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Guy Basset

Réanne remonte à Paris !

Autrefois sélectionneur de Charolais, Guy Basset continue de cultiver sa passion des animaux en élevant des chevaux de race auxoise à Charmoy. Un passe-temps de retraité qui l’a pourtant conduit à remporter un titre national l’an dernier et qui le fera participer une nouvelle fois au concours général à Paris.
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Retraité depuis une dizaine d’années, Guy Basset élevait des charolaises à Charmoy. Lui qui a connu dans sa jeunesse la traction animale a toujours eu quelques chevaux sur l’exploitation. « Mes parents avaient une ferme de montagne. Nous avons conservé des chevaux pour le travail jusqu’au milieu des années soixante », se souvient Guy Basset. Ce n’est qu’en 2006 que l’ancien éleveur de bovins s’est véritablement lancé dans l’élevage de chevaux de race auxoise. C’est un autre éleveur de trait de la commune – Gilles Vailleau – qui l’a encouragé à acheter ses premières pouliches. « C’est une passion de retraité ! », reconnait volontiers Guy. Eleveur dans l’âme, cet homme de la terre ne se voyait pas partir en ville et avoue avoir toujours « bien aimé les chevaux ».
« Notre cheval auxois résulte d’un croisement entre une jumenterie locale et des étalons trait du nord », explique Guy Basset. « L’Auxois existait depuis longtemps en Côte-d’Or. En Saône-et-Loire, on parlait plutôt d’Ardennais. Aujourd’hui, notre cheval Auxois a fusionné avec l’Auxois de Côte-d’Or ».

Championne à Semur en 2012


La première participation de Guy à un concours a eu lieu dès 2006 à Blanzy. Avec ses deux jeunes pouliches, Guy remportait d’emblée un premier et un troisième prix. Depuis, l’éleveur de Charmoy a enchaîné les compétitions. L’an dernier, après avoir terminé vice-championne au concours national de Semur-en-Auxois 2011, sa jument accédait pour la première fois au concours général où elle remportait un troisième prix. Cette année, un premier prix à Lalheue puis à Blanzy l’ont conduite de nouveau à Semur où elle a été couronnée championne 2012. C’est ce titre qui lui vaut aujourd’hui d’être une nouvelle fois sélectionnée pour Paris. Agée de huit ans, la jument s’appelle Réanne. « Elle n’est pas trop lourde, mais a de très bons aplombs et se déplace très bien », commente Guy.

Le toilettage fait la différence !


En concours, les animaux sont présentés au licol, à la marche, au galot. « Le toilettage fait un peu la différence ! », confie l’éleveur. Il faut dire qu’en la matière, les passionnés de chevaux de trait sont de véritables orfèvres : tenue blanche avec cravate rouge pour le présentateur ; licol blanc avec mord obligatoire ; pattes avant ferrées pour Paris ; sabot noircis ; attaches de la crinière et de la queue « nattées à la laine ou au raphia »… Le rendu est magnifique, comme le sont d’ailleurs ces admirables chevaux de trait, si puissants, si majestueux ! Un spectacle toujours très apprécié du public.

Pourtant peu de débouchés


Paradoxalement, si le cheval de trait est toujours très prisé dans les fêtes champêtres ou les foires expositions, les éleveurs ont les plus grandes difficultés à écouler leurs produits, confie Guy. Les femelles trouvent encore preneurs pour l’élevage, mais les mâles se vendent mal. Le débouché viande a très fortement décliné en France où il n’y a quasiment plus aucun boucher chevalin, constate l’éleveur. Les poulains partent pour l’Italie à des cours insuffisants et l’Europe importerait de la viande chevaline d’Argentine, du Brésil ou de Pologne… Quant au débouché loisir, il s’est lui aussi effrité avec de moins en moins d’amateurs d’attelages ou autre. Le cheval de trait souffre aujourd’hui d’un manque de rentabilité, déplore Guy. Et la menace qui plane sur l’aide dont bénéficiaient les éleveurs de chevaux n’arrange rien.

Un poulain par an


Ce contexte peu porteur n’entame cependant pas l’enthousiasme de passionnés tels que Guy Basset. Tous les ans, l’éleveur fait saillir ses deux juments qui lui donnent chacune, avec une régularité étonnante, un poulain. Une belle productivité à l’image de la grand-mère de Réanne qui, à 18 ans d’âge, n’a loupé qu’une seule année de mise bas ! Pas dégouté des vêlages de nuit, l’ancien éleveur de charolaises se lève encore pour assister ses deux juments à pouliner. Les deux parturientes sont équipées de ceintures spécifiques qui déclenchent une sonnerie à la maison dès qu’elles sont à termes. En général, l’accouchement dure une demi-heure et le poulain qui pèse environ 85 kg est sur ses pattes au bout d’une heure. Comment un éleveur dans l’âme comme l’est Guy pourrait-il manquer de tels moments ?