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Lait

Relever le prix d'intervention

Face à l’effet « boomerang » provoqué par l’embargo russe sur le marché
des produits laitiers, la FNPL demande à la Commission de Bruxelles de
relever le prix d’intervention et à la grande distribution de ne pas
précipiter la baisse des prix.
Par Publié par Cédric Michelin
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Alors que les prix à la production sont plutôt bien orientés depuis quelques mois, l’embargo russe est venu casser cette dynamique. De 368€/1000 litres, le prix du lait pourrait baisser de 25€/1000 litres d’ici l’an prochain si aucune mesure n’est prise, soit 500 millions d’euros de moins dans la poche des éleveurs français et 3,4 milliards à l’échelle européenne, estime Thierry Roquefeuil, le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Non pas tant à cause des volumes non exportés par la France en Russie – ils sont relativement faibles, 0,7 % de la production laitière – que par l’effet « boomerang » de l’interruption des ventes européennes qui portent sur 250.000 tonnes/an de fromages de type Edam. Les pays baltes, la Finlande, la Pologne ont déjà vu leur prix à la production s’effondrer à 200 €/1.000 litres et le risque de contagion à l’ensemble de l’Union européenne est bien réel. D’ores et déjà les cotations européennes du beurre et de la poudre ont perdu 1.000 € par tonne en un mois (de 3.000 €/t à 2.000 €/t). A ce stade, la FNPL attend de l’Union européenne davantage « de réactivité » et une utilisation pleine et entière des outils dont elle dispose pour réguler le marché. Certes, la Commission de Bruxelles a déclenché une opération de stockage privé et donné son accord au déclenchement de l’intervention publique. Mais il faut bien reconnaître que les entreprises ne se précipitent pas pour stocker en raison de l’incertitude sur les perspectives du marché des produits laitiers. Quant à l’intervention publique, son niveau de prix est si bas « qu’elle ne sert à rien », estime André Bonnard, le trésorier. De 2.000 €/tonne pour le beurre et la poudre de lait, la FNPL considère que son niveau devrait être relevé à 3.000 €/tonne pour que les produits non exportés ne se retrouvent pas sur le marché intérieur et plombent les prix. Malgré le soutien de l’Allemagne de la Finlande et de l’Espagne, l’accueil favorable de Stéphane Le Foll, Bruxelles manifeste toujours une fin de non-recevoir.

La transparence acquise



La FNPL souhaite également que la grande distribution joue davantage le jeu de la filière et ne profite pas de l’effondrement des prix pour renégocier ses tarifs d’achat à la baisse et donc des prix aux producteurs. « Que la distribution soit du côté de Poutine, c’est inacceptable en tant que producteur de lait, ça l’est aussi en tant que citoyen », s’emporte Thierry Roquefeuil. Bonne nouvelle en revanche pour les producteurs de lait et notamment ceux qui exploitent sous forme sociétaire. Le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé aux Terres de Jim en Gironde, le 6 septembre, la possibilité pour les EARL de se transformer en Gaec et de bénéficier ainsi de la transparence au regard des aides de la PAC. « C’est une bonne chose pour nous », a indiqué le président qui redoute quand même que l’élargissement des bénéficiaires des aides se traduise par une diminution de leur niveau à budget constant. Néanmoins estime-t-il, cette mesure devrait gommer en grande partie la réduction des soutiens décidée dans le cadre de la réforme de la PAC dans les EARL à deux actifs, très fréquentes dans l’Ouest de la France.


Directive Nitrates : changer la donne



« Le programme national d’application de la directive Nitrates ne prend pas en compte les situations diverses », déplore Marie-Thérèse Bonneau, secrétaire générale de la FNPL. A l’extension des zones vulnérables déjà préoccupante (près de 4.000 communes) s’ajoute la mise en œuvre du nouveau plan d’action. Celui-ci prévoit notamment un calendrier d’épandage national qui n’est pas adapté aux spécificités locales et au climat. Si bien que des agriculteurs qui ont déjà créé des capacités de stockage, il y a quelques années, devront procéder à de nouveaux investissements. Sans oublier le cas de nombreux éleveurs qui ne pourront plus épandre leurs effluents en raison du relief trop accidenté de leur exploitation. Bref, « si l’objectif de la directive est de restaurer la qualité des eaux, demandons aux agriculteurs de s’inscrire dans une démarche d’obligations de résultat » et non dans l’application « d’une réglementation aveugle et inadaptée ».