Pertes de récoltes
Quelle stratégie d’adaptation ?
Les pertes de récoltes successives interrogent. Comment s’adapter
techniquement sur son exploitation ? La chambre d’agriculture de
Saône-et-Loire avance des “pistes” pour aider les viticulteurs à
repenser leurs stratégies, sans impacter la qualité des vins. Alors :
quadrature du cercle ou objectif raisonnable ?
techniquement sur son exploitation ? La chambre d’agriculture de
Saône-et-Loire avance des “pistes” pour aider les viticulteurs à
repenser leurs stratégies, sans impacter la qualité des vins. Alors :
quadrature du cercle ou objectif raisonnable ?
Que de changement en une décennie ! « Début 2000, les excès de rendements étaient clairement dans le collimateur de la profession qui avait fait de leurs maîtrises une priorité professionnelle (cahier des charges des ODG, suivi parcellaire par les coopératives…) dans un objectif de qualité », rappelait en introduction Didier Sauvage. L’image et la notoriété des vins de Bourgogne s’en sont trouvées grandies, tout comme la qualité globale et les cours et marchés.
« Vivre avec » le dépérissement
Mais depuis, le ciel n’a pas épargné les vignerons du département. A côté de ces accidents climatiques (à répétition), les maladies de dépérissement sont apparues ; principalement les maladies du bois. Et, au vu des avancées des recherches, il faudra « vivre avec » un temps certains encore. D’autres interrogations, comme sur le porte greffe 161-49C, sont également à noter (réunion le 28 janvier matin à Buxy, à 10 heures à la cave coopérative).
Au final, « aujourd’hui, le vignoble change de physionomie : les taux de mortalité sont élevés, résultat, le cout d’entretien est doublé. Sur le réseau départemental de parcelles de surveillance biologique du territoire, on arrive chaque année à 4 % de ceps atteints par des maladies du bois, dont 2 % sont morts ». Autant de manquants qui nécessitent des investissements (complantation, plantation) avec souvent des reprises « difficiles » et un temps de mise en production de 2-3 ans.
20 % de ceps improductifs
Ajoutées les unes aux autres, les exploitations sont acculées financièrement. « On peut raisonnablement estimer que, même si les efforts de remplacements sont faits, 20 % des ceps ne sont pas ou sont trop peu productifs ». A mettre en perspective avec les 25 % de pertes de récoltes 2013 sur l’ensemble du département. La chambre estime que la « phase de sensibilité aigüe du vignoble (aux maladies, NDLR) se situe globalement entre 20 et 30 ans d’âge » pour les pieds de vigne.
Mais le responsable du service Vigne & Vin se voulait positif et constructif. « Nous avons plusieurs cordes à notre arc pour nous adapter », « contrebalancer l’expansion des maladies et compenser la perte de potentiel, sans brader la qualité ».
Produire plus au bon moment
Première hypothèse, sur le long terme, les techniciens préconisent « d’adapter le vignoble en anticipant cette phase critique ». Le principal choix s’opère alors sur le matériel végétal. Le service Vigne & Vin note d’ores et déjà une hausse de demande de matériel plus productif ces deux dernières années. Le porte greffe joue également avec ses interactions sol et clones. Entre clones qualitatifs et productifs, l’éventail des choix est large à condition toujours d’adapter les itinéraires techniques derrière. L’installation du vignoble et la formation des ceps font le reste.
Cela passe au départ par la maîtrise des rendements pour avoir le plein de raisins pendant la phase sensible. Une stratégie qui n’est pas sans incertitude certes puisqu’on ne connait pas le contexte dans 20 ans (réchauffement climatique, bio agresseurs, nouvelles variétés de vigne..).
Accélérer le renouvellement
Côté fertilité du sol, là aussi, la décision initiale conditionne l’avenir à long terme. Au moment d’une nouvelle plantation, il est bon de « remettre les compteurs à zéro » pour favoriser l’implantation et son futur : ce qui passe évidemment par le fait de bien préparer le sol et ce, dans de bonnes conditions. Derrière, adapter la formation de la souche pour faciliter le flux de sève.
Une autre stratégie pourrait également faire son apparition en Bourgogne. « Certains vignerons se posent la question économique de renouveler “à la champenoise” tous les 30 ans, au lieu des 50-60 ans habituels. Après, il faut pouvoir supporter ces coûts importants mais cela éviterait l’impact des manquants. Il faut faire le calcul et dire adieu à la mention “vieilles vignes” sur les étiquettes ». Des décisions lourdes et engageantes sur le long terme donc…
Quels leviers aujourd’hui ?
Au delà de ces solutions de fonds, des solutions à plus court terme peuvent toujours être mobilisées. Elles présentent l’intérêt d’être plus réactives et surtout réversibles : jouer sur la taille (arcure, guyot à plat et cordon), sur la fertilisation (feuillage sans carences sévères)... qui offrent des marges de manœuvre pour augmenter les rendements. « Quand je me ballade dans les vignes, je vois que cela a déjà tendance à s’allonger ! Il faut néanmoins veiller à bien maîtriser pour éviter des dérives de qualité. Idem sur les hauteur de rognage et d’effeuillage », mettait en garde Didier Sauvage.
D’ailleurs sur la fertilisation, en plus d’entretenir la matière organique et d’utiliser le pilotage magnésique et potassium classique, la fertilisation azotée peut être actionnée pour augmenter les rendements tout en faisant « attention à la maîtrise globale (concurrence…) ou encore le risque botrytis ». Gare aussi aux situations trop concurrentielles par un enherbement inadapté par exemple ou suite à une reprise « trop brutale » des travaux à façons mécaniques sur une parcelle traitée dans le passé avec des herbicides.
