Rechercher les conditions optimales de semis du tournesol
Le semis joue un rôle capital dans l’obtention d’un tournesol robuste. La réussite de cette opération clé doit se traduire par un démarrage rapide de la culture et une moindre exposition des jeunes plantules aux ravageurs de début de cycle (limaces, oiseaux, taupins), par l’obtention d’un peuplement régulier, et par la limitation du risque mildiou. Les conseils de Terres Inovia.

Les conditions d’humidité au moment de la destruction des couverts et de la préparation du sol sont cruciales pour un bon enracinement du tournesol. Un travail du sol inadapté peut entraîner des conséquences rédhibitoires. Il est donc essentiel d’intervenir sur un sol friable qui s’émiette sans coller, ou d’attendre un ressuyage correct. Une surveillance régulière de l’humidité du sol est indispensable pour saisir les créneaux favorables.
Viser une levée avant le 1er mai
Les semis précoces, réalisés dans de bonnes conditions, améliorent les performances du tournesol, comme l’ont montré plusieurs campagnes d’essais entre 1996 et 2019. Un semis avant le 15 avril est avantageux pour le rendement, à condition d’éviter des pluies abondantes après l’implantation. Il faut donc saisir les créneaux favorables pour optimiser le positionnement du cycle de la culture et réduire le risque de stress hydrique estival. L’objectif est une levée avant le 1er mai pour une floraison début juillet, tout en adaptant la date de semis à la précocité de la variété.
En situation de risque mildiou (symptômes observés par le passé), il est recommandé de retarder le semis, si de fortes pluies sont annoncées dans les cinq jours. La contamination des plantules ayant lieu au moment de leur émergence, la présence d’eau libre durant cette phase favorise la germination des spores de mildiou qui vont alors infecter le tournesol.
En situation fortement infestée par des adventices estivales difficiles (ambroisie, datura, xanthium), la réalisation de faux semis printaniers peut s’avérer un levier efficace. Cette pratique nécessite de décaler la date de semis pour laisser le temps aux adventices de lever, puis d’avoir une fenêtre climatique favorable pour les détruire. Ce décalage de la date de semis est à réserver pour les situations où la priorité est placée sur la gestion des flores problématiques. En effet, en l’absence de ces adventices, il n’est pas spécialement conseillé de décaler le semis du tournesol, pour ne pas risquer d’entamer le potentiel de rendement. Il est essentiel de semer sur un sol ressuyé et réchauffé à plus de 8 °C à 5 cm de profondeur sur plusieurs matinées consécutives. Un thermomètre de sol permet de déterminer le bon moment, en tenant compte des prévisions météorologiques. Une baisse de température annoncée doit inciter à la prudence, surtout si le sol est humide, tandis qu’un semis en conditions fraîches reste possible si un réchauffement est prévu. Enfin, le lit de semence doit assurer un bon contact entre le sol et la graine, avec un équilibre entre mottes et terre fine, notamment en sol argilo-calcaire.
Prendre le temps de semer
Pour assurer une levée homogène, le semis doit être réalisé à vitesse modérée (4 à 6 km/h). Les semoirs monograines rapides à distribution électrique permettent d’augmenter la vitesse jusqu’à 10-12 km/h sans impact sur le rendement (résultats d’essais Terres Inovia 2021-2022), mais au-delà, des pertes sont observées. Une profondeur de semis maîtrisée est essentielle : 2 à 3 cm en sol frais et jusqu’à 5 cm en sol sec. Il faut également tenir compte de l’affaissement des billons en sols légers pour éviter une profondeur excessive.
Densité de semis
La densité optimale de semis dépend des contraintes hydriques, du type de parcelle, de l’écartement entre rangs et du climat régional, notamment en zone fraîche ou humide en fin de cycle. En moyenne, elle se situe entre 65 000 et 70 000 graines/ha pour optimiser le rendement et la teneur en huile. Avec un écartement supérieur à 60 cm, il faut éviter les surdensités sur la ligne pour limiter la concurrence entre pieds. Un écartement de 40 à 60 cm est préférable, permettant un gain de 1 à 4 q/ha par rapport à un semis large type maïs (75-80 cm).
Les ravageurs de début de cycle
Les dégâts seront d’autant plus faibles que la levée sera rapide ; au-delà de la première paire de feuilles, les jeunes plantes seront hors risque des oiseaux, il faudra attendre le stade 2 paires de feuilles pour être hors risque limaces !
Limaces
Les plantules de tournesol sont vulnérables de la levée jusqu’au stade 2 feuilles. Si les conditions au semis sont humides et si une attaque est attendue (risque à évaluer avant le semis en fonction de l’historique et des pratiques), appliquer une protection anti-limaces à la surface du sol juste après le semis (une ou des applications relais peuvent être nécessaires en fonction de l’activité du ravageur et de la vitesse de délitement des granulés).
Pour les parcelles jouxtant un cours d’eau, utilisez un appareil qui contrôle l’épandage en bordure (type Spando TDS), ou utilisez un anti-limace à base de phosphate ferrique (autorisé en culture bio).
Taupins et noctuelles terricoles
Les taupins et noctuelles terricoles occasionnent dans certaines situations des pertes de pieds importantes. Outre une levée rapide, une légère augmentation de la densité de semis permettra d’anticiper et compenser les pertes éventuelles. Pour les situations à risque de taupin – antécédents d’attaques ou précédents favorables (prairie, friches, culture fourragère ou légumineuse) – un insecticide pourra être appliqué au semis.
Plusieurs produits en micro-granulé sont autorisés en application au semis. Veillez à respecter les prescriptions réglementaires sur l’utilisation des diffuseurs. Les microgranulés à base de lambda-cyhalothrine et de téfluthrine doivent être incorporés respectivement à 4 et 3 cm de profondeur minimum et donc sans diffuseur. Belem 0,8 MG/Daxol (cyperméthrine) à 12kg/ha, Karate 0, 4GR (lambda-cyhalothrine) de 12 à 15 kg/ha, Trika Expert + (lambda-cyhalothrine) à 15 kg/ha ; Force 1,5G (téfluthrine) à 10 kg/ha.
Équipe Sud et Aura - Terres Inovia
Votre contact régional : Alexandra Denoyelle : a.denoyelle@terresinovia.fr


