Quelles stratégies de lutte adopter ?
prépondérante. Contre le phomopsis, la tolérance variétale est
aujourd’hui largement employée mais elle n’est pas toujours suffisante.
Contre le phoma, la lutte repose en revanche sur quelques leviers
agronomiques et des fongicides à larges spectres.
La tolérance variétale, élément clé contre le phomopsis
Pour se prémunir de cette maladie, la tolérance variétale constitue un moyen de lutte efficace. Pour nos régions des variétés dites « résistantes » (R), très peu sensibles (TPS) et peu sensibles (PS) sont disponibles. Les variétés R et TPS sont à privilégier. Dans les secteurs où des attaques significatives ont été enregistrées dans le passé, un traitement fongicide au stade limite passage tracteur peut être nécessaire sur les variétés PS, dans les parcelles favorables au phomopsis, c’est-à-dire dans toutes les situations pouvant favoriser l’exubérance végétative (sols profonds, ou bien sols moyennement profonds avec soit un peuplement très fort – plus de 65.000 pieds levés , soit des reliquats azotés élevés au semis ou bien des apports de fertilisation organique, soit des semis précoces ou très précoces). 10% de plantes avec une tache encerclante sur tige suffisent à faire perdre 1 à 3 q/ha et 1 point d’huile.
Limiter la pression phoma par l’agronomie
Contre le phoma, le choix variétal ne permet pas à ce jour de lutter contre cette maladie, malgré quelques différences de comportement face aux symptômes sur tiges. Des mesures agronomiques peuvent cependant limiter sa nuisibilité.
L’apport d’azote doit être ajusté aux besoins de la culture. Une trop forte disponibilité en azote favorise les attaques de phoma sur tiges et va accélérer le dessèchement précoce de la plante en cas de stress hydrique.
Dans les parcelles irrigables, où le risque phoma est important, une irrigation fin-floraison peut contribuer à limiter le dessèchement précoce en maintenant le flux transpiratoire des plantes pendant le remplissage des graines.
Etendu à l’échelle d’un secteur de production, l’enfouissement des cannes de tournesol par broyage et déchaumage peut également limiter la pression du phoma l’année suivante.
La protection fongicide : un levier à envisager
La nuisibilité du phoma est réelle mais difficile à évaluer. Les taches noires sont le plus souvent superficielles. Indépendantes, elles ne sont pas nuisibles, mais le deviennent lorsqu’elles se rejoignent entre elles en bas de tige. Les pertes de rendement sont alors estimées à 0,5q/ha par tranche de 10% de plantes atteintes. Une autre forme de phoma, qui sévit au collet des plantes, accuse une nuisibilité plus marquée : elle est de l’ordre de 1 ,6q/ha par tranche de 10% de plantes présentant un dessèchement et une nécrose d’au moins ¾ de la section de la tige. Dans une synthèse de 19 essais de 2005 à 2012 en présence de phoma mais sans phomopsis, l’écart de rendement entre parcelle protégée et témoin non traité est apparu significatif dans 12 essais. (+2,6 q/ha). Les situations à fort potentiel où le stress hydrique est apparu à la mi-floraison ont montré les écarts les plus importants. En dehors de ces essais on a même enregistré dans des parcelles agriculteurs des gains de rendement supérieurs à 5q/ha.
Pour la campagne 2013, les deux produits pouvant être utilisés sont l’ORTIVA TOP (0,75l/ha) et FILAN SC/JETSET (0,4l/ha). Ils sont homologués à la fois sur phoma et phomopsis. L’application du fongicide en préventif est réalisé au stade limite passage tracteur soit une hauteur de végétation de 55 à 60 cm. Cette application peut être couplée avec l’apport de bore.
En effet le bore est un élément essentiel pour cette culture. Les besoins pour le tournesol sont très élevés puisque pour un objectif de 35q la plante va en consommer 400g/ha dont 20% sont exportés. 80% du bore total nécessaire au tournesol est absorbé entre le stade 5 feuilles et la floraison. L’absorption est étroitement liée à l’état hydrique du sol sachant que dans le sol les quantités disponibles pour la plante (bore extractible) sont très faibles. Cette année ne devrait pas être problématique à moins d’un changement radical de climat et l’arrivée de très fortes températures juste avant la floraison.
En cas de fortes carences, les pertes peuvent être conséquentes. Elles ont été chiffrées entre 5 et 10q/ha et une baisse de 4 à 5 points d’huile.