Redonner du sens à l’alimentation pour lui redonner de la valeur
Le 18 septembre, des acteurs des filières agricoles et agroalimentaires ont débattu de la manière dont il est possible de répondre aux attentes sociétales, tout en garantissant une meilleure répartition de la valeur dans ces filières. Cela peut notamment se faire grâce aux innovations et à la contractualisation.

Depuis le lancement des États généraux de l’alimentation, en juillet 2017, la question de la répartition de la valeur entre les acteurs de la chaîne alimentaire et la réponse aux attentes sociétales sont des sujets qui font débat et qui mobilisent fortement tous les acteurs. Le 18 septembre, à l’occasion d’une matinée débat, organisée par le journal « Les Échos », différents représentants des filières agricoles et agroalimentaires ont pu présenter leurs points de vue sur ces sujets, mais aussi présenter, des voies de transition, des initiatives et des innovations pour répondre à ces enjeux.
En introduction des interventions, Alexandre Bompard, président-directeur général du groupe Carrefour a insisté sur le rôle des distributeurs dans les transformations qui doivent s’opérer à tous les maillons de la chaine ; « les distributeurs sont responsables de la transition que doit opérer l’agriculture, nous devons réfléchir à la manière dont nous pouvons accompagner les agriculteurs pour nous permettre de nous approvisionner avec des produits en phase avec les attentes des consommateurs », affirme-t-il. Pour être en phase avec ces attentes, il estime nécessaire de faire monter en gamme les produits alimentaires, mais pour lui « cette montée en gamme doit être génératrice de valeur pour les producteurs ».
Pour ce faire, en phase avec les objectifs affichés de la loi alimentation, issue des États généraux de l’alimentation, il conseille de « stopper la course à la promotion pour redonner de la valeur à l’alimentation aux yeux des consommateurs », mais aussi de généraliser la contractualisation, afin de donner de la visibilité. « Le rôle des distributeurs est de s’engager sur la durée, afin de réduire nos coûts de vente, tout en garantissant une juste rémunération aux producteurs », ajoute-t-il.
Répondre aux attentes
Il a aussi affiché sa volonté de partir des coûts de production des agriculteurs pour fixer les prix dans les contrats. Un avis également partagé par Michel Prugue, président de Coop de France ; « les coûts de production sont la base de tout, si les EGA ont bien un mérite, c’est d’avoir mis cette question au cœur du débat ». Si cette montée en gamme doit permettre une meilleure répartition de la valeur, elle doit aussi être en phase avec les attentes des consommateurs et cela passe, en partie par l’innovation. « Nous devons innover pour créer de la valeur et répondre aux demandes sociétales », note Henri Biès-Péré, deuxième vice-président de la FNSEA. Les innovations peuvent, par exemple, permettre de diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires, comme l’ambitionne le Contrat de solutions, rédigé par la FNSEA et une trentaine d'autres organisations, qui présente 300 solutions pour diminuer l’utilisation d’intrants dans les cultures.
Les innovations peuvent aussi avoir pour objectif de diminuer la pénibilité dans les exploitations, rapprocher les agriculteurs et les consommateurs. Baptiste Bannier, directeur et expert Agribusiness chez PWC, un cabinet de conseil-audit, a d’ailleurs insisté sur le fait que les entreprises de l’Agtech et de la Foodtech devaient travailler sur la transparence, afin de redonner confiance aux consommateurs qui sont seulement 28 % à avoir confiance dans les produits alimentaires. Ce retour de confiance pourrait, selon une partie des interlocuteurs, coïncider avec un retour de valeur pour les agriculteurs ; l’amélioration de l’image de la nourriture pourrait lui redonner du sens.