Rencontre avec Simon Dumontet, jeune éleveur installé à Saint-Aubin-en-Charollais
Installé à Saint-Aubin-en-Charollais depuis novembre 2016, Simon Dumontet est aujourd’hui fier de son métier. Et pourtant en tant que hors cadre familial, la démarche n’a pas toujours été simple.

Le Charollais ce n’est pas seulement le lieu d’habitation de Simon, c’est son berceau. Il y est né en 1992 et même si il en est parti dès son plus jeune âge pour Grenoble, il y est revenu dès qu’il a pu.
Dans le jargon, on appelle ça "le mal du pays" et Simon le dit clairement : « ici, c’est ma maison et je voulais revenir dans le Charollais, plus précisément entre Volesvres et Saint-Aubin ». A son retour, il s’inscrit en 4e au lycée agricole de Charolles. Après sa troisième, il rejoint le lycée agricole de Fontaines pour obtenir un Bepa et un bac professionnel par apprentissage. Cet apprentissage, pour Simon, cela a été la confirmation de sa vocation. Durant deux ans, son patron, Jean-Noël Morin, lui a transmis le métier : « Jean-Noël, c’est un peu mon modèle. Il m’a beaucoup appris et aujourd’hui si j’ai besoin d’un conseil, c’est toujours lui que j’appelle ».
A la suite de ses études, Simon travaille comme ouvrier agricole pendant cinq ans à Champlecy. « Durant cette période, j’ai continué à acquérir de l’expérience. Il y avait des responsabilités à prendre dans cette exploitation et cela m’a aidé à me mettre dans le bain. C’était une très bonne expérience ».
Une idée en tête…
Malgré une situation professionnelle plaisante, Simon n’a qu’une seule idée : se mettre à son compte, être agriculteur comme dans ses rêves de gosse ! Après avoir étudiée plusieurs projets, Simon trouve enfin l’exploitation idéale. « Mon cédant, Jean-Michel Touillon était un homme très réfléchi ; il travaillait très bien et tout ce qu’il a fait sur l’exploitation est très fonctionnel. De toute façon, j’avais deux options : soit je mettais le prix dans une exploitation qui en valait la peine comme celle-ci, soit je partais de rien pour un prix minime ».
Après des démarches administratives toujours trop longues et des heures de réflexion, Simon se lance, pousse les portes des banques et concrétise son rêve. Son caractère bien trempé comme il le dit lui-même lui a permis de convaincre ses parents un peu rétissants. D’une part, un père qui sait, par son expérience, que le métier d’agriculteur est incertain et, de l’autre, une mère qui s’inquiète mais qui sait qu’il faut laisser vivre son rêve à son enfant. « J’ai la chance d’avoir eu la confiance de mes parents et leur soutien, c’est important dans cette démarche ».
Un œil d’éleveur
Aujourd’hui, Simon Dumontet fait naître une petite cinquantaine de veaux par an de mi-décembre à mi-mars et exploite une soixantaine d’hectares. Un parcellaire uniquement en prairie qui lui permet d’être autosuffisant en fourrage. Le jeune éleveur a fait le choix d’engraisser ses femelles et de valoriser un maximum de veaux mâles en reproducteur. Pour cela, il sélectionne ses taureaux dans plusieurs élevages voisins. Et il semblerait qu’il ne se trompe guère quand on sait que Simon a remporté l’an dernier le trophée Viande au Marault avec un taureau qu’il venait tout récemment d’acquérir. Ce résultat a été « une première grande satisfaction » qui lui a donné un peu plus encore l’amour du métier. Ce prix a aussi permis aussi de faire connaître l’élevage.
Après l’achat des bâtiments, de sept hectares de terrain et d’une quarantaine de mères charolaises, Simon est officiellement installé. « Etant hors cadre familial, il a fallu que je sois convaincu et j’ai réussi ».
Optimiser son efficacité
Lorsque Simon se confie, il avoue que lors des six premiers mois, il a eu « la tête dans le guidon » tant ce n’était alors pas évident de gérer son temps. Le stress, la perte de quelques veaux, le temps qui défile à une vitesse folle et les démarches administratives qui ne sont pas tout à fait terminées ont provoqué un petit "coup de blues".
