Filière Viande bovine
Rétablir la vérité !
Pour la FNB, alors que les industriels privés de la filière Viandes -
via le Sniv - sont pris en flagrant délit de désinformation, il apparait
urgent de rétablir quelques vérités sur la situation réelle des
marchés. Démonstration.
via le Sniv - sont pris en flagrant délit de désinformation, il apparait
urgent de rétablir quelques vérités sur la situation réelle des
marchés. Démonstration.
Le Sniv (Syndicat national des industries privées de la viande) -et en écho une large part des abattoirs - ne cesse de diffuser le message suivant : « trop d’export en bovins vifs finis et hausse du prix producteur = mise en cause de l’activité des abattoirs + hausse des importations + baisse de la consommation en France ».
Pour la FNB, il ne s’agit là que d’une vaste campagne de désinformation. Et de le prouver. Chiffres à l’appui.
Au sujet de la soi-disant "pénurie d’animaux" dans les abattoirs, 2011 a été une année record pour le nombre de gros bovins abattus en France avec +125.000 têtes par rapport à 2010 (+3,5 %) et +229.000 têtes par rapport à 2009 (+6,6 %). Sur les quatre premiers mois de 2012, les abattages (source Agreste) de gros bovins sont en moyenne de 298.000 têtes par mois, un niveau certes de 5 % inférieur à la même période de 2011, année record pour les abattages, mais un niveau supérieur à celui constaté en moyenne de 2005 à 2010. Autant dire que l’on est loin de la pénurie et du déficit vital d’activité.
Les conséquences de la décapitalisation
La hausse des exports de gros bovins mâles finis a représenté 45.000 têtes en 2011, soit seulement 1,2 % du volume total des gros bovins abattus.
Dans son analyse, le Sniv oublie aussi de souligner que la baisse des abattages de gros bovins mâles finis (-90.000 têtes notamment de septembre 2011, début des exports vers la Turquie, à février 2012) résulte pour plus de moitié de la baisse de production en France (- 52.000 têtes sur cette même période).
Il y a tout simplement moins de mâles produits, car il y a moins de vaches ! Sur les trois premiers mois de 2012, la "production de bovins finis" (abattages et export vifs, et non les seuls abattages) s’établit à 102.000 têtes en moyenne, -14 % par rapport à la même période de 2011, et -7 % par rapport à la même période des cinq dernières années.
Au-delà de la décapitalisation structurelle en cheptel laitier, s’ajoute désormais la décapitalisation en cheptel allaitant (-4 % sur l’effectif de femelles viande de plus de 36 mois, selon les derniers chiffres de la BDNI). Rien qu’en Saône-et-Loire, le cheptel mère allaitante aurait ainsi perdu rien moins que 10.000 têtes en 2011…
Un référentiel faussé…
Quant à la baisse des exports de viande bovine de -14% (en valeur) par rapport à 2011 sur les trois premiers mois de 2012, elle est certes réelle, mais le Sniv oublie de signaler que 2011 avait été une année exceptionnellement haute pour les exports de viande bovine (+9 % en volume par rapport à 2010, +15 % par rapport à 2009).
Excepté 2011, il faut remonter à 2004 pour trouver un chiffre supérieur…
Dans ces conditions, les conclusions des industriels privés du Sniv sur cette baisse des exports de viande - « trop rare et trop chère, la viande française intéresse moins nos voisins » - sont pour le moins biaisées. Pour preuve :
- au premier semestre 2011, les volumes d’export viande français ont été augmentés par le flux vers la Turquie, aujourd’hui pénalisé par des droits de douane plus élevés instaurés ;
- les prix des bovins et donc de la viande bovine ont tout autant augmenté dans les autres pays européens. Ce n’est donc pas réellement le prix de la viande bovine française qui freine les exports, mais une production qui a baissé et des marchés qui se sont fermés.
L’évolution des abattages dans d’autres pays est d’ailleurs à la baisse de façon généralisée sur les deux premiers mois de 2012, sauf en Allemagne : aux Pays-Bas (-12 %), en Italie (-17 %), en Espagne (-6 %), en Pologne (-22 %), en Irlande (-2 %), au Royaume-Uni (-9 %). Leurs exportations devraient baisser.
La menace de la "croissance des importations" ?
« Pendant ce temps, met en garde le Sniv, la viande d’importation prend petit à petit des parts de marché : +11 % sur les trois premiers mois de 2012 ». On sait que les industriels agitent régulièrement l’argument de cette hausse des importations, mais là également la présentation est fallacieuse. Le chiffre donné par le Sniv est l’évolution des importations en valeur. Cette hausse de +11 % s’explique en fait par la hausse du prix unitaire des viandes importées dans un contexte de progression générale des prix.
