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Elevage allaitant

Risque de basculement vers le végétal

Lors de son assemblée générale,
la Fédération nationale bovine mettra en garde les pouvoirs publics sur
les risques d’abandon de l’élevage vers les productions végétales si
rien n’est fait en terme de revalorisation des prix à la production et
de réorientation des soutiens vers l’élevage des ruminants.
Par Publié par Cédric Michelin
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« La production de viande bovine est à un virage historique ». A la veille de l’assemblée générale à Guéret, les 6 et 7 février, la Fédération nationale bovine (FNB) ne craint pas de dramatiser les enjeux. « Ou bien les entreprises, les pouvoirs publics français et communautaires donnent des signes positifs à l’élevage, ou bien les producteurs vont basculer vers les productions végétales », met-elle en garde.
De fait, la production de viande bovine a reculé de -5 % en 2012 en France et elle devrait encore se rétracter de quelque -2 % supplémentaires en 2013. Une conséquence de la décapitalisation du troupeau allaitant avec, en parallèle, la réduction structurelle du nombre de vaches laitières, observe la FNB.
Les données du revenu 2012, à peine 15.000 € par actif et par an pour les éleveurs bovins, à 40 % de la moyenne agricole soulignent le manque de rentabilité et l’écart des résultats avec les productions végétales notamment.

Relever les prix à la production


Priorité numéro un des éleveurs, le relèvement des prix à la production. Certes, la tendance est à la hausse, mais l’augmentation a été plus rapide que les coûts de production. Ce qui a neutralisé une partie de la marge. La FNB compte beaucoup sur l’export pour donner un coup de pouce aux prix et dénonce l’attitude des entreprises qui font pression à la baisse.
« Le comportement de certaines entreprises est suicidaire. Elle se mettent tout doucement la corde autour du cou avant de disparaître ». En refusant d’augmenter les prix à l’élevage, elles précipitent la baisse de production, et à terme la fermeture d’abattoirs, d’ateliers de découpe et la suppression des emplois et la désertification des campagnes, estime la FNB. Alors que le contexte mondial est porteur et que la demande de viande bovine devrait progresser de +15 à +25 % dans les années qui viennent, selon la FAO et l’OCDE.
Egalement interpellées les autorités communautaires. La FNB considère que la Pac post 2013 doit se positionner clairement en faveur des soutiens à l’élevage. D’abord par le maintien du couplage de la prime à la vache allaitante au niveau actuel de 200 €, une option aujourd'hui largement partagée par la profession agricole et les pouvoirs publics.

Sur-doter les hectares fourragers


En revanche, la demande de sur-primer les cinquante premiers hectares fourragers ne fait pas l’unanimité. Ni le Parlement européen, ni la Commission européenne ne l’ont actée dans leurs propositions et l’initiative de Stéphane Le Foll de sur-doter les premiers hectares porte sur les 50 premiers hectares de SAU et non sur la surface fourragère.
Autre demande prégnante, l’assouplissement des contraintes réglementaires sur la conservation des prairies permanentes de façon à favoriser l’autonomie fourragère des exploitations. Ainsi que le maintien du zonage des régions bénéficiaires des ICHN que la Commission européenne envisage de réviser.
« Le deuxième pilier doit favoriser dans sa déclinaison nationale l’orientation des mesures en faveur de l’élevage des ruminants », insiste la FNB qui trouve également le ministre un peu frileux en matière d’élevage et un défaut de stratégie clair en matière de réorientation des soutiens. N’a-t-il pas remis en cause l’aide à l’engraissement qui était censé donner un coup de pouce à la contractualisation et au développement de la production de jeunes bovins ? Alors qu’il prône par ailleurs un redéploiement des soutiens vers l’élevage…