Rien d’irrémédiable en terme de dépérissement
Les interprofessions vitivinicoles, regroupées au sein du CNIV, avec le soutien du Ministère de l’Agriculture et de FranceAgriMer, se sont engagées dans un Plan National contre le Dépérissement du Vignoble. Une démarche qui concerne en premier lieu le vignoble bourguignon. Car, si elle est inquiétante, la situation n’est pas irrémédiable.
Le dépérissement est un phénomène complexe qui touche toutes les régions viticoles et affecte la productivité du vignoble. En dix ans, 19 % de la surface des vignes mères de greffon a disparu et le dépérissement est responsable d’une perte de rendement annuelle de 4,6 hectolitres par hectare. Piloté par les professionnels, le Plan national dépérissement du vignoble traduit la volonté de la filière d’agir à tous les niveaux. Il apparaît nécessaire d’apporter une réponse différente à cette sensibilité accrue de la vigne aux stress, à l’échelle de chaque région viticole. Agir sans attendre, sur tous les fronts, cela signifie d’abord donner des clés aux viticulteurs pour limiter les dépérissements, en tenant compte de leurs contraintes économiques et réglementaires. Mais c’est aussi travailler avec les pépiniéristes viticoles sur le matériel végétal, en les intégrant pleinement à la démarche. Et c’est, en même temps, engager un programme scientifique à l’échelle nationale et européenne, co-construit avec les équipes de recherche, permettant de combler les lacunes ayant été identifiées.
La Bourgogne pas épargnée
Lorsque l’on observe le seul cas bourguignon, le problème est prégnant. Bien évidemment, la région subit une baisse de rendements. Alors que la Côte-d’Or est plus particulièrement touchée par la virose, la Saône-et-Loire et l’Yonne sont davantage confrontées aux maladies du bois, notamment l’esca. De manière plus large, les vignes subissent aussi bien les attaques des ravageurs, liées aux conditions climatiques, que des problématiques d’alimentation hydrique de la plante. Au final, cela donne une kyrielle de facteurs de dépérissement, ce qui rend la résolution du problème extrêmement complexe. Par ailleurs, un constat s’impose : certaines pratiques professionnelles, pas forcément optimales voire nocives (telles que la taille "mutilante"), sont une porte d’entrée aux pathogènes. Il faut également souligner qu’il n’est pas fait assez attention au repos du sol. Il convient dès lors, à court terme, d’effectuer un travail de formation et d’information, notamment en terme de pratique de taille. A plus long terme, il faut travailler sur les pratiques culturales. De manière générale, il convient donc de remettre en cause certaines pratiques en terme de plantations, de préparation des sols… Mais aussi d’attacher plus de soin aux (choix de) plants et à leur qualité. Alors que les pépiniéristes s’étaient quelque peu désengagés de la recherche pendant deux décennies, les choses évoluent désormais dans le bon sens. Charge alors aux vignerons et aux pépiniéristes de réinventer leur relation.