En volumes, la tendance est toute autre. Les importations de viande bovine sont en baisse de -3 % par rapport à 2011, selon Agreste, sur les trois premiers mois, et en baisse de -10 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années ! Pas étonnant compte tenu de la baisse de production dans les autres pays européens - tout comme en Amérique du sud -, et quand les prix à la production dans les autres pays européens sont en forte progression. Mais cela a peut-être échappé aux abatteurs ?
A titre d’aide-mémoire, voici le comparatif de prix sur le Prix moyen pondéré (PMP) de mars 2012 (source Agreste) :
Le PMP en France s’établissait à 3,49 € par kg carcasse (+22 % par rapport à avril 2010). Dans le même temps, il était en Allemagne à 3,49 € également (+29 %), au Royaume-Uni à 3,85 € (+36 %), en Italie à 3,90 € (+15 %) et en Irlande à 3,75 € (+39 %).
Comparatif de prix pour avril 2012 selon les données GEB par type d’animaux
Insérer ici le tableau
Le Sniv alerte sur le fait qu’« une baisse de la consommation en France serait la conséquence de la hausse des prix au consommateur ».
Sur ce point, il faut certes noter que le panel Kantar de suivi de la consommation des ménages s’établit à -3,8 % sur les 3,5 premiers mois de 2012, avec une hausse du prix moyen consommateur de +2,9 %. Mais les données plus complètes d’Agreste avec un "calcul par bilan" et non par "sondage" indiquent une baisse de consommation limitée à -0,6 % pour la viande de gros bovins sur les trois premiers mois de 2012 par rapport à 2011, Il faut donc toujours relativiser les chiffres du "panel" consommation, qui semblent une nouvelle fois en décalage avec la réalité de la consommation globale.
Il faut aussi observer que la viande de porc affiche dans ce même panel une hausse de prix consommateur de +5,3 % (mais avec un volume de consommation en hausse de +0,8 %), la volaille un prix consommateur en hausse de +3,6 % (avec une consommation maintenue). Et le bœuf surgelé, pourtant au plus bas de l’échelle de prix des viandes (5,70 € le kg en moyenne contre 7,73 € en volailles et 6,56 € en porc) se situe lui en baisse de -3,2 % de volume de consommation.
Ne faut-il donc pas rechercher d’autres explications à l’érosion de la consommation que le seul argument du prix trop élevé au consommateur, dans un univers de consommation où l’ensemble des prix augmente ?
Que recherche donc le Sniv ?
Où donc veut aller le Sniv s’il s’agit de faire baisser les prix consommateurs et donc les prix "producteurs" si l’on a bien compris sa démonstration ? Faire baisser les prix au producteur, c’est maintenir une crise de revenu qui dure déjà depuis plus de 5 ans (13.700 € selon les chiffres du ministère pour le revenu moyen par UTA des éleveurs bovins viande en 2011, à 45 % seulement de la moyenne agricole) et induit un risque majeur de désengagement de la production.
Les coûts de production en élevage sont à un niveau jamais atteint. L’indice Ipampa Viande bovine est de 30 % supérieur à la situation d’avant 2007 et l’explosion des charges. Et pourtant les gains de compétitivité des éleveurs ont été constants, ainsi que les chiffres de l’Institut de l’élevage l’attestent avec notamment une hausse de +30 % en 10 ans de la productivité, mesurée en kg vif produit par éleveur.
Visiblement le Sniv n’a toujours pas intégré le nouveau contexte économique, et la nécessité d’agir dans une situation de prix élevé.
Maintenir la consommation dans ce contexte, c’est agir par la communication, favoriser les démarches valorisantes pour le produit, améliorer la qualité : à ce sujet quelle est donc la durée de maturation de la viande en ce moment dans les abattoirs ? Est-elle suffisante pour le consommateur en adéquation avec le prix du produit ?
C’est aussi répondre aux attaques des lobbys anti viandes, alors même que le Sniv est longtemps resté insensible sur ce dossier, quand la FNB et d’autres tiraient la sonnette d’alarme depuis des années…
Consommation intérieure, abattages, exports, activité de la filière, autant de vrais enjeux. Mais au-delà d’une réalité tronquée affichée par les industriels, la FNB a rappelé enfin que si certains abatteurs continuent de jouer la politique du pire avec un discours centré sur la baisse des prix et le simple besoin de volume, alors oui, ils peuvent s’inquiéter. Non pas d’exports de bovins finis qui demeurent à des volumes limités (mais essentiels pour permettre d’équilibrer le marché et faire augmenter les prix des bovins, cela se vérifie chaque semaine !), mais s’inquiéter pour la pérennité de l’élevage… et donc pour la pérennité des outils de la filière.
