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Pâturage hivernal des ovins

Résultats sans ambiguïté

Conduire des brebis taries ou gestantes au pré en hiver ne pose pas de problème. Capables de couvrir leurs besoins avec une hauteur d’herbe de seulement quelques centimètres, les brebis valorisent ainsi la moindre pousse hivernale. Aucune conséquence sur le poids, ni sur les performances de reproduction. Et le bien-être des animaux n’est pas remis en cause. 
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Parallèlement aux travaux menés à la ferme de Jalogny avec les bovins, le pâturage hivernal est également à l’essai depuis trois saisons au Pôle régional ovin de Charolles. Relevant du même programme “Casdar Salinov” soutenu par le ministère de l’Agriculture et France AgriMer, la partie ovine est conduite de concert avec le site expérimental du Mourier en Haute-Vienne.
Le pâturage hivernal a été expérimenté pour deux types d’animaux : des brebis en fin de gestation, donc à très fort besoin alimentaire (Haute-Vienne) et des brebis taries à l’entretien (Charolles). Les brebis de Charolles agnellent en août-septembre pour un tarissement début novembre coïncidant avec le début du pâturage hivernal. Une partie de ces brebis ont accès à un affouragement en complément de l’herbe tandis que les autres n’ont rien du tout.
Les enseignements de ces trois hivers confirment la pertinence du pâturage hivernal pour des brebis. Capables de valoriser l’herbe jusqu’à moins de 2 cm de hauteur et d’en tirer une ingestion suffisante malgré le peu de stock apparent, les moutons sont particulièrement bien adaptés à ce type de conduite.

Gérer le stock d'herbe sur pied avec 3 à 4 brebis par hectare


La réussite du pâturage hivernal passe par la gestion du stock d'herbe sur pied en début d'hiver. Une hauteur d’herbe de 7 voire 5 cm à l’arrivée des animaux dans la parcelle suffit. C’est nettement moins qu’il ne faudrait pour des bovins. « Il faut compter 25 à 45 ares par brebis soit 3 ou 4 brebis par hectare. Et il faut tourner régulièrement, sans descendre en dessous de 2 cm de hauteur d’herbe », explique Laurent Solas.
Preuve que le pâturage hivernal fonctionne bien avec des moutons, les performances ont été maintenues entre les lots non affouragés et les lots affouragés. L’écart de poids à la sortie n’était pas significatif. « On observe même des reprises de poids si il y a des repousses », observe Laurent Solas de la chambre d’agriculture. Comme quoi l’herbe pâturée en hiver couvre bien les besoins des animaux. Par contre, en cas de grand froid, « ça décroche et il faut alors affourager ».
Même affouragées, les brebis ne consomment pas de foin tant que l’hiver ne se fait pas véritablement sentir. « On observe que lorsque le taux de matière sèche de l’herbe descend en dessous de 20 %, les brebis commencent à consommer du fourrage sec », précise Laurent Solas.

Des économies de fourrages non négligeables


Au final, la conduite au pâturage hivernal permettrait d’économiser, pour les brebis taries, 90 kg de foin par brebis par rapport à un passage en bergerie, calcule le technicien. « La reproduction se passe très bien derrière, si elles sont en reprise de poids à la lutte et que les béliers sont assez nombreux », précise Laurent Solas. Pour les brebis en fin de gestation, une économie de 40 kg de foin peut-être réalisée par rapport à une fin de gestation en bergerie. Le pâturage hivernal n’a pas eu de conséquence sur les agnelages qui ont suivi.

Ressource fourragère supplémentaire


Ces expérimentations tendent à prouver qu’une conduite des brebis au pâturage en hiver sans affouragement ni concentré est possible. C’est aussi une piste pour améliorer l’autonomie des systèmes fourragers ou augmenter le chargement en allant valoriser une ressource qui est habituellement gaspillée dans les exploitations. Cela remet aussi au goût du jour l’intérêt d’une conduite mixte bovins/ovins. Capables d’exploiter l’herbe en dessous de 4 cm, les moutons peuvent ainsi prendre le relais des bovins dans une parcelle déjà pâturée.

Nature bien faite !


Pour compléter le tableau - préoccupation sociétale oblige - le bien-être des animaux a été pris en compte. Au terme de nombreuses observations dans la saison, les responsables de l’expérimentation ne décèlent « aucune contre indication » au pâturage hivernal « même sans abri ». Outre une légère perte d’état corporel constatée, en dépit des 400 mm d’eau tombée l’hiver dernier, les techniciens ont constaté que la laine des ovins était toujours sèche en profondeur.
Quant à la prairie, huit jours suffisent au printemps pour rattraper le retard de végétation. Et cela malgré un pâturage très ras jusqu’à 2 cm de hauteur d’herbe. Le pâturage des ovins en hiver n’empiète pas sur la production estivale de la prairie.

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