Rassembler nos forces
agriculteurs de Saône-et-Loire abordait les prochaines élections chambre
d’agriculture. Dans un climat de confiance, mais aussi de volontarisme
réaffirmé.
Il faut dire que les enjeux sont de taille. Certes, cette année, le climat entre les organisations agricoles départementales est apaisé et tout concourt à une élection plus sereine. Pour autant, les enjeux sont nombreux et lourds de conséquences pour l’avenir de notre agriculture. Pendant les six ans passées, cette relation a permis un travail en profondeur, travail conduit en synergie avec l’ensemble des forces qui constituent l’agriculture départementale. Chacun pense à la dynamique positive née autour de l’étude prospective du bassin allaitant de Saône-et-Loire, ou encore celle développée dans le cadre de la démarche L’Avenir en confiance.
Aller de l’avant
« Nous avons connu une décennie difficile, toutes productions confondues », rappelait Yves Bonnot, président de la FDSEA. « Avec ces élections, nous avons des messages forts à passer à notre société, à nos élus, à nos voisins : l’agriculture est une chance pour nos territoires ruraux. Cessez de nous empiler des contraintes en tout genre ! Nous avons besoin de regagner de la compétitivité et faites confiance aux agriculteurs : nous avons naturellement le goût d’entreprendre ».
Et de fait, les JA comme la FDSEA inscrivent résolument leur action dans le cadre d’un syndicalisme de proximité, d’un syndicalisme de solutions, certes revendicatif, mais clairement volontariste et constructif. Il est basé sur « la complémentarité entre les organisations qu’elles soient à vocations économique, technique ou politique », comme le mettaient en exergue Bernard Lacour et David Cornier, secrétaires généraux de la FDSEA et des JA. « Nous serons forcément la cible de nos détracteurs du simple fait de notre travail réalisé au quotidien », poursuivait Bernard Lacour pour qui, « plus les centres de décision s’éloignent du terrain - ils sont à Paris, Bruxelles quand ce n’est pas ailleurs ! -, plus nous devons recentrer notre action au plus près du terrain. Dans de multiples dossiers, les solutions sont dans nos territoires. A nous d’en activer les leviers ! ».
Agir au local
Tout au long de l’après-midi, dans un rythme dynamique, les témoignages se succédaient, illustrant cette orientation. Louis Accary, pour l’aviculture, relatait les négociations tarifaires avec les GMS, le travail conduit sur la nécessité d’ancrer la production avicole, ici, en Saône-et-Loire. Emmanuel Buisset rappelait la dynamique mise en place avec Agathe, entre organisations économiques et syndicales, pour contrer le projet de Parc national zones humides en basse vallée du Doubs, la vigilance qui demeure de mise, mais aussi la fermeture de l’usine D’Aucy et la volonté déterminée des acteurs économiques du secteur « de réindustrialiser le site ». L’abattoir d’Autun est une autre illustration de cette volonté locale : Jean-Philippe Nivost plaidait pour le maintien d’outils de proximité, soulignant la dynamique qui a permis d’éviter le déclassement. « La mobilisation du territoire en est une donnée importante, c’est indiscutable. Tant dans les négociations avec les élus qu’avec SVA ». Luc Jeannin illustrait la capacité à changer le cours des choses avec le classement en zone de montagne du Massif d’Uchon, mais aussi dans des dossiers individuels, comme cela fut le cas pour une agricultrice qui n’avait pas coché une case sur TéléPac et perdait de ce fait plus de 30.000 € d’ICHN… « Nous avons désormais une rencontre régulière avec la DDT sur les dossiers litigieux. Ce dialogue porte ses fruits ».
L’expression du terrain
Parce que le réseau est attaché à « une politique en faveur de l’installation », Marie-Odile Morin rappelait la nécessité d’aider, au cœur des crises, celles et ceux qui sont le plus exposés. L’action conduite avec Pôle emploi a permis à près de 35 femmes d’éleveurs de la zone allaitante de trouver un emploi, permettant de faire face à des difficultés. « Ce n’est pas la solution, insistait-elle, mais une solution », laquelle peut s’appliquer dans les autres secteurs en crise, comme la viticulture. Sur le sujet, et en dépit de multiples pressions, l’Union viticole de Saône-et-Loire a choisi de descendre dans les rues pour alerter élus et pouvoirs publics sur « ce patrimoine culturel et économique qui se meurt dans l’indifférence générale ». Une allusion à l’Esca, mais aussi à la flavescence dorée, qui impactent violemment nombre d’exploitations.
David Cornier insistait sur l’action conduite pour contrer « le gaspillage du foncier agricole, la base de toutes activités agricoles », sur la refonte du dispositif à l’installation et sur la capacité d’agir collectivement.