« Nous réfléchissons à un cycle d’expérimentations pour vous donner des références et des données pour comparer », concluait Didier Sauvage. Pour tous, « la maîtrise agronomique du rendement doit s’entendre dans ses deux dimensions : en évitant les excès soit de rendements trop forts soit de rendements trop faibles ».
« Vivre avec » le dépérissement
Mais depuis, le ciel n’a pas épargné les vignerons du département. A côté de ces accidents climatiques (à répétition), les maladies de dépérissement sont apparues ; principalement les maladies du bois. Et, au vu des avancées des recherches, il faudra « vivre avec » un temps certains encore. D’autres interrogations, comme sur le porte greffe 161-49C, sont également à noter (réunion le 28 janvier matin à Buxy, à 10 heures à la cave coopérative).
Au final, « aujourd’hui, le vignoble change de physionomie : les taux de mortalité sont élevés, résultat, le cout d’entretien est doublé. Sur le réseau départemental de parcelles de surveillance biologique du territoire, on arrive chaque année à 4 % de ceps atteints par des maladies du bois, dont 2 % sont morts ». Autant de manquants qui nécessitent des investissements (complantation, plantation) avec souvent des reprises « difficiles » et un temps de mise en production de 2-3 ans.
20 % de ceps improductifs
Ajoutées les unes aux autres, les exploitations sont acculées financièrement. « On peut raisonnablement estimer que, même si les efforts de remplacements sont faits, 20 % des ceps ne sont pas ou sont trop peu productifs ». A mettre en perspective avec les 25 % de pertes de récoltes 2013 sur l’ensemble du département. La chambre estime que la « phase de sensibilité aigüe du vignoble (aux maladies, NDLR) se situe globalement entre 20 et 30 ans d’âge » pour les pieds de vigne.
Mais le responsable du service Vigne & Vin se voulait positif et constructif. « Nous avons plusieurs cordes à notre arc pour nous adapter », « contrebalancer l’expansion des maladies et compenser la perte de potentiel, sans brader la qualité ».
Produire plus au bon moment
Première hypothèse, sur le long terme, les techniciens préconisent « d’adapter le vignoble en anticipant cette phase critique ». Le principal choix s’opère alors sur le matériel végétal. Le service Vigne & Vin note d’ores et déjà une hausse de demande de matériel plus productif ces deux dernières années. Le porte greffe joue également avec ses interactions sol et clones. Entre clones qualitatifs et productifs, l’éventail des choix est large à condition toujours d’adapter les itinéraires techniques derrière. L’installation du vignoble et la formation des ceps font le reste.
Cela passe au départ par la maîtrise des rendements pour avoir le plein de raisins pendant la phase sensible. Une stratégie qui n’est pas sans incertitude certes puisqu’on ne connait pas le contexte dans 20 ans (réchauffement climatique, bio agresseurs, nouvelles variétés de vigne..).
Accélérer le renouvellement
Côté fertilité du sol, là aussi, la décision initiale conditionne l’avenir à long terme. Au moment d’une nouvelle plantation, il est bon de « remettre les compteurs à zéro » pour favoriser l’implantation et son futur : ce qui passe évidemment par le fait de bien préparer le sol et ce, dans de bonnes conditions. Derrière, adapter la formation de la souche pour faciliter le flux de sève.
Une autre stratégie pourrait également faire son apparition en Bourgogne. « Certains vignerons se posent la question économique de renouveler “à la champenoise” tous les 30 ans, au lieu des 50-60 ans habituels. Après, il faut pouvoir supporter ces coûts importants mais cela éviterait l’impact des manquants. Il faut faire le calcul et dire adieu à la mention “vieilles vignes” sur les étiquettes ». Des décisions lourdes et engageantes sur le long terme donc…
Quels leviers aujourd’hui ?
Au delà de ces solutions de fonds, des solutions à plus court terme peuvent toujours être mobilisées. Elles présentent l’intérêt d’être plus réactives et surtout réversibles : jouer sur la taille (arcure, guyot à plat et cordon), sur la fertilisation (feuillage sans carences sévères)... qui offrent des marges de manœuvre pour augmenter les rendements. « Quand je me ballade dans les vignes, je vois que cela a déjà tendance à s’allonger ! Il faut néanmoins veiller à bien maîtriser pour éviter des dérives de qualité. Idem sur les hauteur de rognage et d’effeuillage », mettait en garde Didier Sauvage.
D’ailleurs sur la fertilisation, en plus d’entretenir la matière organique et d’utiliser le pilotage magnésique et potassium classique, la fertilisation azotée peut être actionnée pour augmenter les rendements tout en faisant « attention à la maîtrise globale (concurrence…) ou encore le risque botrytis ». Gare aussi aux situations trop concurrentielles par un enherbement inadapté par exemple ou suite à une reprise « trop brutale » des travaux à façons mécaniques sur une parcelle traitée dans le passé avec des herbicides.
« Nous réfléchissons à un cycle d’expérimentations pour vous donner des références et des données pour comparer », concluait Didier Sauvage. Pour tous, « la maîtrise agronomique du rendement doit s’entendre dans ses deux dimensions : en évitant les excès soit de rendements trop forts soit de rendements trop faibles ».