Florent Fèvre
Redynamiser les Cuma de Saône-et-Loire
En juin 2015, Florent Fèvre a succédé à Jean-Michel Desmard à la présidence de l’Antenne 71 de la fédération Cuma Bourgogne. Âgé de seulement 37 ans et membre d’un Gaec laitier au cœur de la zone d'élevage charollaise, l'agriculteur entame son mandat dans un réseau Cuma fraîchement régionalisé au sein duquel la valorisation des territoires départementaux et des Cuma locales sera un enjeu majeur.
A 37 ans, Florent Fèvre est depuis juin dernier le nouveau président de l’Antenne 71 de la fédération Cuma Bourgogne. Ce jeune agriculteur est l’un des trois associés du Gaec du Val d’Arroux à Toulon-sur-Arroux. Son exploitation est l’une des rares fermes laitières de l’ouest du département. Fondée par la famille Naulin, la structure couvre 135 hectares sur lesquels sont produits du lait de vache - 720.000 litres livrés à la laiterie plus 33.000 litres transformés en vente directe - ainsi que des fromages de chèvres, l'équivalent de 65.000 litres transformés. Un double troupeau laitier qui permet au Gaec de commercialiser à la ferme et sur les marchés fromages et produits laitiers.
S’il vit aujourd’hui au cœur du Charollais, Florent Fèvre est pourtant un pur Bressan d’origine. Petit fils d’un agriculteur de Serley, le jeune homme a passé toute son enfance du côté de Pierre-de-Bresse. C’est là qu’il a contracté le virus de l’agriculture, en fréquentant la ferme d’un certain Jean-Paul Petit, futur membre du Gaec 2000. C’est dans cet élevage laitier qu’il a accompli plus tard son apprentissage. Bepa et Bac pro en poche, Florent a débuté sa carrière comme salarié, d’abord chez Joël Guigue à Saint-Vincent-en-Bresse pendant quatre ans, puis trois ans de plus dans une autre exploitation laitière à Saint-Laurent d’Andenay.
De la Bresse au Charollais
A ce stade, le parcours de Florent Fèvre ne semblait pas le destiner à migrer jusque dans le Val d’Arroux… Une apparence trompeuse car, entre temps, le jeune Bressan s’était marié avec la fille de la famille Naulin de Toulon-sur-Arroux qu’il avait connue au lycée de Fontaines. Du coup, Florent fréquentait l’exploitation depuis le début des années 2000 et c’est assez naturellement qu’il a rejoint le Gaec du Val d’Arroux en 2007. Le jeune homme est aujourd’hui associé avec sa belle-mère, Mireille, ainsi que son beau-frère, Johanny Naulin. S’il n’a connu que des élevages laitiers dans sa carrière, Florent a toujours eu une prédilection pour les cultures, le matériel… C’était déjà son domaine de compétence lorsqu’il était salarié et c’est ainsi qu’il définit son rôle au sein du Gaec du Val d’Arroux. De fait, la conduite de l’élevage bovin est davantage du ressort de Johanny, tandis que Mireille assure la transformation fromagère et la vente directe. Florent assume néanmoins la conduite, l’alimentation et la traite du troupeau caprin ainsi que le pansage des génisses montbéliardes en hiver. Et c’est lui qui se charge des travaux aux champs, de la gestion et de l’entretien du matériel. Bon bricoleur, il n’hésite pas à transformer certains outils pour gagner en efficacité. Un talent indispensable dans une ferme diversifiée où le temps est compté. Et alors que le poste mécanisation représente près de 40 % des charges d’une exploitation, rappelle-t-il, le jeune agriculteur n’a de cesse que de rechercher des voies d’optimisation ; que ce soit en Cuma, en copropriété ou par la réalisation de chantiers en commun. Une recherche qui va s’accentuer au Gaec du Val d’Arroux qui a vécu le départ en retraite du beau-père de Florent puis celui d’une salariée alors que Mireille se prépare à prendre sa retraite à son tour… Il faudra trouver des solutions à la fois efficaces et économes pour faire face à cette restructuration de la main-d’œuvre, estime le jeune agriculteur.
