Se former aux couverts végétaux en vigne étroite pour trouver des solutions innovantes
La cave des Vignerons des Terres Secrètes a accueilli, le 14 janvier dernier, une formation relative aux couverts végétaux. L’occasion, en matinée, d'appréhender la problématique en salle. Puis, en après-midi, de se rendre sur le terrain afin de découvrir un cas concret.

Théorie le matin et cas concret en après-midi. Tel était le programme de cette journée du 14 janvier visant à former une quinzaine de viticulteurs à la problématique des couverts végétaux en vigne étroite. C’est à Benoît Bazerolle, conseiller viticole la Chambre d’Agriculture de Côte d’Or (depuis 2008) qu’est revenue la tâche d’évoquer un sujet de plus en plus prisé des viticulteurs du département : réussir ses couverts végétaux en vigne étroite.
Pas d’improvisation possible
En préambule, Benoît Bazerolle a tenu à préciser qu’il y a des avantages et des contraintes au couvert végétal. « Il y a des interventions supplémentaires, une technique à appréhender. Cela ne s’improvise pas ». Et de rappeler que, pour réaliser des couverts végétaux, il y a des choix à faire, qui joueront directement sur la réussite des couverts, notamment le semis. Selon les années et l'humectation du sol, certaines espèces germeront plus facilement que d'autres. Il faut ainsi s'adapter aux conditions climatiques avec, par exemple, plus de grosses graines lorsqu'il fait sec ». Inévitablement, le changement climatique a été évoqué. Avec un impact côté gel. Certes, même si le nombre de jours de gel a tendance à décroître, il y a une nette avancée du débourrement et donc une période de sensibilité au gel bien plus longue qu'auparavant.
Le changement climatique impose non seulement de développer des techniques culturales avec moins de labour pour stocker du carbone dans le sol mais aussi de réduire peu à peu le recours aux engrais minéraux de synthèse pour limiter les émissions de protoxyde d’azote et de restreindre la consommation d’énergie fossile des équipements pour baisser les émissions de CO2, ce qui en vignes étroites peut parfois être compliqué.
Pailler n’est pas gagner
Pour celles et ceux qui souhaitent avoir une alternative au désherbage ou au tout travail du sol, se présentent plusieurs solutions plus ou moins efficaces. Pour ce qui est de l’enherbement en plein, cela semble très compliqué à gérer en vignes étroites. Force est alors de constater une baisse de rendement et de la vigueur (jusqu’à 35 %) avec un effet millésime très fort et une diminution de vigueur continue (qui nécessite une compensation avec la fertilisation avec une mise en réserve impactée). L’enherbement en plein semble adapté à des parcelles vigoureuses, le choix du matériel végétal étant alors crucial.
En ce qui concerne l’enherbement du rang, plusieurs espèces ont été ou sont testées au niveau français. A l’image des trèfles souterrains (ferticover) dont les premiers résultats sont prometteurs. Le sédum (actuellement en test au lycée viticole de Beaune) est, pour sa part, irrégulier et souvent pas assez couvrant.
De son côté, le paillage doit inciter à la plus grande prudence. Le miscanthus suppose d’avoir au moins 20 cm de paillage. C’est très ligneux. Lors des tests menés en Côte d’Or, on constate que les adventices finissent par passer à travers. D’où un souci d’entretien et une baisse de vigueur très marquée (faim d’azote). Dès lors, cela paraît peu concevable en vigne étroite. Quant au chanvre, il y a installation par agrafe. L’idée, par ce biais, est de capter de l’humidité et de la restituer progressivement. Mais la pérennité ne serait que de trois à quatre ans. Et ceci semble bien compliqué à mettre en place en vigne étroite.
