Retour sur l'assemblée générale de la FDSEA, alors que « le monde bouge, bougeons aussi ! »
La 73e assemblée générale de la FDSEA 71 a été marquée par la présence de Christiane Lambert. Au-delà du symbole d’être la première femme à la tête de la FNSEA, la présidente a livré un discours sans langue de bois, n’hésitant pas à bousculer les idées reçues, quitte à rompre avec les habitudes syndicales.

« Je pourrais pleurer avec vous ! », répliquait Christiane Lambert face aux nombreuses inquiétudes manifestées lors de la 73e assemblée générale de la FDSEA le 20 mars à Blanzy. Mais la présidente de la FNSEA a préféré tenir un discours offensif de vérité pour mieux encourager à évoluer. « Parce que le monde bouge, il faut bouger ! », martelait-elle, rappelant au passage que « le collectif permet d’emmener des gens qui, seuls, n’y arriveraient pas ».
Sur tous les sujets évoqués, la présidente nationale a livré un point de vue inédit. Rompue aux médias et aux réseaux sociaux et reconnue pour ses talents de communicante, Christiane Lambert ne sous-estime pas la puissance des attaques contre l’agriculture qui, pour elle, blessent tout autant, voire plus encore, les agriculteurs que le manque de rémunération. 87 % des consommateurs disent aimer les agriculteurs, rappelait-elle, mais entre les deux, il y a cet écran déformant constitué par les médias, les politiques et les ONG…
Toute l’agriculture française est qualitative
Certes, « le client est roi », reconnaissait-elle, mais la profession a un gros travail devant elle pour faire connaître ce qu’elle fait déjà. « Car l’agriculture française est qualitative ! Et nous avons intérêt à promouvoir l’excellence française », encourageait Christiane Lambert. Et pour celle qui fut la présidente du très précurseur réseau de l’Agriculture raisonnée (Farre), pas question de succomber à une vision « bucolique » de l’agriculture, telle qu'elle prévaut désormais dans les conversations entre citadins.
Non, il n’y a pas que le bio ou la vente directe qui sont vertueux ! En France, le conventionnel est qualitatif aussi, recadrait la présidente de la FNSEA. Et même l’agriculture dite "industrielle" peut être vertueuse parce qu’elle est très « pro », affirmait Christiane Lambert.
Des producteurs très « pros »
Or ce capital qualitatif français, il faut le faire connaître et reconnaître.
« Au fond, les consommateurs ne veulent pas des produits du Mercosur. Echaudés par le scandale de la viande de lasagne Findus, ils sont redevenus exigeants sur l’origine », estimait-elle. Dans un temps médiatique toujours très compté, plutôt que de continuer à critiquer la concurrence, les agriculteurs français sont encouragés à expliquer ce qu’ils font. Et les exemples ne manquent pas pour démontrer l’importance des efforts accomplis par les producteurs français. A commencer par la Charte des bonnes pratiques d’élevage qui, suite à la première crise de l’ESB, avait permis de ramener la chute de consommation de viande bovine de -70 % à -10 % ! « Comme quoi, c’est possible ! », démontrait Christiane Lambert. Autre exemple avec l’usage des antibiotiques et des médicaments vétérinaires. Alors que l’objectif national était de diminuer l’usage des antibiotiques de -25 %, la France est parvenue à abaisser sa consommation de -37 %, ce qui en fait la championne mondiale, soulignait la présidente. Idem pour les médicaments, poursuivait-elle, déplorant que cette performance - dont les vétérinaires ont su tirer une reconnaissance - n’aie jamais été relayée auprès des consommateurs.
Vertu pédagogique...
Tandis que dans les campagnes, les Etats généraux de l’Alimentation ont été perçu avec beaucoup de scepticisme, la présidente de la FNSEA leur reconnaissait au moins le mérite d’avoir eu une vertu pédagogique en remettant le coût de production au cœur de la rémunération des producteurs. Là encore, plutôt que de condamner d’emblée les pouvoirs publics, Christiane Lambert saluait le fait que le président de la République ait reconnu que « la guerre des prix ne faisait que des perdants ». Une phrase à l'origine portée par la profession, désormais reprise par Emmanuel Macron et qui prouve que la profession a été entendue, estimait la présidente de la FNSEA.