L’esprit de la Cuma L’Equipe
Le Gaec adhère au mouvement Cuma depuis longtemps. Il fait notamment partie d’un groupe ensilage de dix exploitations. Depuis deux ans, avec deux autres élevages, le Gaec fait partie d’un groupe fenaison en commun. Les trois exploitations réalisent ainsi ensemble une centaine d’hectares de foins plus une quarantaine d’hectares d’enrubannage. L’an dernier, elles se sont équipées d’une presse à balle ronde en Cuma.
Dès son entrée dans le Gaec, Florent Fèvre est devenu le secrétaire de la Cuma L’Equipe de Toulon-sur-Arroux. Une responsabilité qu’occupait jusqu’alors son beau-père. La Cuma compte 56 adhérents pour un chiffre d’affaires de 90.000 € et comme en témoigne la naissance du groupe fenaison, elle est assez dynamique. Récemment, sous l’impulsion de Florent, le groupe s’est équipé d’un pulvérisateur porté 24 mètres, équipé d’une barre de guidage et de la coupure de tronçon par GPS. Un appareil "high tech plutôt inhabituel en Charollais. Mais pour le jeune agriculteur, ce type de technologie n’est pas une hérésie en élevage. Le guidage par satellite peut être très utile dans une parcelle sans repère, évitant au passage le fastidieux jalonnage et de ce fait des pertes de temps, justifie-t-il. Autre argument, les coupures de tronçons et autres dispositifs de précision sont autant de sources d’économie de produits. Un bienfait aussi pour l’environnement. A la Cuma L’Equipe, une quinzaine d’adhérents ont en tout cas été partants pour ce nouvel investissement. Ce matériel performant, remplaçant deux machines anciennes, leur reviendra à 9 € de l’hectare.
La défense des Cuma de Saône-et-Loire
C’est par la Cuma L’Equipe que Florent Fèvre s’est retrouvé investit à la fédération départementale des Cuma. Il a été trois ans vice-président avant de succéder à Jean-Michel Desmard devenu conseiller départemental. Ce dernier le seconde aujourd’hui en temps que premier vice-président, de même que Claude Desbrosses, second vice-président, et Bernard Chevalier, troisième vice-président. Cette prise de fonction intervient au terme d’un important processus de régionalisation du réseau Cuma.
« Désormais, la région chapeaute tout et notre rôle au département est de défendre les Cuma de Saône-et-Loire », synthétise Florent Fèvre. Cette régionalisation a pour but de générer des économies d’échelle et de mutualiser les compétences. Dans un département qui réunit à lui seul 249 Cuma actives, l’enjeu est de préserver l’animation terrain et d’éviter un éloignement des animateurs, tempère le nouveau président. La fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté est une nouvelle étape.
Une solution face à la conjoncture
« Un animateur supplémentaire devrait être recruté pour redynamiser le mouvement Cuma en Saône-et-Loire », annonce Florent Fèvre. La fédération a en effet de plus en plus de mal à mobiliser les Cuma adhérentes. Ces dernières n’ont pas forcément conscience du rôle du réseau pour défendre leurs intérêts auprès des pouvoirs publics, des financeurs (lire encadré)… Créées pour optimiser l’achat et l’utilisation de matériel en commun, « beaucoup de Cuma méconnaissent pourtant les coûts de mécanisation », confie le jeune président. « Nous sommes là pour leur apporter des éléments pour réfléchir, investir au plus juste », explique Florent Fèvre. « Il ne s’agit pas aujourd’hui de recréer de nouvelles Cuma mais plutôt d’en fusionner, de remotiver les adhérents à être plus impliqués, plus Cumistes… Dans les lycées, les jeunes ont une fausse idée des Cuma. Pourtant, la conjoncture incite à mutualiser les investissements et la course contre le temps à optimiser les débits de chantiers. Dans notre groupe de fenaison de Toulon, grâce à un ensemble de fauche de six mètres de largeur, nous atteignons un débit de chantier de 4 hectares par heure. Nous pouvons faucher jusqu’à 30 ha en une seule journée ! », fait valoir le président de l’Antenne 71 de la fédération Cuma Bourgogne.
