« On ne s’ennuie pas et on fait du bon travail »
Le 14 avril à Saint-Bonnet-de-Joux, près de 150 anciens exploitants se réunissaient pour l’assemblée générale de leur section départementale (SDAE). Si l’année 2024 a été marquée par des manifestations historiques, les anciens ont largement participé, pour défendre l’installation des jeunes et aussi le droit à des retraites justes. Une revalorisation a été votée. Les décrets sont attendus.

« Nous avons rencontré les parlementaires, députés et sénateurs : Durain, Rebeyrotte, Genet, Untermaier, Michoux, Sanvert, Dutremble, Dirx, Corneloup… », listaient dans l’ordre chronologique Marie-Christine Tatraux et Luc Pernod. Le rapport sur les activités 2024 était une nouvelle fois bien chargé à la section des anciens exploitants de Saône-et-Loire (SDAE), dont les élus et représentants se sont démultipliés non seulement dans le département, mais également à la région, au congrès national ou lors de nombreuses réunions (FDSEA, MSA, Afdi, bailleurs ruraux…) où siègent ou sont invités les anciens exploitants qui ont le droit de s’exprimer sur le passé, le présent et l’avenir de l’agriculture. Ce n’est pourtant pas ce que pensent les opposants au syndicat historique puisque les syndicats minoritaires ont tenté d’enlever le droit de vote aux ex-chefs d’exploitation lors des dernières élections chambre d’agriculture de janvier 2025. Tout juste élu président, Luc Jeannin remerciait chacune et chacun pour lui avoir octroyé son vote de confiance, lui qui mesure la sagesse et les valeurs des anciens, « surtout dans un moment où le monde doute. Les jeunes ont besoin de repères, avec le recul de l’histoire, pour rassurer la jeunesse sur son avenir ».
Dans son rapport moral, la présidente de la section, Danièle Jaillet évoquait également les prochaines élections MSA (du 5 au 16 mai) qui « doivent aussi nous mobiliser » car la « protection sociale est capitale », surtout à l’heure de départs « massifs » de la fin de la génération des babyboomers à la retraite. C’est bien dans ce sens, passé, présent et avenir, que la SDAE conçoit sa bataille pour améliorer les retraites de toutes et tous. « Nous n’avons rien lâché et avons obtenu une victoire historique en 2024 avec l’inscription dans le projet de loi, le calcul sur les 25 meilleures années, qui n’est que justice pour les générations actuelles et futures », par rapport au régime du privé. Pourtant, l’instabilité politique a interrompu une première fois avec la dissolution de l’assemblée nationale, une seconde avec la censure du gouvernement Barnier, des négociations de haute lutte à l’heure d’une crise budgétaire en France. « D’ailleurs, les décrets ne sont toujours pas signés », ne désarme donc pas Danièle Jaillet. Idem sur la volonté d’obtenir un minimum de 85 % du Smic « classique », avec la suppression de la référence agricole pour une carrière complète, comme l’a promis le président de la République. Le député Chassaigne a déposé un projet de loi en ce sens. Sachant que la MSA « ne peut pas revenir sur l’historique de vos revenus avant 2016 ». Le projet de loi portera des mesures pour les veuves, veufs et aides familiaux.
Activités, visites et voyages
Mais la section des anciens, c’est aussi beaucoup de « bons moments ». En 2024, Marie-Christine et Luc citaient les journées de Juin à Ciel (et la visite du centre de méthanisation), le pique-nique le lundi suivant le weekend de la Fête de l’agriculture, journée retrouvailles, la visite du Château de Germolles… Et bien sûr la commission voyages qui a organisé des randonnées (Vercors…) dont celles mensuelles aux quatre coins du département, une sortie au Puy-du-fou ou encore un voyage en Toscane (Italie). Tous ont connu le « succès » et le programme 2025 promet la même réussite avec le voyage en Galice en mai au Portugal (complet). Il reste de la place pour la randonnée au pays des mille étangs dans les Dombes voisines (du 23 au 25 juin) ou le voyage dans les Alpes autrichiennes et ses dolomites (du 11 au 16 septembre). « On ne s’ennuie pas avec des activités tous les mois. On fait du beau travail ». Sans oublier tous les avantages de la Carte Moisson dans les magasins partenaires.
Bien vieillir en milieu rural
Alors que l’année dernière, le thème portait sur les baux ruraux et l’encadrement de l’agrivoltaïsme avec une charte départementale, présentée par la juriste de la FDSEA, cette année le thème de l’assemblée était tout autre, bien que tout aussi important en soi. En effet, comment « bien vieillir en milieu rural » ? La question est comme la réponse : individuelle. C’est pourquoi, l’organisation collective est d’autant plus nécessaire, « à commencer par du personnel formé, à la hauteur des besoins, avec une loi sur le Grand âge » qui devra être « digne de ce nom », invitait la SDAE. Annick Lacroix lisait une motion nationale portée par la FNSEA en ce sens.