D’incontournables préalables
En premier lieu, « il faut faire des couverts sans succomber à la mode actuelle. Il faut avoir conscience qu’un sol couvert pendant l’hiver est bien mieux qu’un sol nu (ou butté sans justification). Il faut bien connaître ses sols : il faut disposer de couverts de sols équilibrés car cela évite d’accentuer une carence existante ou un déséquilibre. L’idéal est de réaliser une analyse de sol préalable ou se baser sur l’existant s’il est récent. Avec les couverts, le sol doit être l’objet de toutes les attentions du viticulteur. Pour avancer rapidement, il faut se servir autant que possible des retours observés en grandes cultures. Et profiter de toute l’intersaison pour produire de la biomasse en quantité et diversifiée ».
Il est important de rappeler que la vigne est une culture pérenne qui n’occupe qu’une partie de la surface et qui ne pousse qu’une partie de l’année. Le couvert, de son côté, prend une place dans un système déjà bien en place et bien enraciné. Dès lors, la difficulté concerne la gestion de la place. Les couverts végétaux ne sont pas une culture de rente mais une culture de service. Ils améliorent les paramètres physiques, chimiques et biologiques des sols, apportent, recyclent ou mobilisent les minéraux. Les objectifs sont de faire gagner en vigueur une vigne faible avec l’appui de légumineuses (vesces, féveroles, trèfles…). Il ne faut pas perdre en fertilité par lessivage surtout s’il y a des reliquats azotés importants. Mais aussi apporter de l’énergie (matières organiques fraîches et labiles facilement minéralisable et alimentant le cycle de carbone).
Trois priorités
Pour les couverts végétaux, il y a trois priorités : la structure du sol (travail du sol et apport d’oxygène), la fertilité du sol (pour redonner de l’énergie au sol) et la biodiversité (pour éventuellement améliorer gestion des maladies et des ravageurs). « Il faut tout d’abord retrouver une structure verticale des sols, souvent très compactés en vignes étroites : l’idéal serait de travailler avec des fissurateurs ». Pour ce qui est des sols superficiels, on peut mettre un couvert temporaire été ou hiver. Par contre, sur des sols plus profonds, on a un peu plus de latitude. Si le sol est structuré, on peut y mettre un couvert permanent été comme hiver avec une base pérenne. S’il n’est pas structuré, il faut une restructuration tous les quatre à cinq ans avec une fissuration une ou deux fois à l’automne associé à un couvert en hiver.
Quant à savoir quels sont les effets des couverts végétaux et en combien de temps, le résultat peut être rapide à condition que le couvert soit bien développé. Mais il est difficile de prévoir la période de minéralisation car il y a beaucoup de facteurs en jeu. Dans les sols trop pauvres, les couverts vont végéter. Plus l’enracinement est profond, plus il est efficace. En outre, il est impératif d’avoir conscience qu’il faut réapprendre à cultiver un sol et à savoir semer des plantes annuelles (placer des graines, créer un lit de semence adapté…). Il y a également quelques obstacles, qu’il s’agisse de la faible largeur de l’inter-rang ou du peu de matériels de semis adaptés. Enfin, pour ce qui est de la destruction du couvert, il faut, par exemple pour le trèfle radis, utiliser une tondeuse et une broyeuse. Un roulage peut suffire pour certaines espèces. Point important, il faut laisser un laps de temps entre le broyage et l’incorporation.
Se former aux couverts végétaux en vigne étroite pour trouver des solutions innovantes

Théorie le matin et cas concret en après-midi. Tel était le programme de cette journée du 14 janvier visant à former une quinzaine de viticulteurs à la problématique des couverts végétaux en vigne étroite. C’est à Benoît Bazerolle, conseiller viticole la Chambre d’Agriculture de Côte d’Or (depuis 2008) qu’est revenue la tâche d’évoquer un sujet de plus en plus prisé des viticulteurs du département : réussir ses couverts végétaux en vigne étroite.
