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Robert Chaumont à Saint-Germain-du-Plain

Restructuration réussie

Il y a près d'un an, Robert Chaumont succédait à Guy Martin à la présidence d’Elva Novia. C’est une coopérative savamment restructurée, couvrant une zone de 1 million de vaches et six départements que l’éleveur de la Bresse chalonnaise préside désormais. Une coopérative d’IA qui s’est transformée en entreprise au service des éleveurs, avec comme cœur de métier : la reproduction.
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En 2015, Robert Chaumont, éleveur laitier à Saint-Germain-du-Plain, a succédé à Guy Martin à la présidence d’Elva Novia. Une succession qui n’est pas tout à fait une surprise car si la présidence est passée d’un éleveur charolais du Bourbonnais à un éleveur de Prim’holstein de la Bresse chalonnaise, elle s’est néanmoins transmise entre deux hommes qui partagent beaucoup de convictions en commun. Notamment, cette envie d’aller constamment de l’avant, ce goût d’innover, d’entreprendre, d’évoluer… Mais aussi cette intuition qu’une coopérative, tout comme une exploitation, est désormais une entreprise à part entière.
Entré administrateur il y a 25 ans, animé par sa passion de la génétique bovine, Robert Chaumont a vécu de l’intérieur la transformation de la coopérative d’insémination de Verdun-sur-le-Doubs en Elva Novia aujourd’hui. Que de chemin parcouru ! Fusion avec la Côte-d’Or en 2002 pour donner Coop’Evolia ; création d’une nouvelle taurellerie à Fontaines quelques années plus tard et, enfin, fusion avec Génésia en 2012. La structure est ainsi passée d’un seul à six départements, couvrant une zone d’activité s’étendant de Langres en Haute-Marne à La Souterraine dans la Creuse.
Elva Novia, c’est aujourd’hui une zone comptant 1 million de vaches, dont trois quarts d’allaitantes ; 140 salariés dont 75 inséminateurs ; deux sites (Fontaines 71 et Marmillat 63) et une filiale commerciale "Généform"…

Stabilité retrouvée


Prendre la présidence d’une telle entité n’est pas une mince affaire, concède Robert Chaumont qui y voit notamment deux défis personnel : celui de l’étendue géographique, mais aussi de devoir succéder à Guy Martin, rien moins que l’artisan de la création du site de Fontaines, de la fusion avec Génésia et qui a même fait office de directeur (en plus de la présidence) de la structure bourguignonne avant que celle-ci ne fusionne avec Génésia. Sollicité par son prédécesseur depuis quelques années, Robert Chaumont a eu le temps de se préparer à cette nouvelle responsabilité et il a aussi eu l’avantage d'y accéder « à un moment où la stabilité revenait après une fusion éprouvante pour toute la structure ».
Dès son élection, il s’était donné comme objectif de « restaurer cette stabilité, de régler les derniers problèmes et d’atteindre l’équilibre financier. Ce que nous avons réussi », se réjouit-il aujourd’hui.

De l’IA, mais pas que…


Les processus de fusion qu’ont vécu chacune des coops constitutives d’Elva Novia ont été à chaque fois mûrement réfléchis. On se souvient des propos visionnaires de Guy Martin, présentant le projet de taurellerie de Fontaines dans les années 2000. « Un projet d’entreprise » comme il le désignait déjà à cette époque. « Le but n’a jamais été de grossir pour grossir, mais de réaliser une restructuration indispensable pour survivre », rappelle aujourd’hui Robert Chaumont. Ces fusions ont permis de réaliser des économies d’échelle, mais aussi « de structurer les choses. Si l’on était resté coopérative de Verdun, nous ne pourrions pas nous permettre d’avoir un directeur des ressources humaines, ni un contrôleur de gestion », fait remarquer le président. La fusion a surtout permis d’élargir les compétences et, par là même, de mieux répondre aux besoins des éleveurs. Le meilleur exemple en est l’apport de la filiale de repro-fournitures Généform qu’avait initiée Génésia en Auvergne. Grâce à cela, « la coopérative n’est plus seulement vendeuse d’inséminations artificielles, mais elle propose tout ce qui est lié à la reproduction, même pour des éleveurs qui n’inséminent pas (échographie, monitoring, contrôle de fertilité, prélèvement de taureau, minéraux spécifiques… », souligne Robert Chaumont.

« Un veau par vache et par an »


Elva Novia dispose aujourd’hui d’une véritable « offre de services » allant jusqu’au suivi de reproduction, disposant de son propre vétérinaire et de ses propres nutritionnistes au sein de Généform, révèle le président qui ajoute que cette gamme élargie est aussi dictée par la nécessité de répondre à la diversité des modes de reproduction pratiqués en élevage, plus particulièrement en élevage allaitant où l’insémination est moins généralisée qu’en laitières.
Ne voulant plus qu’on la résume à la seule "IA", Elva Novia veut être un outil au service des élevages pour les aider à s’adapter à la conjoncture. « Il faudra être de plus en plus technique ; avoir comme objectif un veau par vache et par an. A nous d’accompagner les élevages pour y parvenir », résume Robert Chaumont.

