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Table ronde AG FDSEA 71

Rester acteurs de la suite des ÉGALim

La table ronde traditionnellement organisée lors de l’assemblée générale de la FDSEA ne pouvait avoir d’autre thème cette année que celui des suites à donner aux États généraux de l’alimentation. Tant le problème de la juste rémunération des producteurs est criant. Tant les espoirs d’un changement de système à la suite des ÉGALim étaient immenses. Si, pour l’heure, les retombées directes déçoivent le monde agricole, le mouvement a malgré tout été enclenché... et doit rester soutenu.

Rester acteurs de la suite des ÉGALim

Pour échanger autour des suites à donner aux ÉGALim, la FDSEA a fait le pari d’inviter une personnalité qui pourrait être vue comme le loup dans la bergerie : un patron de grande distribution ! Seulement voilà, Serge Papin, car c’est de lui dont il s’agit, non seulement n’est plus président du groupe Système U depuis mai 2018, mais en plus, lorsqu’il l’était encore, il militait « pour la mise en avant d’un prix responsable ».
Lors de la table ronde, celui qui fut co-président d’un atelier lors des ÉGALim* a affirmé s’être « souvent opposé à son réseau pour que le partage de la valeur soit sur toute la filière ». Il n’a pas hésité en parallèle à minimiser une éventuelle polémique autour de la problématique du pouvoir d’achat : « par exemple, dans la filière Cœur de gamme - Éleveur & engagé, l’engagement auprès des producteurs était de payer 4,50 € le kilo au lieu des 3,50 € habituels, ce qui représente au final une augmentation de 0,04 € sur un steak de 150 gr… mais le consommateur a la garantie d’avoir une viande de qualité ».
Intervenant aussi à cette table ronde, Étienne Gangneron, agriculteur bio du Cher et vice-président de la FNSEA, a tenu à rappeler l’espoir réel (et longtemps maintenu)  des ateliers organisés dans le cadre de ces États généraux : « en six mois de travail et de discussions, peu d’acteurs se sont sentis oubliés. Les quatorze ateliers regroupant une soixantaine de personnes chacun ont été très intéressants et constructifs. Mais après … ? »

Pas les bonnes priorités

Après il y a eu la rédaction du projet de loi et là, pour l’ensemble de la profession et pour le syndicat en premier, la déception a été grande, comme Étienne Gangneron l’a rapporté : alors que la volonté première était d’agir « sur l’encadrement des promotions, la répartition des marges, etc., on s’est aperçu que c’est tout ce qui fait référence aux modes de production et au bien-être animal qui a pris toute la place et a fait l’objet d’impératifs immédiats ». Tout ce qui touche à la rémunération des producteurs se retrouve minimisé « avec une mise en place très étalée dans le temps ».
Mais loin d’appeler à baisser la garde, le message de Serge Papin a été clair et une nouvelle fois sans langue de bois : « le dispositif est en route, vous avez désormais un rôle de contrôle ».
Une position soutenue par Christian Bajard, président de la section bovine à la FDSEA de Saône-et-Loire, qui a malgré tout souligner que les éleveurs ne retrouveront la confiance que lorsque la loi sera suivie financièrement d’effets. Et de rappeler une nouvelle fois que seuls les coûts de production doivent servir d’indicateurs de base et que tout prix jugé « abusivement bas » doit faire l’objet de pénalité.

La loi du ruissellement

Les producteurs savent s’engager sur la qualité de leur viande, ils savent aussi avoir la vision de la conduite de leur troupeau. En revanche, avec aujourd’hui seulement 3 % des ventes de viande bovine réalisées sous contrat, « un producteur est ficelé, il n’a pas la possibilité de négocier, insiste Christian Bajard. Nous n’avons aucun moyen de peser réellement si ce n’est collectivement d’où l’importance de cette loi ».
Et comme « la loi du ruissellement n’existe pas », il faudra désormais imposer des contrats tripartite entre les différents acteurs de la filière : producteurs, abatteurs, distributeurs, pour qu’une juste répartition des marges se fasse sur toute la chaîne et soit connue de tous.

S’intéresser au client final

L’une des clés résidera aussi dans la compréhension des attentes des consommateurs par les éleveurs. « Les producteurs doivent impérativement se rapprocher de l’aval, argumente Serge Papin, à la fois parce que les agriculteurs doivent s’intéresser à leur consommateur final pour comprendre ses attentes mais aussi parce que lorsqu’ils sont trop tournés vers l’amont, ils en deviennent dépendants ».
Les labels et autres signes de qualité sont aussi une solution. Et leur multiplication pas forcément un handicap. « Ces labels rassurent les consommateurs, avance l’ancien patron de Système U. Ils désignent un territoire, un savoir-faire ou un mode de production. Ils ne s’opposent pas forcément et peuvent même s’additionner ».
Ainsi pour Serge Papin, si les premières mesures de la loi mises en place semblent plutôt décevantes, le monde agricole doit se donner encore quatre à six mois. Viendra alors le moment de tirer véritablement les premières conclusions de cette ambition première qui était une meilleure rémunération : « ce sera le moment de vous mobiliser pour diagnostiquer. Si les ordonnances ne fonctionnent pas, elles devront être remises en cause. Il faudra vous tourner vers les pouvoirs publics pour demander des comptes ».
« Cela fait 40 ans que le mode de distribution des produits alimentaires va toujours dans le même sens. Nous sommes actuellement à la croisée des chemins », a conclu Étienne Gangeron, qui entend bien vivre le commencement d’un changement du système.