Pas d’improvisation possible
En préambule, Benoît Bazerolle a tenu à préciser qu’il y a des avantages et des contraintes au couvert végétal. « Il y a des interventions supplémentaires, une technique à appréhender. Cela ne s’improvise pas ». Et de rappeler que, pour réaliser des couverts végétaux, il y a des choix à faire, qui joueront directement sur la réussite des couverts, notamment le semis. Selon les années et l'humectation du sol, certaines espèces germeront plus facilement que d'autres. Il faut ainsi s'adapter aux conditions climatiques avec, par exemple, plus de grosses graines lorsqu'il fait sec ». Inévitablement, le changement climatique a été évoqué. Avec un impact côté gel. Certes, même si le nombre de jours de gel a tendance à décroître, il y a une nette avancée du débourrement et donc une période de sensibilité au gel bien plus longue qu'auparavant.
Le changement climatique impose non seulement de développer des techniques culturales avec moins de labour pour stocker du carbone dans le sol mais aussi de réduire peu à peu le recours aux engrais minéraux de synthèse pour limiter les émissions de protoxyde d’azote et de restreindre la consommation d’énergie fossile des équipements pour baisser les émissions de CO2, ce qui en vignes étroites peut parfois être compliqué.
Pailler n’est pas gagner
Pour celles et ceux qui souhaitent avoir une alternative au désherbage ou au tout travail du sol, se présentent plusieurs solutions plus ou moins efficaces. Pour ce qui est de l’enherbement en plein, cela semble très compliqué à gérer en vignes étroites. Force est alors de constater une baisse de rendement et de la vigueur (jusqu’à 35 %) avec un effet millésime très fort et une diminution de vigueur continue (qui nécessite une compensation avec la fertilisation avec une mise en réserve impactée). L’enherbement en plein semble adapté à des parcelles vigoureuses, le choix du matériel végétal étant alors crucial.
En ce qui concerne l’enherbement du rang, plusieurs espèces ont été ou sont testées au niveau français. A l’image des trèfles souterrains (ferticover) dont les premiers résultats sont prometteurs. Le sédum (actuellement en test au lycée viticole de Beaune) est, pour sa part, irrégulier et souvent pas assez couvrant.
De son côté, le paillage doit inciter à la plus grande prudence. Le miscanthus suppose d’avoir au moins 20 cm de paillage. C’est très ligneux. Lors des tests menés en Côte d’Or, on constate que les adventices finissent par passer à travers. D’où un souci d’entretien et une baisse de vigueur très marquée (faim d’azote). Dès lors, cela paraît peu concevable en vigne étroite. Quant au chanvre, il y a installation par agrafe. L’idée, par ce biais, est de capter de l’humidité et de la restituer progressivement. Mais la pérennité ne serait que de trois à quatre ans. Et ceci semble bien compliqué à mettre en place en vigne étroite.
D’incontournables préalables
En premier lieu, « il faut faire des couverts sans succomber à la mode actuelle. Il faut avoir conscience qu’un sol couvert pendant l’hiver est bien mieux qu’un sol nu (ou butté sans justification). Il faut bien connaître ses sols : il faut disposer de couverts de sols équilibrés car cela évite d’accentuer une carence existante ou un déséquilibre. L’idéal est de réaliser une analyse de sol préalable ou se baser sur l’existant s’il est récent. Avec les couverts, le sol doit être l’objet de toutes les attentions du viticulteur. Pour avancer rapidement, il faut se servir autant que possible des retours observés en grandes cultures. Et profiter de toute l’intersaison pour produire de la biomasse en quantité et diversifiée ».
Il est important de rappeler que la vigne est une culture pérenne qui n’occupe qu’une partie de la surface et qui ne pousse qu’une partie de l’année. Le couvert, de son côté, prend une place dans un système déjà bien en place et bien enraciné. Dès lors, la difficulté concerne la gestion de la place. Les couverts végétaux ne sont pas une culture de rente mais une culture de service. Ils améliorent les paramètres physiques, chimiques et biologiques des sols, apportent, recyclent ou mobilisent les minéraux. Les objectifs sont de faire gagner en vigueur une vigne faible avec l’appui de légumineuses (vesces, féveroles, trèfles…). Il ne faut pas perdre en fertilité par lessivage surtout s’il y a des reliquats azotés importants. Mais aussi apporter de l’énergie (matières organiques fraîches et labiles facilement minéralisable et alimentant le cycle de carbone).
