Rester mobilisés !
Comme le soulignait le président de la FDSEA, Yves Bonnot, « c’est une ambiance comme on aimerait en voir dans toutes les productions » qui règne sur la filière ovine départementale. Pour la troisième année consécutive, le département voit en effet le nombre de ses éleveurs détenteurs de plus de cinquante brebis progresser, comme l'indiquait Laurent Solas de la chambre d’agriculture. De fait, les troupes existantes gagnent des animaux et des jeunes s’installent au rythme de deux ou trois par an avec plus de 200 brebis. Un tableau qui fait plaisir à voir et qui place la Saône-et-Loire parmi les tous meilleurs élèves en matière de reconquête ovine.
Cette reprise est avant tout le fruit d’un remarquable travail syndical. Le rééquilibrage des aides Pac - que la pression de la profession a rendu possible à partir de 2010 - a permis de remotiver les éleveurs de moutons. Autrefois quasi inexistants, leurs revenus se sont hissés au niveau de ceux des éleveurs de bovins viande. Ce n’est certes pas le Pérou, mais les moutonniers reviennent de loin ! Le rééquilibrage des aides et de meilleurs cours de la viande ont de nouveau rendu la production attractive.
Pyramide des âges
Reste que si le contexte est toujours favorable aujourd’hui, la profession va cependant devoir faire preuve de vigilance, et cela à plus d’un titre. La pyramide des âges est un des écueils qui pèsent lourdement sur la production départementale. Sur les 388 élevages de plus de cinquante brebis que compte la Saône-et-Loire à ce jour, beaucoup d’exploitants vont arriver en fin de carrière, pointait Laurent Solas. C’est d’ailleurs le reflet de la situation nationale : « notre difficulté sera avant tout de maintenir notre potentiel de production », rapportait le représentant FNO, Maurice Huet.
Reprise des importations
Sur le marché de la viande ovine, l’année 2012 avait bien démarré, mais la baisse saisonnière a été plus forte que prévu et désormais, les cotations peinent un peu à décoller, synthétisait ce dernier. Parallèlement, les éleveurs de moutons sont confrontés, comme les autres, à la flambée des coûts de production (aliments, énergie). Au niveau mondial, la France subit la reprise des importations, du fait notamment de « l’Irlande, avec des animaux à seulement 3,88 € le kilo, et la Nouvelle-Zélande, deux pays qui reprennent du poil de la bête ». Il y a aussi l’Espagne qui exporte davantage qu’elle ne le faisait. Autant d’évènements qui peuvent déstabiliser le marché sur le sol européen, avertissait Maurice Huet.
En France, production comme consommation sont globalement à la baisse et les opérateurs de la filière ne sont pas en très bonne santé. Toutefois, avec une population planétaire en hausse et un niveau de vie en progression, la consommation de viande ovine augmente à l’échelle mondiale. Au final, cela crée un contexte toujours favorable à une production ovine départementale.
Défendre les productions à l’herbe
Autre incertitude qui plane sur l’avenir, la Pac. Parmi les grandes nouveautés annoncées, la convergence des aides pourrait être à double tranchant pour la production ovine. « En chiffres, elle serait favorable aux ovins. Mais une répartition très inégale sur le territoire risque de faire exploser les inégalités », mettait en garde Maurice Huet. Autre volet délicat de la réforme : le couplage. La FNO revendique pour la défense des productions à l’herbe. « Sur des zones intermédiaires comme la Saône-et-Loire, que deviendraient les zones défavorisées, la PHAE, l’ICHN ? », s’inquiétaient de concert Maurice Huet et Yves Bonnot.
