2010 (sur 60.000 chevaux achetés par des acquéreurs en France la même année) contre moins de 4.000 en 2000, soit une augmentation de +176% en 10 ans (Annuaire Ecus, 2011). Les producteurs vont-ils réussir à organiser la production pour répondre à la fois aux besoins d’un marché devenu international et aux rêves de produire un champion ? Quel sera l’impact du contexte économique et de la pression foncière sur cette production ?, s'interrogent les auteurs de l'étude.
La question de la transformation des chevaux en produits qui répondent à la demande des usagers renvoie à l’évolution des systèmes d’élevage. La filière semble peu préparée et peu intéressée par les possibles évolutions technologiques en matière de traçabilité sanitaire, de suivi de l’entrainement, d’amélioration génétique, de caractérisation des performances, etc., qui permettront d’apporter de meilleures garanties aux acheteurs et utilisateurs.
Alors que le manque de transparence de la commercialisation des chevaux est régulièrement dénoncé et qu’il incite de plus en plus les clients à se reporter sur des vendeurs étrangers, des initiatives se développent pour améliorer la qualité des transactions. Sont-elles le signe d’une évolution en cours ou resteront-elles des initiatives marginales ? Ces projets auront-ils un impact fort sur la relation de confiance entre éleveurs et acheteurs, sur la réputation des élevages français aussi bien pour les acheteurs français qu’étrangers ? Cette relation de confiance permettra-t-elle d’intégrer, dans les
attentes des clients et dans les transactions, le fait que le cheval est un être vivant avant d’être un bien de consommation ?
Un article (en téléchargement sur Agri71.fr) en présente les premières réflexions prospectives du groupe, tandis qu’un colloque de restitution en présentera, le 2 octobre 2012 à Paris, les conclusions.
Les stratégies côté producteurs
Côté producteurs de chevaux, l'organisation de stratégie livre déjà quelques pistes. La reproduction et l’élevage des chevaux sont assurés par une grande diversité d’acteurs ou d’entreprises, rarement spécialisés dans cette activité. Les revenus de l’élevage équin ne représentent en moyenne que 10% de la totalité des revenus de ces structures, et proviennent pour près de 80% d’autres activités. Pour la plupart, faire naître un poulain est donc un plaisir avant d’être une source de revenu, même si les disparités sont grandes entre propriétaires d’une jument, mise à la reproduction lors de sa fin de carrière sportive, et éleveurs organisés, assurant la reproduction d’une douzaine de juments. Cette diversité d’objectifs et d’acteurs rend difficile l’élaboration collective d’une stratégie efficace de production adaptée à la demande des utilisateurs. On peut néanmoins noter que, à petite échelle, quelques races locales de chevaux, dédiés à des disciplines émergentes comme l’endurance, ou dédiées aux loisirs, ont déjà opté pour une offre en réponse à la demande.
Les éleveurs de chevaux de course sont structurés (autour de la Société pour l’élevage du Cheval Français pour le trot et de France Galop pour le galop) et spécialisés. Dans le cas du sous-segment « trot », la spécialisation peut être renforcée par l’intégration verticale de l’ensemble des activités liées aux courses ; les éleveurs participent ainsi à l’exploitation de leurs chevaux en courses et en sont même parfois les drivers.
La production de viande est également très organisée autour de son interprofession Interbev Equins, mais elle répond essentiellement à un marché exportation, vers l’Italie en forte récession et très concurrentiel (FranceAgriMer, 2010). Compte tenu de la précarité du débouché et de la spécialisation
« chevaux de trait » des élevages qui ciblent ce marché, quel sera le comportement des éleveurs dans les années à venir ? Continueront-ils à élever pour leur plaisir ? Le montant des subventions d’Etat au titre de la préservation de la biodiversité, s’il est maintenu, peut-il à lui seul permettre la poursuite de
l’activité ?
L’élevage de chevaux de selle se positionne différemment. Peu structuré, il peut être considéré comme spécialisé par ses objectifs mais non par ses débouchés réels. Ainsi le déséquilibre est majeur entre les objectifs de production, à 80% orientés vers le haut niveau sportif qui ne représente que 5% des chevaux en activité, et la demande des cavaliers « consommateurs » au travers de l’équitation d’extérieur, de l’enseignement, de la compétition niveau club ou amateur, qui représentent 85% de la demande. Ainsi la définition du type de cheval produit et le choix du marché auquel il s’adresse, ne sont pas forcément des réponses à une demande mais relèvent d’objectifs personnels directement liés à la motivation de l’éleveur. En conséquence, les évolutions observées dans la stratégie de production ces 20 dernières années sont minces au regard des évolutions tant contextuelles, comme l’arrêt de l’étalonnage public et l’ouverture des frontières, que technologiques, comme l’insémination artificielle, le diagnostic de gestation, le transfert d’embryon, la traçabilité sanitaire, le suivi de l’entrainement, la sélection des animaux et la caractérisation des performances.
Une opportunité à saisir
Les acteurs de terrain saisiront-ils l’opportunité de s’organiser afin de devenir des prestataires au service des amateurs ? La structuration par les associations de race ne permet pas aujourd’hui une mise en relation efficace avec la demande des utilisateurs. Si la passion peut certainement survivre sans se préoccuper du marché, combien de temps encore pourra-t-elle ignorer la pression de concurrents étrangers attentifs aux attentes des usagers ? La menace est bien réelle compte tenu de la tendance à l’augmentation des importations, tant en nombre d’animaux qu’en chiffre d’affaires ; plus de 10.000
chevaux ont été importés en 2010 (sur 60.000 chevaux achetés par des acquéreurs en France la même année) contre moins de 4.000 en 2000, soit une augmentation de +176% en 10 ans (Annuaire Ecus, 2011). Les producteurs vont-ils réussir à organiser la production pour répondre à la fois aux besoins d’un marché devenu international et aux rêves de produire un champion ? Quel sera l’impact du contexte économique et de la pression foncière sur cette production ?, s'interrogent les auteurs de l'étude.
La question de la transformation des chevaux en produits qui répondent à la demande des usagers renvoie à l’évolution des systèmes d’élevage. La filière semble peu préparée et peu intéressée par les possibles évolutions technologiques en matière de traçabilité sanitaire, de suivi de l’entrainement, d’amélioration génétique, de caractérisation des performances, etc., qui permettront d’apporter de meilleures garanties aux acheteurs et utilisateurs.
Alors que le manque de transparence de la commercialisation des chevaux est régulièrement dénoncé et qu’il incite de plus en plus les clients à se reporter sur des vendeurs étrangers, des initiatives se développent pour améliorer la qualité des transactions. Sont-elles le signe d’une évolution en cours ou resteront-elles des initiatives marginales ? Ces projets auront-ils un impact fort sur la relation de confiance entre éleveurs et acheteurs, sur la réputation des élevages français aussi bien pour les acheteurs français qu’étrangers ? Cette relation de confiance permettra-t-elle d’intégrer, dans les
attentes des clients et dans les transactions, le fait que le cheval est un être vivant avant d’être un bien de consommation ?