Très vite, une de ses premières priorités fut alors de tout penser pour optimiser son efficacité. « J’aime voir du monde, je ne me verrais pas isolé toute une journée, mais dans mon travail, j’aime être seul avec mes bêtes ».
Reste que travailler seul n’est pas toujours évident, cela demande d’être prévoyant. Pour Simon, l’objectif est simple : « monter sur le tracteur le moins de fois possible pour être efficace à 100 % ». Cette recherche d’efficacité, c’est ce qui a poussé Simon à remplacer la paille par de la paille de riz. Un produit tout aussi efficace puisque les bêtes restent très propres mais qui demande moins de temps pour pailler. Pas besoin de passer la pailleuse : lorsque la balle est au milieu de la stabulation, le passage des animaux suffit à l’écarter sur l’ensemble de la superficie. C’est tout autant de petits détails auxquels Simon réfléchit quotidiennement pour améliorer son travail.
Et quand on parle de vacances à Simon, il ne semble pas en voir l’utilité. « J’aime sortir où je veux et quand j’en ai envie, en semaine ou non. Je préfère partir souvent une journée plutôt qu’une semaine au bord de la mer. Ça me manquerait vite »
Travailler la filière du début à la fin
Pour l’heure, Simon ne vit pas de son métier. Pour pallier à cela, il travaille en prestation dans une entreprise voisine de travaux publics lorsqu’il en a le temps. « Pour vivre pleinement de mon métier, il faudrait tout d’abord et essentiellement que la conjoncture s’améliore ! Il faudrait ensuite que je puisse m’agrandir de près de 20 hectares, enfin j’aimerais travailler la filière du début à la fin ».
Ce que Simon entend par « du début à la fin », c’est être naisseur, engraisseur, transformer son produit et le commercialiser. « A l’avenir et si mes moyens me le permettent, j’aimerais peut être faire un petit laboratoire de transformation et vendre mes produits moi-même ». Et pour ce qui est de la transformation, il sait déjà qu’il pourra compter sur Roger, un voisin ancien boucher aujourd’hui retraité. Une personne sur qui Simon sait pouvoir s’appuyer.
Pour réussir à vivre de son métier, Simon espère que le métier reprendra de la valeur aux yeux des consommateurs comme des politiques. Pas facile dans une filière que tout semble accabler en ce moment.
Indépendant mais pas solitaire
En dehors de son métier, Simon a plusieurs autres centres d’intérêts. Il s’est investi dans le comité des fêtes de son village, ils aime sortir avec ses amis et reconnaît « prendre parfois plaisir à ne pas faire grand-chose pour se reposer, même si cela est plutôt rare ». Simon adhère aussi aux Jeunes agriculteurs de son canton, dont il partage une des valeurs importante : la convivialité. Simon est aussi chasseur et même s’il n’a pas pris son permis cette année, il aime toujours écouter ses amis raconter le déroulé de leur battue…
On l’a compris, la solitude, ce n’est pas vraiment son truc lui qui dit lui-même qu’« il n’y a pas que les vaches dans la vie et heureusement ».
Simon le reconnaît aisément : si il est agriculteur aujourd’hui, c’est grâce à bon nombre de personnes. Il souligne le soutien de ses voisins lors de son installation dans le village. Mais il remercie tout particulièrement ses parents, lesquels ne sont jamais loin quand il a besoin, Jean-Noël Morin qu’il compare un peu à un parrain. Il n’en oublie pas moins Franck, le fils de son prédécesseur, qui jamais loin pour donner un coup de main, ni même Roger toujours là pour donner un conseil ainsi que tous ceux qui l’ont accompagné dans ses démarches administratives. Et particulièrement Christine Laugâa et Sarah Besombes, ses conseillères installation qui l’ont aidées à construire son projet ou encore son comptable qui n’est jamais radin d’un conseil.
C’est en effet sur ses notes positives que Simon tient à conclure notre échange « malgré les difficultés, j’essaye de rester positif et passionné comme au premier jour ». Et cette passion, c’est la qualité qui l’a orientée jusqu’ici. Pour la suite, souhaitons à Simon de réaliser encore de beaux projets et de vivre pleinement de son métier.
