Recontextualiser le bien être animal en France pour dépassionner le débat
Durant une table ronde organisée par le Syrpa à l’occasion du Space les intervenants ont débattu de la question du bien-être animal. Ils se sont accordés à dire qu’il fallait replacer le débat dans un contexte plus large mais aussi le dépassionner pour permettre aux pratiques d’évoluer sur le long terme.

Le 12 septembre, à l’occasion du Space à Rennes, le Syrpa, réseau des « agri » communicants, avait organisé une table ronde sur l’élevage et les attentes sociétales. Les intervenants ont débuté le débat en contextualisant l’évolution des attentes sociétales. Christiane Roguet, ingénieure Ifip et responsable du projet Accept, a noté que l’on assistait à une montée en puissance des attentes des citoyens vis-à-vis du bien-être animal alors qu’il y a encore quatre ans, les attentes se concentraient principalement sur les préoccupations environnementales. Elle précise cependant que si l’on assiste actuellement à une crise, les débats autour de ce thème ne date pas d’hier. Ces dernières années, les acteurs intervenant dans le débat ont aussi évolué ; « avant 2015, le débat sur le bien-être animal se déroulait principalement avec les scientifiques les discussions tournaient autour de la réglementation, les évolutions passaient donc par la mise en place de lois », raconte François Régis Huet, éleveur de porc, responsable du bien-être animal chez Inaporc, « mais en 2015 le débat est arrivé dans la sphère publique, la société civile s’est donc assis à la table des discussions », ajoute-t-il.
Bientraitance et bienveillance envers les animaux
Ghislain Zuccolo, coordonnateur et directeur général de Welfarm, note d’ailleurs qu’il est de plus en plus compliqué de faire évoluer la réglementation alors qu’il s’agit d’un des objectifs principaux de l’organisation qu’il dirige. De son côté, Jacques Guérin, président de l'ordre national des vétérinaires, a parfois du mal à appréhender la question du bien-être animal ; « la question du bien-être animal est parfois floue, moi ce que je connais, c’est la bientraitance et la bienveillance envers les animaux de leur naissance à leur mort. Mais bien souvent la société confond les deux ». Une partie des intervenants a aussi appelé à dépassionner le débat et à ne pas encourager « les coups marketing » : « on demande si ou ça aux éleveurs, sans se soucier de qui va payer et si cette demande va durer sur le long terme », s’est agacé François Régis Huet. « La société est très vindicative dans ses prises de position, les éleveurs ont besoin qu’on leur parle de bienveillance, de norme de bientraitance et qu’on leur propose une trajectoire de progrès pour faire évoluer les relations avec les animaux, tout cela ne peut se faire dans l’immédiat, la progression doit se faire sur un temps long », conseille le président de l’ordre national des vétérinaires.