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Union des producteurs de vins Mâcon (UPVM)

Rebattre les cartes

L’heure est pour les vins mâcon à la montée en gamme. Les producteurs
l’ont acté mercredi dernier en assemblée générale à Mâcon. La qualité
des vins mâcon et leur excellent rapport qualité/prix le permettent. A
l’avenir, la confiance doit primer. L’argument de vente doit passer d’un
discours alarmiste à celui d’une fierté collective qualitative. Une
belle opportunité de rebattre les cartes et renverser les hiérarchies
établies…
Par Publié par Cédric Michelin
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« Nous ne devons pas nous contenter de la seule communication locale ou nationale. L’ODG a pour mission de faire la promotion de l’appellation Mâcon dans le monde entier mais, nous n’en n’avons évidemment pas encore les moyens. Il nous faut donc cibler un ou deux pays », expliquait le président de l’Union des producteurs de vins Mâcon. Car, Jérôme Chevalier sait néanmoins que les comptes des exploitations ne sont pas tous au vert. La faute « au manque de volumes » produits ces dernières campagnes, non totalement compensés par les hausses des cours et prix. C’est aussi pourquoi les cotisations restent inchangées : 45 €/ha pour les mâcons blancs et 37,5 €/ha pour les rouges.
Avec toujours des fonds propres rassurants, la trésorière de l’UPVM, Isabelle Meunier pouvait donc annoncer au niveau des comptes un « retour à l’équilibre quasiment en 2013 », puisqu’il a fallu à l’ODG « redresser la barre après le déficit des Mâcon Wine Note ? », édition 2013, qui avait subi les caprices de la météo. Désormais, l’Union relance et « réfléchit à de nouvelles actions ».

Envahir les villes, restaurants et hôtels



En charge de la commission Communication, Franck Perraton listait donc les actions allant de la distinction Saint-Vincent des mâcons à la nouvelle opération avec le club Hôtelier de Mâcon. « L’objectif est de faire rentrer les vins Mâcon dans les hôtels restaurants, qui localement, n’en n’ont pas toujours à leurs cartes ». Être fort chez soi est toujours le meilleur moyen d’aller conquérir ensuite d’autres marchés. Les vins Mâcon continueront donc « d’envahir » les villes du département, à commencer par la ville préfecture, avec le prochain Macon Wine Note ? les 23 et 24 mai prochain.
Car derrière, la stratégie est claire et figure dans le plan interprofessionnel Amplitudes 2015 (voir encadré). Monter en gamme les vins de Bourgogne, à commencer par les appellations régionales. Les crémants de Bourgogne ont déjà communiqué sur leur démarche de premiumisation. Le syndicat des Bourgognes est également en ordre de marche. « La montée en gamme réussira si toute la profession est solidaire », affirmait volontaire Jérôme Chevalier.

Faibles volumes historiques



Pour resituer la récolte 2013, Michel Barraud revenait sur les volumes revendiqués en AOC mâcon : 121.000 hl par les coopératives, 55.000 hl en caves particulières ; 3.600 hl vendus en vendanges fraîches et 10.000 hl de moûts. Ce qui fait au total une diminution de 8 % en volume « par rapport à une année 2012 déjà basse » et sur une surface de 3.712 ha (-2 %). « Il faut remonter aux années 1990 ou à 2003 pour voir de tels chiffres ». D’ailleurs, seuls 828 hl du « fameux » VCI, volume complémentaire individuel (entre rendement max et butoir) ont pu se constituer. Bonne nouvelle, les Mâcon + nom de commune sont « en développement » (75.000 hl). A noter également, pour resituer la dynamique sur le long terme, les surfaces plantées en AOC mâcon depuis 1972 sont passées de 1.700 ha à 3.300 ha en blanc, « soit + 40 % en 40 ans ».
Justement, sur les conditions de production, Marc Sangoy parlait d’abord de leur gestion par l’ODG avec le bilan des droits de plantation accordés. Au total, 86 dossiers (contre 124 l’an dernier) pour 31,31 ha –stables– ont pu être satisfaits.

Rester vigilants sur la flavescence dorée



L’ex-président de l’UPVM et actuel de la CAVB, Jean-Michel Aubinel en profitait pour parler de l’évolution politique des droits de plantation. « Au conseil de bassin, et après avoir rencontré le négoce et les représentants du Beaujolais, la position commune se résume par une demande potentielle d’évolution d’1 % au minimum en Bourgogne avec une régionalisation. On s’aperçoit d’ailleurs qu’on plante déjà un peu plus de 1 % comme le prouvent les 40 dernières années ». Toutefois, « l’étanchéité » entre vin avec IG et sans IG (200 ha dans le bassin) n’est pas encore assurée. Ces derniers risquant ensuite de « se transformer » en vins d’appellation, bouleversant les équilibres et la gestion future de tous les marchés.
Comme Jérôme Chevalier le rappelait toutefois, d’autres menaces plus graves subsistent, notamment les maladies du bois comme l’Esca et la flavescence dorée sur laquelle il faut « rester vigilants ».