Aller de l’avant
Chacun est bien conscient des difficultés et le ras-le-bol de la paperasserie, de la montée en puissance des normes et règles en tout genre exaspère. Et c’est peu dire ! Reste que les textes sont là et qu’à défaut de pouvoir les abolir, il faut faire avec ! Et le moins mal possible. C’est l’état d’esprit qui a dicté les négociations avec l’Onema et qui a permis d’aboutir à la charte "Zones humides et travaux hydrauliques ruraux".
Isabelle Guyon se félicitait des travaux sur la connaissance des coûts de production, mise en place dans la foulée de la réflexion sur l’avenir du bassin allaitant à l’initiative de la section bovine. Sandrine Meunier témoignait, quant à elle, des apports de la formation "Synergie 71", tant sur les outils, que sur son volet humain : « quelles que soient nos productions, les problématiques sont proches : nous exerçons tous le même métier ».
Agir plutôt que de subir
Il fut aussi question des retraites, au sujet desquelles « nous nous battons aussi pour vous les actifs », rappelait Paul Billonnet. Christian Bajard revenait sur le blocage des sites Bigard, il y a deux ans de cela, et la colère que la levée du blocage avait suscité, « mais nous avions mis en place les dispositifs qui ont permis, avec deux ans de recul, l’indispensable hausse des prix, avec l’exportation notamment ». Citant la Reconquête ovine, mais plus encore le bilan de santé de la Pac, Frédéric Renaud se félicitait de dynamique retrouvée du secteur ovin.
« L’agroalimentaire est en train de se concentrer, comme le fait l’agriculture dans certains territoires », mettait en garde Régis Dumey, alertant sur les zones vulnérables et les conséquences que ce dossier pourrait avoir sur la production laitière, dont la motivation des éleveurs est déjà mise à mal. « Nous devons plus que jamais faire converger les compétences de chacune de nos organisations pour cultiver un terreau fertile ». Et là se situe indéniablement un des enjeux majeurs de ces élections, complétait Bernard Lacour. « Nous ne sommes ni en Bretagne, ni dans le Jura, mais à mi-chemin, dans une région intermédiaire, les pieds dans la glaise. Nous avons des idées pour nos territoires et nous choisissons d’agir plutôt que de subir ».
La confiance renouvelée
David Bichet rappelait la confiance apportée tant par le conseil d’administration des JA que par celui de la FDSEA à Christian Decerle pour « conduire la liste FDSEA JA aux prochaines élections ». Le président des JA mettant en avant le travail conduit au cours des six dernières années et celui à venir, rappelant du même coup que, dans ces élections les égos des uns ou des autres ne pouvaient trouver leur place : « qu’importe les noms, pourvu que ce soit des gens qui avancent et qui agissent ».
Concluant l’après-midi, Christian Decerle insistait sur la nécessité pour la profession de « rassembler ses forces », dans un contexte de diminution du nombre des exploitants, de perte de pouvoir de notre profession… « L’heure n’est pas à éteindre la représentation politique de nos organisations, mais à la préserver, à bâtir de nouvelles alliances dans le souci d’une efficacité renouvelée en faveur du monde agricole ». Et parce qu’en Saône-et-Loire, « on a de sérieux atouts, il faut, en équipe, avoir une ambition pour notre profession et nos territoires ».
Confiance et responsabilité
« Deux mots dictent notre engagement : confiance et responsabilité ». Président des Jeunes agriculteurs, David Bichet a indéniablement marqué son auditoire, lui pour qui « il est plus facile de gueuler que de construire » et dont le choix est résolument « de construire, d’agir plutôt que de subir ». Alors, « oui, il y a des choses à changer, à améliorer, mais nous ne sommes pas seuls, isolés dans je ne sais quelle bulle. Notre challenge, celui de tout humain, est de se projeter dans l’avenir ». Et de poursuivre : « nos OPA ont pour ligne de mire de servir les paysans, mais il nous faut des agriculteurs qui s’engagent, qui s’investissent et pour cela nous devons donner des signes forts ! » Dans ce vote, « que chacun agisse en son âme et conscience, mais conscient des conséquences de son vote ».
L’ensemble de l’agriculture départementale
Les élections à la chambre d’agriculture ont lieu tous les six ans et ne concernent pas que les seuls agriculteurs. En effet, les 45 membres de la chambre d’agriculture représentent l’ensemble de l’agriculture départementale dans la diversité de ses composantes. Y siègent ainsi :
- 21 chefs d’exploitation ;
- 8 salariés ;
- 2 anciens exploitants ;
- 2 propriétaires ;
- 1 propriétaire forestier ;
- 1 représentant des Cuma ;
- 4 des coopératives ;
- 2 du Crédit agricole ;
- 1 de la MSA ;
- 1 de Groupama ;
- 2 des organisations syndicales.
Avec ceux des salariés de la production et des organisations agricoles, le collège n°1 des Chefs d’exploitations agricoles et assimilés et celui des anciens exploitants, le collège n° J, sont les deux collèges qui focaliseront l’attention. Ces derniers voyant plusieurs listes se confronter à cette occasion.