* l’atelier « Rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs »

Rester acteurs de la suite des ÉGALim

Rester acteurs de la suite des ÉGALim

Pour échanger autour des suites à donner aux ÉGALim, la FDSEA a fait le pari d’inviter une personnalité qui pourrait être vue comme le loup dans la bergerie : un patron de grande distribution ! Seulement voilà, Serge Papin, car c’est de lui dont il s’agit, non seulement n’est plus président du groupe Système U depuis mai 2018, mais en plus, lorsqu’il l’était encore, il militait « pour la mise en avant d’un prix responsable ».
Lors de la table ronde, celui qui fut co-président d’un atelier lors des ÉGALim* a affirmé s’être « souvent opposé à son réseau pour que le partage de la valeur soit sur toute la filière ». Il n’a pas hésité en parallèle à minimiser une éventuelle polémique autour de la problématique du pouvoir d’achat : « par exemple, dans la filière Cœur de gamme - Éleveur & engagé, l’engagement auprès des producteurs était de payer 4,50 € le kilo au lieu des 3,50 € habituels, ce qui représente au final une augmentation de 0,04 € sur un steak de 150 gr… mais le consommateur a la garantie d’avoir une viande de qualité ».
Intervenant aussi à cette table ronde, Étienne Gangneron, agriculteur bio du Cher et vice-président de la FNSEA, a tenu à rappeler l’espoir réel (et longtemps maintenu)  des ateliers organisés dans le cadre de ces États généraux : « en six mois de travail et de discussions, peu d’acteurs se sont sentis oubliés. Les quatorze ateliers regroupant une soixantaine de personnes chacun ont été très intéressants et constructifs. Mais après … ? »

Pas les bonnes priorités

Après il y a eu la rédaction du projet de loi et là, pour l’ensemble de la profession et pour le syndicat en premier, la déception a été grande, comme Étienne Gangneron l’a rapporté : alors que la volonté première était d’agir « sur l’encadrement des promotions, la répartition des marges, etc., on s’est aperçu que c’est tout ce qui fait référence aux modes de production et au bien-être animal qui a pris toute la place et a fait l’objet d’impératifs immédiats ». Tout ce qui touche à la rémunération des producteurs se retrouve minimisé « avec une mise en place très étalée dans le temps ».
Mais loin d’appeler à baisser la garde, le message de Serge Papin a été clair et une nouvelle fois sans langue de bois : « le dispositif est en route, vous avez désormais un rôle de contrôle ».
Une position soutenue par Christian Bajard, président de la section bovine à la FDSEA de Saône-et-Loire, qui a malgré tout souligner que les éleveurs ne retrouveront la confiance que lorsque la loi sera suivie financièrement d’effets. Et de rappeler une nouvelle fois que seuls les coûts de production doivent servir d’indicateurs de base et que tout prix jugé « abusivement bas » doit faire l’objet de pénalité.

La loi du ruissellement

Les producteurs savent s’engager sur la qualité de leur viande, ils savent aussi avoir la vision de la conduite de leur troupeau. En revanche, avec aujourd’hui seulement 3 % des ventes de viande bovine réalisées sous contrat, « un producteur est ficelé, il n’a pas la possibilité de négocier, insiste Christian Bajard. Nous n’avons aucun moyen de peser réellement si ce n’est collectivement d’où l’importance de cette loi ».
Et comme « la loi du ruissellement n’existe pas », il faudra désormais imposer des contrats tripartite entre les différents acteurs de la filière : producteurs, abatteurs, distributeurs, pour qu’une juste répartition des marges se fasse sur toute la chaîne et soit connue de tous.

S’intéresser au client final

L’une des clés résidera aussi dans la compréhension des attentes des consommateurs par les éleveurs. « Les producteurs doivent impérativement se rapprocher de l’aval, argumente Serge Papin, à la fois parce que les agriculteurs doivent s’intéresser à leur consommateur final pour comprendre ses attentes mais aussi parce que lorsqu’ils sont trop tournés vers l’amont, ils en deviennent dépendants ».
Les labels et autres signes de qualité sont aussi une solution. Et leur multiplication pas forcément un handicap. « Ces labels rassurent les consommateurs, avance l’ancien patron de Système U. Ils désignent un territoire, un savoir-faire ou un mode de production. Ils ne s’opposent pas forcément et peuvent même s’additionner ».
Ainsi pour Serge Papin, si les premières mesures de la loi mises en place semblent plutôt décevantes, le monde agricole doit se donner encore quatre à six mois. Viendra alors le moment de tirer véritablement les premières conclusions de cette ambition première qui était une meilleure rémunération : « ce sera le moment de vous mobiliser pour diagnostiquer. Si les ordonnances ne fonctionnent pas, elles devront être remises en cause. Il faudra vous tourner vers les pouvoirs publics pour demander des comptes ».
« Cela fait 40 ans que le mode de distribution des produits alimentaires va toujours dans le même sens. Nous sommes actuellement à la croisée des chemins », a conclu Étienne Gangeron, qui entend bien vivre le commencement d’un changement du système.

* l’atelier « Rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs »

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