Et pour introduire le sujet, Betty Vacher de Groupama commençait par « bien vieillir chez soi, dans les meilleures conditions », souhait de la majorité des Français, qui veulent être autonomes le plus longtemps possible et pas en incapacité. La dépendance dans la vie quotidienne arrivant souvent dans un dernier temps, que ce soit en raison de problèmes physiques, de santé, mentalement. Betty Vacher faisait interagir la salle en demandant comment expliquer la différence d’espérance de vie entre les femmes (85,6 ans) et les hommes (80,1 ans en moyenne). « L’usure du travail, plus manuel pour les hommes » est une partie de l’explication, mais renforcée surtout par les « comportements à risque (tabac, alcool…) et la génétique », qui chez tous les mammifères voient les femelles vivre plus longtemps. Les femmes sont également plus « attentives à la santé ». Elles sont une sur deux à bien respecter les conseils pour le dépistage du cancer du sein par exemple, alors que seul un homme sur quatre fait attention à son « suivi médical ». Autre nuance autour de l’espérance de vie, celle « en bonne santé » tourne autour de 65 ans en moyenne « pour tout le monde » avant de voir l’apparition de pathologies limitantes dans la vie du quotidien. Enfin, l’âge de la perte d’autonomie intervient vers 83 ans et l’entrée en Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) à 85 ans et 9 mois. La France possède 11.000 Ehpad pour 770.000 places, soit largement insuffisants. « Il va falloir trouver des solutions pour rester chez soi le plus longtemps ou alors dans un environnement proche et familier », alors que le prix moyen d’un Ehpad est de « 2.607 euros par mois et que les retraites ne sont pas suffisantes ». Des aides (APA) sont possibles selon les ressources (retraites, revenus…). Idem pour le maintien à domicile avec des aides (chèque emploi service…), des structures spécialisées (ADMR…) ou du matériel adapté (monte-personne, montre d’alerte en cas de chute…).
Anticiper l’accélération du vieillissement Français
« On peut tous être confronté, pour ses parents, pour son conjoint, et on a tous besoin de conseils », redisait le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Christian Bajard qui voit dans la « victoire syndicale des retraites agricoles », une première étape. La question de la dépendance étant aussi un combat de « société », tout entière. La députée, Josiane Corneloup siège à la commission des affaires sociales et santé à l’Assemblée nationale. Le vieillissement de la population Française est à ce niveau « inédit ». Si l’augmentation de l’espérance de vie, en bonne santé, est « très positive », les réflexions doivent accélérer sur « les adaptations nécessaires pour vieillir en meilleure forme possible, dans des logements adaptés, sans vieillir seul, car le lien social » est tout aussi important que « bouger quotidiennement » où pouvoir se déplacer « ce qui n’est pas le moindre des problèmes en ruralité », veut-elle anticiper. « Il faut réfléchir à plusieurs parcours avec des habitats intermédiaires, avec le personnel adéquat ». Un besoin d’attirer, de former et de valoriser ces aides à la personne et même « revaloriser » des métiers dévalorisés, tel que « femmes » de ménage qui en réalité font un accompagnement beaucoup plus important.
Éviter la chute

Comment limiter les risques de chute ? La France enregistre 2 millions de chutes par an, entraînant 130.000 hospitalisations (col du fémur, complications…) et 10.000 décès. Fidèles à son credo qu’il vaut mieux prévenir que guérir, les autorités de santé et Groupama conseillent « 30 minutes d’activité physique, jardinage, aller marcher pour chercher son pain, journal… limiter la sédentarité », redisait Betty Vacher qui voit trop souvent des séniors « avoir peur et du coup, moins en faire et perdre plus de muscles », forme de cercle vicieux dont il est difficile de sortir. L’attention à la santé passe aussi par bien entendre (l’oreille étant le centre de l’équilibre). L’âge avançant, il faut également « prévenir la dénutrition » avec une alimentation équilibrée et appropriée, « avec plus de lipide et glucide, car la fonte musculaire rend plus fragile ». Le lien social peut être ici aussi important pour ne pas perdre de vue le plaisir et l’envie de manger. L’aménagement de son domicile doit être revu pour « rendre accessible tous les objets du quotidien » et surtout, enlever si possible tous les obstacles (tapis, multiprise électrique…) pour ne pas se prendre les pieds dedans. Des points d’appui, notamment dans la salle de bain glissante, sont conseillés, tout comme de bonnes chaussures, des revêtements antidérapants et des lumières automatiques dans les passages réguliers. Et « aucun travail en hauteur, tout peut attendre ».