Crise économique
S’il vit aujourd’hui au cœur du Charollais, Florent Fèvre est pourtant un pur Bressan d’origine. Petit fils d’un agriculteur de Serley, le jeune homme a passé toute son enfance du côté de Pierre-de-Bresse. C’est là qu’il a contracté le virus de l’agriculture, en fréquentant la ferme d’un certain Jean-Paul Petit, futur membre du Gaec 2000. C’est dans cet élevage laitier qu’il a accompli plus tard son apprentissage. Bepa et Bac pro en poche, Florent a débuté sa carrière comme salarié, d’abord chez Joël Guigue à Saint-Vincent-en-Bresse pendant quatre ans, puis trois ans de plus dans une autre exploitation laitière à Saint-Laurent d’Andenay.
De la Bresse au Charollais
A ce stade, le parcours de Florent Fèvre ne semblait pas le destiner à migrer jusque dans le Val d’Arroux… Une apparence trompeuse car, entre temps, le jeune Bressan s’était marié avec la fille de la famille Naulin de Toulon-sur-Arroux qu’il avait connue au lycée de Fontaines. Du coup, Florent fréquentait l’exploitation depuis le début des années 2000 et c’est assez naturellement qu’il a rejoint le Gaec du Val d’Arroux en 2007. Le jeune homme est aujourd’hui associé avec sa belle-mère, Mireille, ainsi que son beau-frère, Johanny Naulin. S’il n’a connu que des élevages laitiers dans sa carrière, Florent a toujours eu une prédilection pour les cultures, le matériel… C’était déjà son domaine de compétence lorsqu’il était salarié et c’est ainsi qu’il définit son rôle au sein du Gaec du Val d’Arroux. De fait, la conduite de l’élevage bovin est davantage du ressort de Johanny, tandis que Mireille assure la transformation fromagère et la vente directe. Florent assume néanmoins la conduite, l’alimentation et la traite du troupeau caprin ainsi que le pansage des génisses montbéliardes en hiver. Et c’est lui qui se charge des travaux aux champs, de la gestion et de l’entretien du matériel. Bon bricoleur, il n’hésite pas à transformer certains outils pour gagner en efficacité. Un talent indispensable dans une ferme diversifiée où le temps est compté. Et alors que le poste mécanisation représente près de 40 % des charges d’une exploitation, rappelle-t-il, le jeune agriculteur n’a de cesse que de rechercher des voies d’optimisation ; que ce soit en Cuma, en copropriété ou par la réalisation de chantiers en commun. Une recherche qui va s’accentuer au Gaec du Val d’Arroux qui a vécu le départ en retraite du beau-père de Florent puis celui d’une salariée alors que Mireille se prépare à prendre sa retraite à son tour… Il faudra trouver des solutions à la fois efficaces et économes pour faire face à cette restructuration de la main-d’œuvre, estime le jeune agriculteur.
L’esprit de la Cuma L’Equipe
Le Gaec adhère au mouvement Cuma depuis longtemps. Il fait notamment partie d’un groupe ensilage de dix exploitations. Depuis deux ans, avec deux autres élevages, le Gaec fait partie d’un groupe fenaison en commun. Les trois exploitations réalisent ainsi ensemble une centaine d’hectares de foins plus une quarantaine d’hectares d’enrubannage. L’an dernier, elles se sont équipées d’une presse à balle ronde en Cuma.