Ne plus redescendre les prix



Le directeur du pôle Marché & Développement du BIVB, Philippe Longepierre expliquait la stratégie de montée en gamme des vins de Bourgogne. Cette dernière a déjà débuté il y a trois ans avec la nouvelle appellation coteaux bourguignons, vendue aux alentours de 5-6 € la bouteille en grande distribution contre 2-3 €/col auparavant pour ces "ex-BGO" plus qualitatifs tout de même. Le travail s’est ensuite poursuivi avec l’UPECB et ses crémants de Bourgogne, pour comprendre comment les « faire sortir de la masse » des vins effervescents français et internationaux. Désormais, deux groupes de travail –Bourgogne et Mâcon– réfléchissent à gagner en valorisation sur le long terme. « C’est un travail global. Après, on se penchera sur certaines communales », indiquait-il.
Pour l’heure, les bourgognes blancs et vins blancs du Mâconnais sont actuellement compris dans une gamme de prix autour de 5 €/col TTC en grande distribution (GD). L’objectif est pour 2015 de les amener « plus vers 7-9 € pour les bourgognes blancs et mâcon + nom de commune ». L’entrée de gamme Bourgogne étant « occupée » par le bourgogne aligoté et le coteaux bourguignon autour de 5-6 €/col TTC en GD. Les mâcons rouges, en dessous des 5 €/col, sont à « remonter » vers 6 € TTC. Les bourgognes pinots noirs vers 7 €.
Grégoire Machenaud du cabinet ABSOconseil insistait sur le fait que « les opérateurs seront les acteurs. La montée va au-delà du simple changement de prix sur l’étiquette. C’est un changement plus profond : image, choix de marchés, choix des clients… Ce processus doit servir votre rentabilité. Il doit éviter le yoyo des prix ». C’est d’ailleurs ce que rajoutait le président de l’UPECB, Edouard Cassanet. « Le contexte actuel particulier fait que nous avons déjà passé des hausses. Le challenge est de ne pas redescendre. Il faut travailler le discours qui n’est pas en phase, trop alarmiste (pénurie, maladies…) ».
Le BIVB est donc en train « d’identifier les attentes des consommateurs à des tranches de prix plus hauts pour construire un argumentaire –plutôt auprès des pro (BtoB)– et vous le donner après ». Des formations sur les bonnes pratiques devraient être proposées par le BIVB pour les chefs d’entreprises viticoles. « La montée en gamme n’est pas innée. Il faut une cohérence dans la gamme de prix, évaluer ses potentiels pertes de volumes, réfléchir s’il faut augmenter partout avec la même intensité, faire attention à s’adapter aux nouvelles charges en fonction de la valorisation… ».
Quitte à bouleverser la hiérarchie des vins de Bourgogne : « le Mâconnais n’a pas vocation à être toujours moins cher que le Chablis, il est peut-être temps de changer la vision de la hiérarchie en Bourgogne ».





Icone de bonne volonté



Le débat avec l’organisme de contrôle en Bourgogne sur les manquements et les pieds manquants, venait souligner ce point. L’Icaunais, Christophe Ferrari, qui préside désormais Icone se voulait rassurant : « tout en restant dans les plans de contrôles, il y aura une évolution dans le traitement des manquements. Le contrôle sera toujours le même mais nous discuterons de façon plus serrée avec la CAVB et les ODG en cas de problèmes ». L’évaluation des charges sur pieds « dès juillet » sans prendre en compte la productivité des clones ou encore la chronologie des erreurs… sont autant des points « méthodologiques » à revoir. La responsable des audits, Karen Maluta rappelait que pour les mâcons, 154 ha ont été contrôlés aléatoirement, débouchant sur 13,6 ha avec manquement concernant 13 opérateurs. Suite aux contrôles ciblés sur 17 ha, seuls 2,6 ha et 3 opérateurs ont fait l’objet de sanctions INAO. Si les visites de vignes avant vendanges auront peut-être lieu « fin août », rigolait Caroline Guyotat l’animatrice, Marc Sangoy précisait que désormais toutes les ODG bourguignonnes –à l’exception de chablis et des crémants de Bourgogne– sont passées et ont un plan de certification unique pour les opérateurs. Résultat, « Après de larges débats, ce n’est plus l’INAO qui émet les sanctions mais le comité de certification, formé de professionnels ».


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