Trois priorités
Pour les couverts végétaux, il y a trois priorités : la structure du sol (travail du sol et apport d’oxygène), la fertilité du sol (pour redonner de l’énergie au sol) et la biodiversité (pour éventuellement améliorer gestion des maladies et des ravageurs). « Il faut tout d’abord retrouver une structure verticale des sols, souvent très compactés en vignes étroites : l’idéal serait de travailler avec des fissurateurs ». Pour ce qui est des sols superficiels, on peut mettre un couvert temporaire été ou hiver. Par contre, sur des sols plus profonds, on a un peu plus de latitude. Si le sol est structuré, on peut y mettre un couvert permanent été comme hiver avec une base pérenne. S’il n’est pas structuré, il faut une restructuration tous les quatre à cinq ans avec une fissuration une ou deux fois à l’automne associé à un couvert en hiver.
Quant à savoir quels sont les effets des couverts végétaux et en combien de temps, le résultat peut être rapide à condition que le couvert soit bien développé. Mais il est difficile de prévoir la période de minéralisation car il y a beaucoup de facteurs en jeu. Dans les sols trop pauvres, les couverts vont végéter. Plus l’enracinement est profond, plus il est efficace. En outre, il est impératif d’avoir conscience qu’il faut réapprendre à cultiver un sol et à savoir semer des plantes annuelles (placer des graines, créer un lit de semence adapté…). Il y a également quelques obstacles, qu’il s’agisse de la faible largeur de l’inter-rang ou du peu de matériels de semis adaptés. Enfin, pour ce qui est de la destruction du couvert, il faut, par exemple pour le trèfle radis, utiliser une tondeuse et une broyeuse. Un roulage peut suffire pour certaines espèces. Point important, il faut laisser un laps de temps entre le broyage et l’incorporation.
Se former aux couverts végétaux en vigne étroite pour trouver des solutions innovantes

Théorie le matin et cas concret en après-midi. Tel était le programme de cette journée du 14 janvier visant à former une quinzaine de viticulteurs à la problématique des couverts végétaux en vigne étroite. C’est à Benoît Bazerolle, conseiller viticole la Chambre d’Agriculture de Côte d’Or (depuis 2008) qu’est revenue la tâche d’évoquer un sujet de plus en plus prisé des viticulteurs du département : réussir ses couverts végétaux en vigne étroite.
Pas d’improvisation possible
En préambule, Benoît Bazerolle a tenu à préciser qu’il y a des avantages et des contraintes au couvert végétal. « Il y a des interventions supplémentaires, une technique à appréhender. Cela ne s’improvise pas ». Et de rappeler que, pour réaliser des couverts végétaux, il y a des choix à faire, qui joueront directement sur la réussite des couverts, notamment le semis. Selon les années et l'humectation du sol, certaines espèces germeront plus facilement que d'autres. Il faut ainsi s'adapter aux conditions climatiques avec, par exemple, plus de grosses graines lorsqu'il fait sec ». Inévitablement, le changement climatique a été évoqué. Avec un impact côté gel. Certes, même si le nombre de jours de gel a tendance à décroître, il y a une nette avancée du débourrement et donc une période de sensibilité au gel bien plus longue qu'auparavant.
Le changement climatique impose non seulement de développer des techniques culturales avec moins de labour pour stocker du carbone dans le sol mais aussi de réduire peu à peu le recours aux engrais minéraux de synthèse pour limiter les émissions de protoxyde d’azote et de restreindre la consommation d’énergie fossile des équipements pour baisser les émissions de CO2, ce qui en vignes étroites peut parfois être compliqué.