Pour la FNB, il ne s’agit là que d’une vaste campagne de désinformation. Et de le prouver. Chiffres à l’appui.
Au sujet de la soi-disant "pénurie d’animaux" dans les abattoirs, 2011 a été une année record pour le nombre de gros bovins abattus en France avec +125.000 têtes par rapport à 2010 (+3,5 %) et +229.000 têtes par rapport à 2009 (+6,6 %). Sur les quatre premiers mois de 2012, les abattages (source Agreste) de gros bovins sont en moyenne de 298.000 têtes par mois, un niveau certes de 5 % inférieur à la même période de 2011, année record pour les abattages, mais un niveau supérieur à celui constaté en moyenne de 2005 à 2010. Autant dire que l’on est loin de la pénurie et du déficit vital d’activité.
Les conséquences de la décapitalisation
La hausse des exports de gros bovins mâles finis a représenté 45.000 têtes en 2011, soit seulement 1,2 % du volume total des gros bovins abattus.
Dans son analyse, le Sniv oublie aussi de souligner que la baisse des abattages de gros bovins mâles finis (-90.000 têtes notamment de septembre 2011, début des exports vers la Turquie, à février 2012) résulte pour plus de moitié de la baisse de production en France (- 52.000 têtes sur cette même période).
Il y a tout simplement moins de mâles produits, car il y a moins de vaches ! Sur les trois premiers mois de 2012, la "production de bovins finis" (abattages et export vifs, et non les seuls abattages) s’établit à 102.000 têtes en moyenne, -14 % par rapport à la même période de 2011, et -7 % par rapport à la même période des cinq dernières années.
Au-delà de la décapitalisation structurelle en cheptel laitier, s’ajoute désormais la décapitalisation en cheptel allaitant (-4 % sur l’effectif de femelles viande de plus de 36 mois, selon les derniers chiffres de la BDNI). Rien qu’en Saône-et-Loire, le cheptel mère allaitante aurait ainsi perdu rien moins que 10.000 têtes en 2011…
Un référentiel faussé…
Quant à la baisse des exports de viande bovine de -14% (en valeur) par rapport à 2011 sur les trois premiers mois de 2012, elle est certes réelle, mais le Sniv oublie de signaler que 2011 avait été une année exceptionnellement haute pour les exports de viande bovine (+9 % en volume par rapport à 2010, +15 % par rapport à 2009).
Excepté 2011, il faut remonter à 2004 pour trouver un chiffre supérieur…
Dans ces conditions, les conclusions des industriels privés du Sniv sur cette baisse des exports de viande - « trop rare et trop chère, la viande française intéresse moins nos voisins » - sont pour le moins biaisées. Pour preuve :
- au premier semestre 2011, les volumes d’export viande français ont été augmentés par le flux vers la Turquie, aujourd’hui pénalisé par des droits de douane plus élevés instaurés ;
- les prix des bovins et donc de la viande bovine ont tout autant augmenté dans les autres pays européens. Ce n’est donc pas réellement le prix de la viande bovine française qui freine les exports, mais une production qui a baissé et des marchés qui se sont fermés.
L’évolution des abattages dans d’autres pays est d’ailleurs à la baisse de façon généralisée sur les deux premiers mois de 2012, sauf en Allemagne : aux Pays-Bas (-12 %), en Italie (-17 %), en Espagne (-6 %), en Pologne (-22 %), en Irlande (-2 %), au Royaume-Uni (-9 %). Leurs exportations devraient baisser.
La menace de la "croissance des importations" ?
« Pendant ce temps, met en garde le Sniv, la viande d’importation prend petit à petit des parts de marché : +11 % sur les trois premiers mois de 2012 ». On sait que les industriels agitent régulièrement l’argument de cette hausse des importations, mais là également la présentation est fallacieuse. Le chiffre donné par le Sniv est l’évolution des importations en valeur. Cette hausse de +11 % s’explique en fait par la hausse du prix unitaire des viandes importées dans un contexte de progression générale des prix.