Une maladie en chasse l’autre
Les éleveurs ovins doivent également composer avec les aléas sanitaires. Fléau de notre époque, une maladie émergente en chasse une autre. Ainsi, alors que la FCO s’en va, c’est Schmallenberg qui débarque (lire en page sanitaire). Le plus troublant, c’est qu’il se dit que les deux maladies seraient apparues au même endroit en Europe ; à savoir une zone de fret où les virus peuvent arriver par containers ! Ensuite, il suffit de trouver un vecteur autochtone (un insecte) qui se charge de la propagation de la maladie… La chose a de quoi faire peur. Quelle sera la prochaine épidémie ? Les adeptes du libre-échange et de la mondialisation n’ont sans doute pas trop envie que la population connaisse la réalité de ces risques ni de ses modes d’arrivée sur le territoire. La communauté européenne non plus…
Le 14 décembre dernier, la France est redevenue indemne de FCO plus vite que prévu. Aucun foyer n’a été détecté depuis 2010, ce qui est rassurant, indiquait le directeur du GDS 71, Vincent Robergeot. A terme, la vaccination sera même interdite.
Demande d’aide
Les demandes d’aide ovine sont à compléter avant le 31 janvier.
Elvéa 71-58
Dossier « ajourné » au national
Le président d’Elvéa 71-58, Jean-Michel Morel, a profité de cette assemblée générale pour évoquer ses difficultés à créer une section ovine au sein de l’association des éleveurs. Elvéa souhaite en effet être reconnue comme organisation de producteurs ovine pour les éleveurs qui commercialisent leurs animaux à des opérateurs privés. Moins répandu qu’en bovins, le commerce privé a tout de même quelques adeptes ovins dans le département. Pour Jean-Michel Morel, l’idée est toujours de les fédérer au sein de l’association afin qu’ils soient mieux organisés, informés et moins isolés. Le dossier présenté par Elvéa 71-58 a été ajourné au niveau national au motif qu’il était inférieur à un seuil de 40.000 animaux et que certains adhérents étaient communs avec d’autres organisations de producteurs. Pour Elvéa, la pilule est un peu difficile à avaler car il s’avère que certaines coopératives ont eu droit à une dérogation pour le seuil des 40.000. Pour son président, l’argument du volume ne tient pas pour justifier ce blocage. Une organisation peut en effet très bien fonctionner avec moins de 40.000 animaux.
Frédéric Renaud
La mobilisation syndicale paie
« L’actualité 2012 de la section ovine a été marquée par notre participation à la réflexion "L’Avenir en confiance" ainsi que notre action sur la conditionnalité et l’identification. 70 - 80 % des contrôles donnaient lieu à des sanctions pour des problèmes d’identification ! Exemple : il suffisait que trois brebis sur un élevage de 600 aient un défaut de boucle pour avoir une pénalité de 1 % ! Nous avons fait remonter ce problème aux pouvoirs publics par la FNO et nous avons été entendus. Désormais, si le taux d’animaux non conformes ne dépasse par 15 %, le contrôleur a le devoir de proposer une remise en conformité immédiate : c'est-à-dire que l’éleveur a la possibilité de remettre une boucle à l’animal au moment du contrôle.
C’est pour ce genre d’action que les éleveurs de moutons doivent se mobiliser au sein de notre section. Si la Saône-et-Loire est aujourd’hui l’un des rares départements à avoir inversé la tendance au niveau ovins, elle le doit à la mobilisation du syndicalisme et des organisations professionnelles. Il y a eu le rééquilibrage des aides pour lequel notre fédération nationale -FNO - s’est battue et des prix plus rémunérateurs. En Saône-et-Loire, la relance ovine doit beaucoup à un collectif formé par la chambre d’agriculture, la coopérative Terre d’Ovins, la section ovine et la FNO. Et ce sont notamment Michelle Michel, Laurent Solas, Maurice Huet et Hervé Giraud qui sont à l’origine de la réussite de la relance ovine départementale. Après avoir été longtemps mal considérée, la production ovine est redevenue attractive. Il y a dix ans, on n’avait jamais de demande de stage dans nos exploitations. Aujourd’hui, on reçoit cinq à six appels par an ! ».