Pailler n’est pas gagner
Pour celles et ceux qui souhaitent avoir une alternative au désherbage ou au tout travail du sol, se présentent plusieurs solutions plus ou moins efficaces. Pour ce qui est de l’enherbement en plein, cela semble très compliqué à gérer en vignes étroites. Force est alors de constater une baisse de rendement et de la vigueur (jusqu’à 35 %) avec un effet millésime très fort et une diminution de vigueur continue (qui nécessite une compensation avec la fertilisation avec une mise en réserve impactée). L’enherbement en plein semble adapté à des parcelles vigoureuses, le choix du matériel végétal étant alors crucial.
En ce qui concerne l’enherbement du rang, plusieurs espèces ont été ou sont testées au niveau français. A l’image des trèfles souterrains (ferticover) dont les premiers résultats sont prometteurs. Le sédum (actuellement en test au lycée viticole de Beaune) est, pour sa part, irrégulier et souvent pas assez couvrant.
De son côté, le paillage doit inciter à la plus grande prudence. Le miscanthus suppose d’avoir au moins 20 cm de paillage. C’est très ligneux. Lors des tests menés en Côte d’Or, on constate que les adventices finissent par passer à travers. D’où un souci d’entretien et une baisse de vigueur très marquée (faim d’azote). Dès lors, cela paraît peu concevable en vigne étroite. Quant au chanvre, il y a installation par agrafe. L’idée, par ce biais, est de capter de l’humidité et de la restituer progressivement. Mais la pérennité ne serait que de trois à quatre ans. Et ceci semble bien compliqué à mettre en place en vigne étroite.
D’incontournables préalables
En premier lieu, « il faut faire des couverts sans succomber à la mode actuelle. Il faut avoir conscience qu’un sol couvert pendant l’hiver est bien mieux qu’un sol nu (ou butté sans justification). Il faut bien connaître ses sols : il faut disposer de couverts de sols équilibrés car cela évite d’accentuer une carence existante ou un déséquilibre. L’idéal est de réaliser une analyse de sol préalable ou se baser sur l’existant s’il est récent. Avec les couverts, le sol doit être l’objet de toutes les attentions du viticulteur. Pour avancer rapidement, il faut se servir autant que possible des retours observés en grandes cultures. Et profiter de toute l’intersaison pour produire de la biomasse en quantité et diversifiée ».
Il est important de rappeler que la vigne est une culture pérenne qui n’occupe qu’une partie de la surface et qui ne pousse qu’une partie de l’année. Le couvert, de son côté, prend une place dans un système déjà bien en place et bien enraciné. Dès lors, la difficulté concerne la gestion de la place. Les couverts végétaux ne sont pas une culture de rente mais une culture de service. Ils améliorent les paramètres physiques, chimiques et biologiques des sols, apportent, recyclent ou mobilisent les minéraux. Les objectifs sont de faire gagner en vigueur une vigne faible avec l’appui de légumineuses (vesces, féveroles, trèfles…). Il ne faut pas perdre en fertilité par lessivage surtout s’il y a des reliquats azotés importants. Mais aussi apporter de l’énergie (matières organiques fraîches et labiles facilement minéralisable et alimentant le cycle de carbone).
Trois priorités
Pour les couverts végétaux, il y a trois priorités : la structure du sol (travail du sol et apport d’oxygène), la fertilité du sol (pour redonner de l’énergie au sol) et la biodiversité (pour éventuellement améliorer gestion des maladies et des ravageurs). « Il faut tout d’abord retrouver une structure verticale des sols, souvent très compactés en vignes étroites : l’idéal serait de travailler avec des fissurateurs ». Pour ce qui est des sols superficiels, on peut mettre un couvert temporaire été ou hiver. Par contre, sur des sols plus profonds, on a un peu plus de latitude. Si le sol est structuré, on peut y mettre un couvert permanent été comme hiver avec une base pérenne. S’il n’est pas structuré, il faut une restructuration tous les quatre à cinq ans avec une fissuration une ou deux fois à l’automne associé à un couvert en hiver.
