Quelques corrections à effectuer
Loin de certaines années bien plus compliquées, force est de constater que le déséquilibre d’acidité aperçu ici ou là ne devrait pas être trop complexe à gérer pour les vignerons.
Œnologue conseil à Dracy-le-Fort, Eric Pilatte estime que ce millésime devrait rester dans les mémoires à plusieurs titres. « Nous avons eu un millésime chaud. La maturation a été bloquée par la canicule début août. Heureusement, il y a eu des pluies avec des volumes très variables d’un secteur à l’autre et, surtout, des nuits plus fraîches qui ont débloqué la maturité technologique et phénolique ». Côté pinot noir, Eric Pilatte précise que « la vigne a souffert de la canicule avec une véraison difficile à se terminer mi-août. Il y a deux semaines, les raisins étaient encore acides, manquaient de goût, présentaient des peaux épaisses et des pépins encore verts. Depuis, les arômes sont apparus dans les jus. La dégustation des pellicules a évolué et les pépins ont continué à mûrir. Il y a aujourd’hui, dans les secteurs précoces, un excellent équilibre sucre-acidité. Avec, en général, un bon niveau d’acide tartrique. Au niveau de l’acide malique, nous avons entre 1 et 2 grammes par litre sur les moûts, ce qui est très faible. Quant aux pH, ils se tiennent entre 3.10 et 3.30, avec certaines parcelles qui ont des pH très élevés, supérieurs à 3.40. Dans l’ensemble, au final, les équilibres sont très bons pour l’année même s’il peut y avoir des choses un peu déséquilibrées, avec des corrections d’acidité à effectuer avec parcimonie dans certains cas. »
Un très grand millésime
Soulignant « un état sanitaire parfait, du quasi jamais vu », il pense que « nous sommes partis pour avoir un très grand millésime en rouge comme en blanc. Mais il ne fallait sans doute pas partir trop tôt au niveau des vendanges ». Pour ce qui est des blancs, « nous avons des chardonnay très chargés, d’autre moins. Il y a de grosses différences de maturation, d’évolution gustative en fonction de la charge. Heureusement, il n’y a pas eu de pluie il y a deux semaines, contrairement à ce qui était prévu, Cela aurait entraîné une acidité trop faible et une dégradation de l’état sanitaire. Les raisins mûrs ont été ramassés entre 12° et 13.5°, ce qui reflète le très bon niveau de maturité du millésime. En rouge comme en blanc, même si les vignes ont souffert de la canicule, nous devrions avoir un millésime très aromatique et structuré qui n’a cependant rien à voir avec les excès du millésime de 2003. »
Des maturités parfois surprenantes
Jean-Luc Soty, œnologue responsable de l’antenne de Davayé, remarque que « l’on constate depuis plusieurs années des pH en hausse et une acidité totale en baisse, en partie liée au changement climatique ». 2018 ne déroge pas à la règle, sauf sur des secteurs comme Bray où demeure un bel équilibre à ce jour. « Il y a beaucoup d’hétérogénéité dans le vignoble, les vignes ayant réagi différemment au manque d’eau et aux fortes chaleurs estivales, ces dernières diminuant significativement les niveaux d’acide malique. Les degrés potentiels sont normalement élevés, sans être exceptionnels. Bien que légèrement moins acide, ce millésime se rapprocherait de celui de 2011. Devant des maturités parfois surprenantes, les contrôles avant récolte sont un élément très important pour l’organisation des chantiers de vendange. »