Des débouchés et des centimes plutôt que des contraintes
Devant l’impatience des producteurs, Christiane Lambert prévenait « qu’il ne fallait pas tout attendre de Paris ni de la loi. Il y a du travail à faire localement. Le producteur est plébiscité par le consommateur et certains sont prêts à payer plus cher leurs produits. Le changement prendra du temps », estimait la présidente. Certes, de nouvelles formes de commerce émergent de partout, comme les magasins de producteurs ; les Amap, La Ruche qui dit oui… « Mais 80 % des agriculteurs ne font pas de vente directe », tempérait Christiane Lambert. Pour eux, ce sera aux structures coopératives de leur permettre d’avoir accès à une relation commerciale bien encadrée. Tout en saluant et en relativisant la portée des démarches telles que "C’est qui le patron !?" ou "Les producteurs vous disent merci », qui ne représentent que d’infimes volumes à l’échelle nationale, la présidente leur reconnaissait un effet pédagogique, ajoutant que 80 % de l’alimentation passe encore par la grande distribution. A l’instar du "Contrat de solutions", la présidente de la FNSEA préconise de prendre de court la filière de sorte que les producteurs obtiennent « des garanties de débouchés plutôt que des contraintes en plus. Pas des cahiers des charges à l’amont et les centimes à l’aval ».
« Moi, je recherche des solutions ! »
Se plaçant résolument dans la « recherche de solutions », Christiane Lambert répète que « le monde bouge très vite » et qu’il faut être capable de « se prendre en main » pour en saisir toutes les opportunités. Pour elle, les Etats généraux de l'Alimentation ont le mérite de bousculer la construction des prix. Le développement durable, la responsabilité sociétale…, il faut désormais faire avec. La production d’énergie est un chantier à saisir. De même que les opportunités du numérique, la montée en gamme des produits, la Pac… « On peut toujours changer d’orientation sur sa ferme », ose la présidente de la FNSEA, convaincue que « non, ce n’était pas mieux avant. Les changements se font en transition. La modernité et l’innovation sont la solution. Pas la décroissance et le passé », concluait Christiane Lambert.
Retour sur l'assemblée générale de la FDSEA, alors que « le monde bouge, bougeons aussi ! »

« Je pourrais pleurer avec vous ! », répliquait Christiane Lambert face aux nombreuses inquiétudes manifestées lors de la 73e assemblée générale de la FDSEA le 20 mars à Blanzy. Mais la présidente de la FNSEA a préféré tenir un discours offensif de vérité pour mieux encourager à évoluer. « Parce que le monde bouge, il faut bouger ! », martelait-elle, rappelant au passage que « le collectif permet d’emmener des gens qui, seuls, n’y arriveraient pas ».
Sur tous les sujets évoqués, la présidente nationale a livré un point de vue inédit. Rompue aux médias et aux réseaux sociaux et reconnue pour ses talents de communicante, Christiane Lambert ne sous-estime pas la puissance des attaques contre l’agriculture qui, pour elle, blessent tout autant, voire plus encore, les agriculteurs que le manque de rémunération. 87 % des consommateurs disent aimer les agriculteurs, rappelait-elle, mais entre les deux, il y a cet écran déformant constitué par les médias, les politiques et les ONG…
Toute l’agriculture française est qualitative
Certes, « le client est roi », reconnaissait-elle, mais la profession a un gros travail devant elle pour faire connaître ce qu’elle fait déjà. « Car l’agriculture française est qualitative ! Et nous avons intérêt à promouvoir l’excellence française », encourageait Christiane Lambert. Et pour celle qui fut la présidente du très précurseur réseau de l’Agriculture raisonnée (Farre), pas question de succomber à une vision « bucolique » de l’agriculture, telle qu'elle prévaut désormais dans les conversations entre citadins.
Non, il n’y a pas que le bio ou la vente directe qui sont vertueux ! En France, le conventionnel est qualitatif aussi, recadrait la présidente de la FNSEA. Et même l’agriculture dite "industrielle" peut être vertueuse parce qu’elle est très « pro », affirmait Christiane Lambert.