Dès son entrée dans le Gaec, Florent Fèvre est devenu le secrétaire de la Cuma L’Equipe de Toulon-sur-Arroux. Une responsabilité qu’occupait jusqu’alors son beau-père. La Cuma compte 56 adhérents pour un chiffre d’affaires de 90.000 € et comme en témoigne la naissance du groupe fenaison, elle est assez dynamique. Récemment, sous l’impulsion de Florent, le groupe s’est équipé d’un pulvérisateur porté 24 mètres, équipé d’une barre de guidage et de la coupure de tronçon par GPS. Un appareil "high tech plutôt inhabituel en Charollais. Mais pour le jeune agriculteur, ce type de technologie n’est pas une hérésie en élevage. Le guidage par satellite peut être très utile dans une parcelle sans repère, évitant au passage le fastidieux jalonnage et de ce fait des pertes de temps, justifie-t-il. Autre argument, les coupures de tronçons et autres dispositifs de précision sont autant de sources d’économie de produits. Un bienfait aussi pour l’environnement. A la Cuma L’Equipe, une quinzaine d’adhérents ont en tout cas été partants pour ce nouvel investissement. Ce matériel performant, remplaçant deux machines anciennes, leur reviendra à 9 € de l’hectare.
La défense des Cuma de Saône-et-Loire
C’est par la Cuma L’Equipe que Florent Fèvre s’est retrouvé investit à la fédération départementale des Cuma. Il a été trois ans vice-président avant de succéder à Jean-Michel Desmard devenu conseiller départemental. Ce dernier le seconde aujourd’hui en temps que premier vice-président, de même que Claude Desbrosses, second vice-président, et Bernard Chevalier, troisième vice-président. Cette prise de fonction intervient au terme d’un important processus de régionalisation du réseau Cuma.
« Désormais, la région chapeaute tout et notre rôle au département est de défendre les Cuma de Saône-et-Loire », synthétise Florent Fèvre. Cette régionalisation a pour but de générer des économies d’échelle et de mutualiser les compétences. Dans un département qui réunit à lui seul 249 Cuma actives, l’enjeu est de préserver l’animation terrain et d’éviter un éloignement des animateurs, tempère le nouveau président. La fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté est une nouvelle étape.
Une solution face à la conjoncture
« Un animateur supplémentaire devrait être recruté pour redynamiser le mouvement Cuma en Saône-et-Loire », annonce Florent Fèvre. La fédération a en effet de plus en plus de mal à mobiliser les Cuma adhérentes. Ces dernières n’ont pas forcément conscience du rôle du réseau pour défendre leurs intérêts auprès des pouvoirs publics, des financeurs (lire encadré)… Créées pour optimiser l’achat et l’utilisation de matériel en commun, « beaucoup de Cuma méconnaissent pourtant les coûts de mécanisation », confie le jeune président. « Nous sommes là pour leur apporter des éléments pour réfléchir, investir au plus juste », explique Florent Fèvre. « Il ne s’agit pas aujourd’hui de recréer de nouvelles Cuma mais plutôt d’en fusionner, de remotiver les adhérents à être plus impliqués, plus Cumistes… Dans les lycées, les jeunes ont une fausse idée des Cuma. Pourtant, la conjoncture incite à mutualiser les investissements et la course contre le temps à optimiser les débits de chantiers. Dans notre groupe de fenaison de Toulon, grâce à un ensemble de fauche de six mètres de largeur, nous atteignons un débit de chantier de 4 hectares par heure. Nous pouvons faucher jusqu’à 30 ha en une seule journée ! », fait valoir le président de l’Antenne 71 de la fédération Cuma Bourgogne.
Crise économique
Les Cuma auront droit au Fac
Si les Cuma ne le mesurent pas toujours, le réseau défend leurs intérêts au niveau régional, national, voire européen. Suite à la mobilisation syndicale de cet été, la FNCuma s’est battue pour que les Cuma aient accès au Fac (Fonds d’allègement des charges). Au final, 70.000 € ont été débloqués pour les Cuma de Saône-et-Loire. 68 dossiers auraient été déposés. Comme l’ensemble de la filière élevage en crise, les Cuma saône-et-loiriennes doivent affronter une recrudescence de factures impayées. Ce qui incite les responsables à mettre en place des règlements intérieurs.