La génomie tient ses promesses


Bien entendu, la descendante des coopératives d’IA ne renie pas la génétique, bien au contraire ! Car, là aussi, il s’en est passé des choses depuis une quinzaine d’années ! Si du temps de Verdun, on aurait pu penser que le testage sur descendances était l’apogée du progrès dans la sélection, on n’imaginait pas que la génomie allait tout révolutionner ! Les taureaux génomiques sont aujourd’hui une réalité et les progrès permis par la sélection génomiques sont désormais concrets. « Grâce à la génomie, nous gagnons sept années de testage car nous avons des informations dès la naissance et que les taureaux peuvent être prélevés dès 15 mois », explique Robert Chaumont.
Plus rapide, la sélection génomique offre également davantage d’informations génétiques. « On affine sans cesse les critères de sélection. Exemple : le gène sans corne ou encore la taille des trayons des charolaises ou même le comportement des animaux… Autant de critères qui répondent aux attentes des éleveurs. En lait, on sélectionne sur la résistance aux mammites ou la résistance aux lésions du pied… Ce qui outre le fait d’améliorer la santé des animaux, limite aussi le recours aux antibiotiques. Toutes ces avancées ne sont pas qu’au service de la productivité », fait remarquer le président. « Elles répondent aussi aux attentes de la société en participant, par exemple, à la lutte contre l’antibiorésistance et pourquoi pas demain contre le réchauffement climatique en sélectionnant des animaux émettant moins de méthane… », imagine Robert Chaumont.

L’Avenir est dans le Pré…


C’est d’ailleurs le message qui sera porté lors du prochain salon L’Avenir est dans le Pré du 1er au 3 avril prochain à Chalon-sur-Saône. Président de Gen & Tech, aujourd’hui rebaptisé, Robert Chaumont entend à nouveau que ce salon puisse « montrer aux agriculteurs comme aux citadins que tout ce que nous faisons est raisonné. Que nous voulons non seulement faire gagner en valeur ajoutée et en compétitivité aux éleveurs, mais aussi répondre aux attentes des éleveurs et des consommateurs ». Et de ce point de vue-là, la génétique et les nouvelles technologies agricoles pourraient bien retrouver grâce aux yeux de la société tant elles offrent de possibilités nouvelles, pour concilier impératifs alimentaires, santé et environnement. C’est une des convictions qui animent Robert Chaumont dans cette nouvelle aventure.

Gaec du Progrès
Le choix de toujours aller de l’avant


Robert Chaumont est l’un des membres du Gaec du Progrès à Saint-Germain-du-Plain. La structure compte trois associés - Robert, son fils Christophe et Jean-Marc Lachaud - et elle emploie deux salariés dont l’épouse de Robert à temps partiel plus deux apprentis. Le lait a toujours été la principale activité de l’exploitation. Et déjà du temps du père de Robert, la ferme avait pour principe d’aller de l’avant, attirée par l’innovation et optant pour le développement de ses productions. Elle était la première du département à s’équiper d’une machine à traire dès 1954. En 1967, elle installait l’une des toutes premières salles de traite et en 1999, le premier robot de Saône-et-Loire ! L’arrivée du robot a été l’un des moments forts de la carrière de Robert. Une période « passionnante, voire remotivante », où la technologie était encore à parfaire… Pionnier, l’éleveur a participé à la mise au point de cette technologie. Installé en 1976 en Gaec avec son père, avec à l’époque 30 « françaises frisonnes pie noires », Robert confie qu’il était inconcevable pour lui de « continuer comme ça toute sa vie ! ». En dépit des coups durs, l’envie d’entreprendre et de rebondir a toujours été plus forte et la production laitière de la ferme n’a cessé de se développer. Le nombre de vaches a même doublé ces cinq dernières années ! Un choix que l’agriculteur justifie avec lucidité : « pour pouvoir produire du lait aujourd’hui, il faut beaucoup de lait par UTH et pour avoir une qualité de vie, il faut beaucoup d’UTH ». Une équation qui passe par une organisation sans faille au sein d’un Gaec qui conserve malgré tout un esprit familial. Une alternative crédible à la mondialisation en quelque sorte. Dans cet élevage un peu hors norme, la génétique tient une place importante. Notamment pour optimiser l’accroissement du cheptel. La sole conséquente de grandes cultures confère à l’exploitation une grande « cohérence » avec un élevage qui fournit la fumure et des céréales qui offrent l’autonomie en paille.