Des producteurs très « pros »
Or ce capital qualitatif français, il faut le faire connaître et reconnaître.
« Au fond, les consommateurs ne veulent pas des produits du Mercosur. Echaudés par le scandale de la viande de lasagne Findus, ils sont redevenus exigeants sur l’origine », estimait-elle. Dans un temps médiatique toujours très compté, plutôt que de continuer à critiquer la concurrence, les agriculteurs français sont encouragés à expliquer ce qu’ils font. Et les exemples ne manquent pas pour démontrer l’importance des efforts accomplis par les producteurs français. A commencer par la Charte des bonnes pratiques d’élevage qui, suite à la première crise de l’ESB, avait permis de ramener la chute de consommation de viande bovine de -70 % à -10 % ! « Comme quoi, c’est possible ! », démontrait Christiane Lambert. Autre exemple avec l’usage des antibiotiques et des médicaments vétérinaires. Alors que l’objectif national était de diminuer l’usage des antibiotiques de -25 %, la France est parvenue à abaisser sa consommation de -37 %, ce qui en fait la championne mondiale, soulignait la présidente. Idem pour les médicaments, poursuivait-elle, déplorant que cette performance - dont les vétérinaires ont su tirer une reconnaissance - n’aie jamais été relayée auprès des consommateurs.
Vertu pédagogique...
Tandis que dans les campagnes, les Etats généraux de l’Alimentation ont été perçu avec beaucoup de scepticisme, la présidente de la FNSEA leur reconnaissait au moins le mérite d’avoir eu une vertu pédagogique en remettant le coût de production au cœur de la rémunération des producteurs. Là encore, plutôt que de condamner d’emblée les pouvoirs publics, Christiane Lambert saluait le fait que le président de la République ait reconnu que « la guerre des prix ne faisait que des perdants ». Une phrase à l'origine portée par la profession, désormais reprise par Emmanuel Macron et qui prouve que la profession a été entendue, estimait la présidente de la FNSEA.
Des débouchés et des centimes plutôt que des contraintes
Devant l’impatience des producteurs, Christiane Lambert prévenait « qu’il ne fallait pas tout attendre de Paris ni de la loi. Il y a du travail à faire localement. Le producteur est plébiscité par le consommateur et certains sont prêts à payer plus cher leurs produits. Le changement prendra du temps », estimait la présidente. Certes, de nouvelles formes de commerce émergent de partout, comme les magasins de producteurs ; les Amap, La Ruche qui dit oui… « Mais 80 % des agriculteurs ne font pas de vente directe », tempérait Christiane Lambert. Pour eux, ce sera aux structures coopératives de leur permettre d’avoir accès à une relation commerciale bien encadrée. Tout en saluant et en relativisant la portée des démarches telles que "C’est qui le patron !?" ou "Les producteurs vous disent merci », qui ne représentent que d’infimes volumes à l’échelle nationale, la présidente leur reconnaissait un effet pédagogique, ajoutant que 80 % de l’alimentation passe encore par la grande distribution. A l’instar du "Contrat de solutions", la présidente de la FNSEA préconise de prendre de court la filière de sorte que les producteurs obtiennent « des garanties de débouchés plutôt que des contraintes en plus. Pas des cahiers des charges à l’amont et les centimes à l’aval ».
« Moi, je recherche des solutions ! »
Se plaçant résolument dans la « recherche de solutions », Christiane Lambert répète que « le monde bouge très vite » et qu’il faut être capable de « se prendre en main » pour en saisir toutes les opportunités. Pour elle, les Etats généraux de l'Alimentation ont le mérite de bousculer la construction des prix. Le développement durable, la responsabilité sociétale…, il faut désormais faire avec. La production d’énergie est un chantier à saisir. De même que les opportunités du numérique, la montée en gamme des produits, la Pac… « On peut toujours changer d’orientation sur sa ferme », ose la présidente de la FNSEA, convaincue que « non, ce n’était pas mieux avant. Les changements se font en transition. La modernité et l’innovation sont la solution. Pas la décroissance et le passé », concluait Christiane Lambert.