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Santé animale

Santé animale : La baisse de l’exposition des animaux aux antibiotiques marque le pas en 2018

Après une forte baisse de l’exposition des animaux aux antibiotiques depuis 2011, celle-ci atteint globalement un plancher cette année avec une hausse de 0,7 % a souligné, le 15 novembre, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire ) qui appelle à la vigilance.


 

Par Publié par Cédric Michelin
Santé animale : La baisse de l’exposition des animaux aux antibiotiques marque le pas en 2018

« Il faut continuer la pression afin de ne pas repartir à la hausse » a prévenu Jean-Pierre Orand, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), lors de la présentation du bilan 2018 du Resapath (réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales) et du rapport annuel du suivi des médicaments vétérinaires. En effet, l’utilisation des antibiotiques pour les animaux d’élevage et de compagnie a atteint pour la première fois un plancher après huit années de baisse. « On savait qu’on allait l’atteindre » a-t-il ajouté.

Premier signal d’alerte

Si on détaille cette tendance par espèces, entre 2017 et 2018, le niveau d’exposition aux antibiotiques (indicateur ALEA : basé sur le nombre de milligrammes de principe actif par kilo) a diminué pour les volailles (-11,3 %), les porcs (- 2,7 %) et les carnivores domestiques (- 2 %) et il a augmenté pour les bovins (+ 8,4 %) et les lapins (+ 2 %). Ces hausses sont « mineures » a analysé Jean-Pierre Orand mais c’est « un premier signal d’alerte » a-t-il prévenu.

Changement de pratiques

Pour Gilles Salvat, directeur général délégué au pôle recherche et référence de l’Anses, le fait que les traitements via les injectables ont augmenté de 7,1 % pendant la même période et diminué pour les usages par voie orale signifie que l’on traite de manière plus « individuelle » les animaux. Ce qui est favorable pour lutter contre l’antibiorésistance. En effet, la voie injectable est moins exposante en termes de sélection de bactéries résistantes explique-t-il. « C’est un signe qu’on a changé la pratique d’utilisation des antibiotiques. Avant, on traitait en prévention des animaux non malades. Donc il y a des améliorations dans la conduite sanitaire des élevages en France et l’amélioration des mesures de biosécurité alors qu’on a actuellement la peste porcine à nos frontières » souligne Gilles Salvat. « Le monde de l’élevage a répondu très vite à ces enjeux, mais on n’a pas complètement révolutionné les pratiques d’élevages » temporise-t-il.

Des plans d’actions

Le premier plan Ecoantibio 2012/2016 visait une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques en 5 ans, avec un focus sur l’utilisation des antibiotiques d’importance critique en médecine vétérinaire et humaine (Céphalosporines de 3e et 4e générations et Fluoroquinolones). L’objectif global du premier plan a été atteint précise l’Anses avec une baisse de l’exposition animale aux antibiotiques de 36,5 % en 5 ans. Quant à l’objectif du second plan Ecoantibio 2017/2021, il vise une réduction de 50 % de l’exposition à la colistine en 5 ans en filière bovine, porcine et avicole. Cet objectif est d’ores-et-déjà atteint pour la filière porcine et est en voie d’être atteint pour les filières bovine et avicole. Depuis 2011, le tonnage d'antibiotiques vétérinaires vendus a baissé de 48,2 % année de référence du premier plan écoantibio, et il baisse encore de 5,5 % en 2018 sur un an, atteignant son plus bas niveau depuis le début du suivi, il y a 20 ans.