Quant à savoir quels sont les effets des couverts végétaux et en combien de temps, le résultat peut être rapide à condition que le couvert soit bien développé. Mais il est difficile de prévoir la période de minéralisation car il y a beaucoup de facteurs en jeu. Dans les sols trop pauvres, les couverts vont végéter. Plus l’enracinement est profond, plus il est efficace. En outre, il est impératif d’avoir conscience qu’il faut réapprendre à cultiver un sol et à savoir semer des plantes annuelles (placer des graines, créer un lit de semence adapté…). Il y a également quelques obstacles, qu’il s’agisse de la faible largeur de l’inter-rang ou du peu de matériels de semis adaptés. Enfin, pour ce qui est de la destruction du couvert, il faut, par exemple pour le trèfle radis, utiliser une tondeuse et une broyeuse. Un roulage peut suffire pour certaines espèces. Point important, il faut laisser un laps de temps entre le broyage et l’incorporation.
Se former aux couverts végétaux en vigne étroite pour trouver des solutions innovantes

Théorie le matin et cas concret en après-midi. Tel était le programme de cette journée du 14 janvier visant à former une quinzaine de viticulteurs à la problématique des couverts végétaux en vigne étroite. C’est à Benoît Bazerolle, conseiller viticole la Chambre d’Agriculture de Côte d’Or (depuis 2008) qu’est revenue la tâche d’évoquer un sujet de plus en plus prisé des viticulteurs du département : réussir ses couverts végétaux en vigne étroite.
Pas d’improvisation possible
En préambule, Benoît Bazerolle a tenu à préciser qu’il y a des avantages et des contraintes au couvert végétal. « Il y a des interventions supplémentaires, une technique à appréhender. Cela ne s’improvise pas ». Et de rappeler que, pour réaliser des couverts végétaux, il y a des choix à faire, qui joueront directement sur la réussite des couverts, notamment le semis. Selon les années et l'humectation du sol, certaines espèces germeront plus facilement que d'autres. Il faut ainsi s'adapter aux conditions climatiques avec, par exemple, plus de grosses graines lorsqu'il fait sec ». Inévitablement, le changement climatique a été évoqué. Avec un impact côté gel. Certes, même si le nombre de jours de gel a tendance à décroître, il y a une nette avancée du débourrement et donc une période de sensibilité au gel bien plus longue qu'auparavant.
Le changement climatique impose non seulement de développer des techniques culturales avec moins de labour pour stocker du carbone dans le sol mais aussi de réduire peu à peu le recours aux engrais minéraux de synthèse pour limiter les émissions de protoxyde d’azote et de restreindre la consommation d’énergie fossile des équipements pour baisser les émissions de CO2, ce qui en vignes étroites peut parfois être compliqué.
Pailler n’est pas gagner
Pour celles et ceux qui souhaitent avoir une alternative au désherbage ou au tout travail du sol, se présentent plusieurs solutions plus ou moins efficaces. Pour ce qui est de l’enherbement en plein, cela semble très compliqué à gérer en vignes étroites. Force est alors de constater une baisse de rendement et de la vigueur (jusqu’à 35 %) avec un effet millésime très fort et une diminution de vigueur continue (qui nécessite une compensation avec la fertilisation avec une mise en réserve impactée). L’enherbement en plein semble adapté à des parcelles vigoureuses, le choix du matériel végétal étant alors crucial.
En ce qui concerne l’enherbement du rang, plusieurs espèces ont été ou sont testées au niveau français. A l’image des trèfles souterrains (ferticover) dont les premiers résultats sont prometteurs. Le sédum (actuellement en test au lycée viticole de Beaune) est, pour sa part, irrégulier et souvent pas assez couvrant.