Justine Laurent
Rencontre avec Simon Dumontet, jeune éleveur installé à Saint-Aubin-en-Charollais

Le Charollais ce n’est pas seulement le lieu d’habitation de Simon, c’est son berceau. Il y est né en 1992 et même si il en est parti dès son plus jeune âge pour Grenoble, il y est revenu dès qu’il a pu.
Dans le jargon, on appelle ça "le mal du pays" et Simon le dit clairement : « ici, c’est ma maison et je voulais revenir dans le Charollais, plus précisément entre Volesvres et Saint-Aubin ». A son retour, il s’inscrit en 4e au lycée agricole de Charolles. Après sa troisième, il rejoint le lycée agricole de Fontaines pour obtenir un Bepa et un bac professionnel par apprentissage. Cet apprentissage, pour Simon, cela a été la confirmation de sa vocation. Durant deux ans, son patron, Jean-Noël Morin, lui a transmis le métier : « Jean-Noël, c’est un peu mon modèle. Il m’a beaucoup appris et aujourd’hui si j’ai besoin d’un conseil, c’est toujours lui que j’appelle ».
A la suite de ses études, Simon travaille comme ouvrier agricole pendant cinq ans à Champlecy. « Durant cette période, j’ai continué à acquérir de l’expérience. Il y avait des responsabilités à prendre dans cette exploitation et cela m’a aidé à me mettre dans le bain. C’était une très bonne expérience ».
Une idée en tête…
Malgré une situation professionnelle plaisante, Simon n’a qu’une seule idée : se mettre à son compte, être agriculteur comme dans ses rêves de gosse ! Après avoir étudiée plusieurs projets, Simon trouve enfin l’exploitation idéale. « Mon cédant, Jean-Michel Touillon était un homme très réfléchi ; il travaillait très bien et tout ce qu’il a fait sur l’exploitation est très fonctionnel. De toute façon, j’avais deux options : soit je mettais le prix dans une exploitation qui en valait la peine comme celle-ci, soit je partais de rien pour un prix minime ».
Après des démarches administratives toujours trop longues et des heures de réflexion, Simon se lance, pousse les portes des banques et concrétise son rêve. Son caractère bien trempé comme il le dit lui-même lui a permis de convaincre ses parents un peu rétissants. D’une part, un père qui sait, par son expérience, que le métier d’agriculteur est incertain et, de l’autre, une mère qui s’inquiète mais qui sait qu’il faut laisser vivre son rêve à son enfant. « J’ai la chance d’avoir eu la confiance de mes parents et leur soutien, c’est important dans cette démarche ».
Un œil d’éleveur
Aujourd’hui, Simon Dumontet fait naître une petite cinquantaine de veaux par an de mi-décembre à mi-mars et exploite une soixantaine d’hectares. Un parcellaire uniquement en prairie qui lui permet d’être autosuffisant en fourrage. Le jeune éleveur a fait le choix d’engraisser ses femelles et de valoriser un maximum de veaux mâles en reproducteur. Pour cela, il sélectionne ses taureaux dans plusieurs élevages voisins. Et il semblerait qu’il ne se trompe guère quand on sait que Simon a remporté l’an dernier le trophée Viande au Marault avec un taureau qu’il venait tout récemment d’acquérir. Ce résultat a été « une première grande satisfaction » qui lui a donné un peu plus encore l’amour du métier. Ce prix a aussi permis aussi de faire connaître l’élevage.
Après l’achat des bâtiments, de sept hectares de terrain et d’une quarantaine de mères charolaises, Simon est officiellement installé. « Etant hors cadre familial, il a fallu que je sois convaincu et j’ai réussi ».
Optimiser son efficacité
Lorsque Simon se confie, il avoue que lors des six premiers mois, il a eu « la tête dans le guidon » tant ce n’était alors pas évident de gérer son temps. Le stress, la perte de quelques veaux, le temps qui défile à une vitesse folle et les démarches administratives qui ne sont pas tout à fait terminées ont provoqué un petit "coup de blues".
