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Sécheresse 

Sécheresse : fourrages et semis de colza à la peine

La sécheresse pèse sur les fourrages, mais également sur les cultures de colza. La pousse d'herbe est en retrait de 15 %, et le rendement de maïs-ensilage de 10 % au niveau national. Voire beaucoup plus dans un grand quart nord-est de la France. En conséquence, les prix de la paille et du foin explosent. D’importantes non-levées de colza sont également signalées jusque dans le Centre ou le Val de Loire.

Par Publié par Cédric Michelin
Sécheresse : fourrages et semis de colza à la peine

Au 20 septembre 2018, la pousse cumulée des prairies permanentes affichait un déficit de 15 % au niveau national, en raison notamment d’une pousse estivale trois fois inférieure à la norme, indique le ministère de l’Agriculture. Cette période a été « particulièrement difficile » pour les régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, où la pousse estivale n’a pas dépassé 8 et 13 % respectivement de la référence. « Pas grand-chose n’a dû bouger depuis ce dernier pointage, en particulier dans les zones les plus touchées : le nord Bretagne, les Hauts-de-France, la Lorraine, la Franche-Comté et la Bourgogne », estime Jean-Christophe Moreau, chef de projet fourrages à l’Institut de l’élevage (Idele).

Dans le Grand Est, le cumul des deux premières coupes d’ensilage d’herbe a été à peu près normal, témoigne Alice Berchoux, chef de projet en production laitière à l’Idele. En revanche, il n’y a eu ni troisième coupe, ni regain. Il a fallu complémenter les animaux à la pâture avec les stocks hivernaux. Les rares cultures dérobées implantées n’ont été ni récoltées, ni pâturées. « C’est vraiment unique. 2017 avait déjà été sèche mais, en septembre, la pluie était de retour. Pas cette année », poursuit en substance Alice Berchoux.

En conséquence, les prix de la paille ou du foin « ont explosé » : le foin vaut environ 150 €/t, au lieu de 100 €/t l’an passé. « 150 €/t, c’est presque une bonne affaire », renchérit Damien Godfroy, conseiller herbe à la chambre d’agriculture des Vosges. Selon lui, les prix ont gagné 50 % depuis 2017 et 100 % par rapport à une année normale. Jean-Christophe Moreau (Idele) a connaissance de prix atteignant 150 €/t pour la paille et 180 €/t pour le foin. Dans les Vosges, la tentative de mettre sur pied une bourse d’échange de fourrages, à la mi-septembre, a tourné court. « Nous avons reçu beaucoup de demandes de paille et de fourrages bruts, mais, du côté de l’offre, nous avons enregistré 50 réponses négatives. Il n’y a aucun excédent dans le département », constate Damien Godfroy.

Du côté du maïs-fourrage, la situation n’est guère plus enviable. Le ministère de l’Agriculture tablait, dans ses prévisions au 1er octobre, sur une production nationale de l’ordre de 17 millions de tonnes, en repli de 10 % sur 2017. Dans le Grand Est, les rendements du maïs-ensilage décrochent de 20 % à 30 % pour revenir aux alentours de 8 t/ha de matière sèche, renseigne Alice Berchoux. Des chutes de rendement de 30 % à 40 % sont même enregistrées dans les zones qui n’ont pas connu d’orages estivaux.

Colza : 30 % de non-réalisations

La sécheresse affecte aussi durement les semis de colza. Dès la fin septembre, Terres Inovia signalaitcdes parcelles « non-levées, ou très hétérogènes », l’institut technique invitant les producteurs à « ne pas se précipiter pour remplacer » la culture. Une forte diminution des surfaces est redoutée. « Cette absence de pluie sur d’aussi vastes étendues, c’est du jamais vu », déclare Fabien Lagarde (Terres Inovia). D’après ses chiffres, la sole de colza récoltable en sortie d’hiver tombera entre 1 et 1,1 Mha, contre 1,58 Mha l’an dernier. Il y a d’abord une baisse des intentions de semis, à 1,5 Mha. Ensuite, l’institut recense 30 % de non-réalisations. « Un paquet de surfaces non levées apparaissent dans le Centre, la Bourgogne-Franche-Comté, la Val de Loire, le Grand Est », indique le technicien.

Par ailleurs, des dérogations ont été accordées pour les SIE (Surfaces d’intérêt écologique) cultures dérobées. « Dans tous les départements concernés par la sécheresse, ainsi que dans les neuf autres départements dont la date de présence obligatoire débutait jusqu’au 13 août inclus, la dérogation est automatique » dans trois cas de figure, informe l’AGPB (producteurs de blé) : non-levée, semis d’une seule espèce au lieu de deux, conservation de la culture dérobée (figurant dans la liste des espèces autorisées) en tant que culture principale d’hiver.