En volumes, la tendance est toute autre. Les importations de viande bovine sont en baisse de -3 % par rapport à 2011, selon Agreste, sur les trois premiers mois, et en baisse de -10 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années ! Pas étonnant compte tenu de la baisse de production dans les autres pays européens - tout comme en Amérique du sud -, et quand les prix à la production dans les autres pays européens sont en forte progression. Mais cela a peut-être échappé aux abatteurs ?
A titre d’aide-mémoire, voici le comparatif de prix sur le Prix moyen pondéré (PMP) de mars 2012 (source Agreste) :
Le PMP en France s’établissait à 3,49 € par kg carcasse (+22 % par rapport à avril 2010). Dans le même temps, il était en Allemagne à 3,49 € également (+29 %), au Royaume-Uni à 3,85 € (+36 %), en Italie à 3,90 € (+15 %) et en Irlande à 3,75 € (+39 %).
Comparatif de prix pour avril 2012 selon les données GEB par type d’animaux
Insérer ici le tableau
Le Sniv alerte sur le fait qu’« une baisse de la consommation en France serait la conséquence de la hausse des prix au consommateur ».
Sur ce point, il faut certes noter que le panel Kantar de suivi de la consommation des ménages s’établit à -3,8 % sur les 3,5 premiers mois de 2012, avec une hausse du prix moyen consommateur de +2,9 %. Mais les données plus complètes d’Agreste avec un "calcul par bilan" et non par "sondage" indiquent une baisse de consommation limitée à -0,6 % pour la viande de gros bovins sur les trois premiers mois de 2012 par rapport à 2011, Il faut donc toujours relativiser les chiffres du "panel" consommation, qui semblent une nouvelle fois en décalage avec la réalité de la consommation globale.
Il faut aussi observer que la viande de porc affiche dans ce même panel une hausse de prix consommateur de +5,3 % (mais avec un volume de consommation en hausse de +0,8 %), la volaille un prix consommateur en hausse de +3,6 % (avec une consommation maintenue). Et le bœuf surgelé, pourtant au plus bas de l’échelle de prix des viandes (5,70 € le kg en moyenne contre 7,73 € en volailles et 6,56 € en porc) se situe lui en baisse de -3,2 % de volume de consommation.
Ne faut-il donc pas rechercher d’autres explications à l’érosion de la consommation que le seul argument du prix trop élevé au consommateur, dans un univers de consommation où l’ensemble des prix augmente ?
Que recherche donc le Sniv ?
Où donc veut aller le Sniv s’il s’agit de faire baisser les prix consommateurs et donc les prix "producteurs" si l’on a bien compris sa démonstration ? Faire baisser les prix au producteur, c’est maintenir une crise de revenu qui dure déjà depuis plus de 5 ans (13.700 € selon les chiffres du ministère pour le revenu moyen par UTA des éleveurs bovins viande en 2011, à 45 % seulement de la moyenne agricole) et induit un risque majeur de désengagement de la production.
Les coûts de production en élevage sont à un niveau jamais atteint. L’indice Ipampa Viande bovine est de 30 % supérieur à la situation d’avant 2007 et l’explosion des charges. Et pourtant les gains de compétitivité des éleveurs ont été constants, ainsi que les chiffres de l’Institut de l’élevage l’attestent avec notamment une hausse de +30 % en 10 ans de la productivité, mesurée en kg vif produit par éleveur.
Visiblement le Sniv n’a toujours pas intégré le nouveau contexte économique, et la nécessité d’agir dans une situation de prix élevé.
Maintenir la consommation dans ce contexte, c’est agir par la communication, favoriser les démarches valorisantes pour le produit, améliorer la qualité : à ce sujet quelle est donc la durée de maturation de la viande en ce moment dans les abattoirs ? Est-elle suffisante pour le consommateur en adéquation avec le prix du produit ?
C’est aussi répondre aux attaques des lobbys anti viandes, alors même que le Sniv est longtemps resté insensible sur ce dossier, quand la FNB et d’autres tiraient la sonnette d’alarme depuis des années…
Consommation intérieure, abattages, exports, activité de la filière, autant de vrais enjeux. Mais au-delà d’une réalité tronquée affichée par les industriels, la FNB a rappelé enfin que si certains abatteurs continuent de jouer la politique du pire avec un discours centré sur la baisse des prix et le simple besoin de volume, alors oui, ils peuvent s’inquiéter. Non pas d’exports de bovins finis qui demeurent à des volumes limités (mais essentiels pour permettre d’équilibrer le marché et faire augmenter les prix des bovins, cela se vérifie chaque semaine !), mais s’inquiéter pour la pérennité de l’élevage… et donc pour la pérennité des outils de la filière.