Très vite, une de ses premières priorités fut alors de tout penser pour optimiser son efficacité. « J’aime voir du monde, je ne me verrais pas isolé toute une journée, mais dans mon travail, j’aime être seul avec mes bêtes ».
Reste que travailler seul n’est pas toujours évident, cela demande d’être prévoyant. Pour Simon, l’objectif est simple : « monter sur le tracteur le moins de fois possible pour être efficace à 100 % ». Cette recherche d’efficacité, c’est ce qui a poussé Simon à remplacer la paille par de la paille de riz. Un produit tout aussi efficace puisque les bêtes restent très propres mais qui demande moins de temps pour pailler. Pas besoin de passer la pailleuse : lorsque la balle est au milieu de la stabulation, le passage des animaux suffit à l’écarter sur l’ensemble de la superficie. C’est tout autant de petits détails auxquels Simon réfléchit quotidiennement pour améliorer son travail.
Et quand on parle de vacances à Simon, il ne semble pas en voir l’utilité. « J’aime sortir où je veux et quand j’en ai envie, en semaine ou non. Je préfère partir souvent une journée plutôt qu’une semaine au bord de la mer. Ça me manquerait vite »
Travailler la filière du début à la fin
Pour l’heure, Simon ne vit pas de son métier. Pour pallier à cela, il travaille en prestation dans une entreprise voisine de travaux publics lorsqu’il en a le temps. « Pour vivre pleinement de mon métier, il faudrait tout d’abord et essentiellement que la conjoncture s’améliore ! Il faudrait ensuite que je puisse m’agrandir de près de 20 hectares, enfin j’aimerais travailler la filière du début à la fin ».
Ce que Simon entend par « du début à la fin », c’est être naisseur, engraisseur, transformer son produit et le commercialiser. « A l’avenir et si mes moyens me le permettent, j’aimerais peut être faire un petit laboratoire de transformation et vendre mes produits moi-même ». Et pour ce qui est de la transformation, il sait déjà qu’il pourra compter sur Roger, un voisin ancien boucher aujourd’hui retraité. Une personne sur qui Simon sait pouvoir s’appuyer.
Pour réussir à vivre de son métier, Simon espère que le métier reprendra de la valeur aux yeux des consommateurs comme des politiques. Pas facile dans une filière que tout semble accabler en ce moment.
Indépendant mais pas solitaire
En dehors de son métier, Simon a plusieurs autres centres d’intérêts. Il s’est investi dans le comité des fêtes de son village, ils aime sortir avec ses amis et reconnaît « prendre parfois plaisir à ne pas faire grand-chose pour se reposer, même si cela est plutôt rare ». Simon adhère aussi aux Jeunes agriculteurs de son canton, dont il partage une des valeurs importante : la convivialité. Simon est aussi chasseur et même s’il n’a pas pris son permis cette année, il aime toujours écouter ses amis raconter le déroulé de leur battue…
On l’a compris, la solitude, ce n’est pas vraiment son truc lui qui dit lui-même qu’« il n’y a pas que les vaches dans la vie et heureusement ».
Simon le reconnaît aisément : si il est agriculteur aujourd’hui, c’est grâce à bon nombre de personnes. Il souligne le soutien de ses voisins lors de son installation dans le village. Mais il remercie tout particulièrement ses parents, lesquels ne sont jamais loin quand il a besoin, Jean-Noël Morin qu’il compare un peu à un parrain. Il n’en oublie pas moins Franck, le fils de son prédécesseur, qui jamais loin pour donner un coup de main, ni même Roger toujours là pour donner un conseil ainsi que tous ceux qui l’ont accompagné dans ses démarches administratives. Et particulièrement Christine Laugâa et Sarah Besombes, ses conseillères installation qui l’ont aidées à construire son projet ou encore son comptable qui n’est jamais radin d’un conseil.
C’est en effet sur ses notes positives que Simon tient à conclure notre échange « malgré les difficultés, j’essaye de rester positif et passionné comme au premier jour ». Et cette passion, c’est la qualité qui l’a orientée jusqu’ici. Pour la suite, souhaitons à Simon de réaliser encore de beaux projets et de vivre pleinement de son métier.
Justine Laurent