Sécheresse : fourrages et semis de colza à la peine

Sécheresse : fourrages et semis de colza à la peine

Au 20 septembre 2018, la pousse cumulée des prairies permanentes affichait un déficit de 15 % au niveau national, en raison notamment d’une pousse estivale trois fois inférieure à la norme, indique le ministère de l’Agriculture. Cette période a été « particulièrement difficile » pour les régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, où la pousse estivale n’a pas dépassé 8 et 13 % respectivement de la référence. « Pas grand-chose n’a dû bouger depuis ce dernier pointage, en particulier dans les zones les plus touchées : le nord Bretagne, les Hauts-de-France, la Lorraine, la Franche-Comté et la Bourgogne », estime Jean-Christophe Moreau, chef de projet fourrages à l’Institut de l’élevage (Idele).

Dans le Grand Est, le cumul des deux premières coupes d’ensilage d’herbe a été à peu près normal, témoigne Alice Berchoux, chef de projet en production laitière à l’Idele. En revanche, il n’y a eu ni troisième coupe, ni regain. Il a fallu complémenter les animaux à la pâture avec les stocks hivernaux. Les rares cultures dérobées implantées n’ont été ni récoltées, ni pâturées. « C’est vraiment unique. 2017 avait déjà été sèche mais, en septembre, la pluie était de retour. Pas cette année », poursuit en substance Alice Berchoux.

En conséquence, les prix de la paille ou du foin « ont explosé » : le foin vaut environ 150 €/t, au lieu de 100 €/t l’an passé. « 150 €/t, c’est presque une bonne affaire », renchérit Damien Godfroy, conseiller herbe à la chambre d’agriculture des Vosges. Selon lui, les prix ont gagné 50 % depuis 2017 et 100 % par rapport à une année normale. Jean-Christophe Moreau (Idele) a connaissance de prix atteignant 150 €/t pour la paille et 180 €/t pour le foin. Dans les Vosges, la tentative de mettre sur pied une bourse d’échange de fourrages, à la mi-septembre, a tourné court. « Nous avons reçu beaucoup de demandes de paille et de fourrages bruts, mais, du côté de l’offre, nous avons enregistré 50 réponses négatives. Il n’y a aucun excédent dans le département », constate Damien Godfroy.

Du côté du maïs-fourrage, la situation n’est guère plus enviable. Le ministère de l’Agriculture tablait, dans ses prévisions au 1er octobre, sur une production nationale de l’ordre de 17 millions de tonnes, en repli de 10 % sur 2017. Dans le Grand Est, les rendements du maïs-ensilage décrochent de 20 % à 30 % pour revenir aux alentours de 8 t/ha de matière sèche, renseigne Alice Berchoux. Des chutes de rendement de 30 % à 40 % sont même enregistrées dans les zones qui n’ont pas connu d’orages estivaux.

Colza : 30 % de non-réalisations

La sécheresse affecte aussi durement les semis de colza. Dès la fin septembre, Terres Inovia signalaitcdes parcelles « non-levées, ou très hétérogènes », l’institut technique invitant les producteurs à « ne pas se précipiter pour remplacer » la culture. Une forte diminution des surfaces est redoutée. « Cette absence de pluie sur d’aussi vastes étendues, c’est du jamais vu », déclare Fabien Lagarde (Terres Inovia). D’après ses chiffres, la sole de colza récoltable en sortie d’hiver tombera entre 1 et 1,1 Mha, contre 1,58 Mha l’an dernier. Il y a d’abord une baisse des intentions de semis, à 1,5 Mha. Ensuite, l’institut recense 30 % de non-réalisations. « Un paquet de surfaces non levées apparaissent dans le Centre, la Bourgogne-Franche-Comté, la Val de Loire, le Grand Est », indique le technicien.

Par ailleurs, des dérogations ont été accordées pour les SIE (Surfaces d’intérêt écologique) cultures dérobées. « Dans tous les départements concernés par la sécheresse, ainsi que dans les neuf autres départements dont la date de présence obligatoire débutait jusqu’au 13 août inclus, la dérogation est automatique » dans trois cas de figure, informe l’AGPB (producteurs de blé) : non-levée, semis d’une seule espèce au lieu de deux, conservation de la culture dérobée (figurant dans la liste des espèces autorisées) en tant que culture principale d’hiver.