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Vins de Bourgogne

Quid de l’année 2012 ?

Mardi 11 octobre à Chorey-les-Beaune, l’Interprofession des vins de
Bourgogne (BIVB) tenait sa "traditionnelle" communication d’après
vendanges. L’année 2010 s’est montrée rassurante ; le millésime 2011
s’annonce qualitatif en blancs et faible en volume en rouges. Bon pour le
commerce ? Pas si sûr. Economiquement, 2012 semble incertain.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Notre souci reste l’export vers le marché anglais, avec une "TVA" en hausse, des taxes sur le vin et le cours de la livre sterling ». Le président du BIVB, Michel Baldassini ne le cache pas : le marché des bourgognes est certes toujours équilibré entre consommation intérieure et export mais la crise financière en Europe (et en occident en règle générale, ndlr), risque de faire bouger les lignes économiques des marchés vinicoles.
Pour preuve, sur les sept premiers mois de l’exercice 2010, les vins de Bourgogne en Angleterre ont fait -16 % en volume et -10 % en valeur. La Grande Bretagne repasse donc en seconde position des marchés bourguignons, détrônée (en raison du mariage de William et Kate ?) par les Etats-Unis d’Amérique (+25 % en volume et +40 % en valeur !). Une des faiblesses du marché anglais reste la prédominance du circuit de commercialisation des vins de Bourgogne qui est détenu majoritairement par la grande distribution (Tesco, Mark & Spencer, Waitrose, Sainsbury). « Du jour au lendemain, ces revendeurs peuvent faire le "yoyo". Si ils vous listent ou non, c’est à coup de commandes, allant de 400.000 à 500.000 bouteilles. Il faut en faire des allers-retours en Chine pour compenser », explique le viticulteur de la cave de Lugny.

Une Bourgogne renforcée



L’Asie émerge. Ce n’est plus un secret depuis que la Chine est le premier marché des bordelais. Président délégué du BIVB, Pierre-Henri Gagey a détaillé les circuits de distribution. « Après certes une année 2009 morose, nous vivons une deuxième année consécutive avec de bons chiffres économiques. 2010 se rapproche des records de 2006. C’est une satisfaction. La Bourgogne se renforce », synthétisait-il. En effet, la Bourgogne s’en sort mieux que d’autres régions viticoles (Loire, Beaujolais…).
La crise financière induit néanmoins une posture de « prudence ». Ces données économiques permettent tout de même une certaine « sérénité ». Surtout que « de nouveaux marchés s’ouvrent à nous », annonce le dirigeant de la maison Louis Jadot. Difficile pourtant de quantifier l’effet millésime 2009, « attendu » par les consommateurs et qui a certainement permis d’écouler des volumes avec des valeurs en hausse.
Surtout, « quid de l’année 2012 ? ». Il faudra observer le premier trimestre 2012 après les fêtes de fin d’année 2011. Le négociant beaunois reconnaissait qu’avec le « manque de lisibilité sur les mois à venir, cela risque de conditionner l’achat en vrac » du millésime 2011.

Stocks en baisse



Sur cet exercice, la chance de la Bourgogne se trouve également dans la "petite" récolte 2010. Les chiffres « favorables » sont donc à relativiser. « Les transactions sur les 12 derniers mois sont en haussent de 4 % par rapport aux chiffres 2009. Il y a pas mal de sorties propriétés sur ce millésime 2010, avec un stock qui baisse sensiblement (-9 % en volume par rapport à 2009) ». La campagne d’achat 2010 a été « équivalente » à celle de 2009.
2011 s’annonce lui comme un millésime « atypique » en raison des conditions climatiques. Après la sécheresse printanière digne de 1976, annonçant une forte précocité, le calendrier est redevenu quasi-normal avec un mois de juillet « très arrosé ». Les dates de début de vendanges ont été toutefois « difficiles à appréhender », véritable dilemme entre attente de la maturité optimale et risque de dégradation sanitaire. « Le mois de septembre a sauvé nos récoltes », souffle Michel Baldassini.

2011 : un millésime de vinificateur en rouge



La récolte 2011 se situerait aux environs des 1,5 million d’hectolitres. Une récolte « normale » qui cache pourtant quelques disparités. Les vins blancs (chablisien, mâconnais) ont fait le « plein », sont « excellents » d’un point de vue sanitaire pour donner « une grande année » qualitative, s’avançait Michel Baldassini. Les fermentations (FA et FML en cours) se sont « bien enclenchées » malgré « des températures élevées au départ qu’il a fallu maîtriser ».
Il n’en va pas de même pour la plupart des appellations rouges de Bourgogne. « L’altération (botrytis) des raisins de pinot noir a réduit les rendements. Le tri à la vigne et sur table aura permis de ne pas entacher la qualité des vins rouges ». La qualité des vinificateurs va aussi être prépondérante. Les volumes sont eux en baisse, notamment sur la Côte chalonnaise suite à l’épisode de grêle, dont l’épicentre fut à Rully.

Climats et œnotourisme en pointe



Dernière composante du "mix-marketing" du BIVB, Cécile Mathiaud expliquait le lancement de la nouvelle campagne de communication, « pour valoriser le côté exceptionnel de notre mosaïque de petites parcelles, permettant de rester aussi dans la thématique des climats ».
Le projet de "Maison du vin, de la gastronomie et du territoire", médiatisé par la venue samedi dernier du secrétaire d’Etat au tourisme, chargé donc de l’œnotourisme, Frédérique Lefebvres n’en est, pour l’heure, qu’aux « prémices de l’étude de faisabilité ». La réflexion porte sur la création d’un « lieu fédérateur », qui soit la « tête de réseau » renvoyant vers les nombreuses initiatives oenotouristiques en Bourgogne, « tout en remplissant un certains nombre de besoins exprimés par des visiteurs », notait André Ségala, directeur du BIVB. Enfin, des kits "Découvre ta Bourgogne" seront distribués aux écoles (par niveau d’enseignement). « Le vin n’est pas qu’un produit à boire, mais notre patrimoine et notre culture, que l’on doit transmettre », concluaient les professionnels.

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