De son côté, le paillage doit inciter à la plus grande prudence. Le miscanthus suppose d’avoir au moins 20 cm de paillage. C’est très ligneux. Lors des tests menés en Côte d’Or, on constate que les adventices finissent par passer à travers. D’où un souci d’entretien et une baisse de vigueur très marquée (faim d’azote). Dès lors, cela paraît peu concevable en vigne étroite. Quant au chanvre, il y a installation par agrafe. L’idée, par ce biais, est de capter de l’humidité et de la restituer progressivement. Mais la pérennité ne serait que de trois à quatre ans. Et ceci semble bien compliqué à mettre en place en vigne étroite.
D’incontournables préalables
En premier lieu, « il faut faire des couverts sans succomber à la mode actuelle. Il faut avoir conscience qu’un sol couvert pendant l’hiver est bien mieux qu’un sol nu (ou butté sans justification). Il faut bien connaître ses sols : il faut disposer de couverts de sols équilibrés car cela évite d’accentuer une carence existante ou un déséquilibre. L’idéal est de réaliser une analyse de sol préalable ou se baser sur l’existant s’il est récent. Avec les couverts, le sol doit être l’objet de toutes les attentions du viticulteur. Pour avancer rapidement, il faut se servir autant que possible des retours observés en grandes cultures. Et profiter de toute l’intersaison pour produire de la biomasse en quantité et diversifiée ».
Il est important de rappeler que la vigne est une culture pérenne qui n’occupe qu’une partie de la surface et qui ne pousse qu’une partie de l’année. Le couvert, de son côté, prend une place dans un système déjà bien en place et bien enraciné. Dès lors, la difficulté concerne la gestion de la place. Les couverts végétaux ne sont pas une culture de rente mais une culture de service. Ils améliorent les paramètres physiques, chimiques et biologiques des sols, apportent, recyclent ou mobilisent les minéraux. Les objectifs sont de faire gagner en vigueur une vigne faible avec l’appui de légumineuses (vesces, féveroles, trèfles…). Il ne faut pas perdre en fertilité par lessivage surtout s’il y a des reliquats azotés importants. Mais aussi apporter de l’énergie (matières organiques fraîches et labiles facilement minéralisable et alimentant le cycle de carbone).
Trois priorités
Pour les couverts végétaux, il y a trois priorités : la structure du sol (travail du sol et apport d’oxygène), la fertilité du sol (pour redonner de l’énergie au sol) et la biodiversité (pour éventuellement améliorer gestion des maladies et des ravageurs). « Il faut tout d’abord retrouver une structure verticale des sols, souvent très compactés en vignes étroites : l’idéal serait de travailler avec des fissurateurs ». Pour ce qui est des sols superficiels, on peut mettre un couvert temporaire été ou hiver. Par contre, sur des sols plus profonds, on a un peu plus de latitude. Si le sol est structuré, on peut y mettre un couvert permanent été comme hiver avec une base pérenne. S’il n’est pas structuré, il faut une restructuration tous les quatre à cinq ans avec une fissuration une ou deux fois à l’automne associé à un couvert en hiver.
Quant à savoir quels sont les effets des couverts végétaux et en combien de temps, le résultat peut être rapide à condition que le couvert soit bien développé. Mais il est difficile de prévoir la période de minéralisation car il y a beaucoup de facteurs en jeu. Dans les sols trop pauvres, les couverts vont végéter. Plus l’enracinement est profond, plus il est efficace. En outre, il est impératif d’avoir conscience qu’il faut réapprendre à cultiver un sol et à savoir semer des plantes annuelles (placer des graines, créer un lit de semence adapté…). Il y a également quelques obstacles, qu’il s’agisse de la faible largeur de l’inter-rang ou du peu de matériels de semis adaptés. Enfin, pour ce qui est de la destruction du couvert, il faut, par exemple pour le trèfle radis, utiliser une tondeuse et une broyeuse. Un roulage peut suffire pour certaines espèces. Point important, il faut laisser un laps de temps entre le broyage et l’incorporation.