Signature d'une Charte régionale des bonnes pratiques viticoles à l'AG du BIVB
Assemblée générale clairsemée pour le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) ce 4 juillet à Beaune. Pourtant la thématique du jour était d’importance avec la signature d’une charte régionale sur les bonnes pratiques viticoles...

Cette charte dénommée "Engager nos terroirs dans nos territoires" n’avait pas vocation première à être médiatisé. Sa signature officielle - devant les médias ce 4 juillet avec les services de l’Etat - obligera de fait un peu plus la profession viticole. Le "bien vivre ensemble" et la cohabitation viticulture - habitants sont clairement recherchés. Le président-délégué du BIVB, Claude Chevalier, insistait sur l’importance de ce document : « on se rend compte que les gens sont de plus en plus intolérants sur plein de sujets. Tout le monde s’excite autour des pesticides. Nous avons donc besoin de communiquer sur notre métier et minimiser les risques ».
Le nouveau directeur du BIVB, Christian Vanier, animait alors une table ronde avec des professionnels venant d’horizons lointains. Impliqué depuis longtemps sur cette thématique, l’Icaunais et président de la commission technique de la CAVB, Jean-Hughes Goisot, revenait sur la genèse de la charte qui a mobilisé une trentaine de professionnels au sein d’une Commission mixte, avec la Fneb donc, au sein du BIVB. Histoire d’insister sur la "faisabilité" de cette charte, il rappelait le précédent de la lutte contre la Flavescence dorée en Bourgogne, qui a réussi à faire reculer la pression de la maladie, tout en abaissant le nombre de traitements obligatoires. « Nous avons repris ce modèle en faisant un état des lieux, pas uniquement sur les traitements, mais aussi sur la formation, sur la technique… et plus largement, avec les revendeurs de matériels, avec les acteurs de la santé (MSA…), sur les questions de dispersion dans l’air avec Atmosf’Air Bourgogne ou sur le ruissellement dans l’eau avec la Fredon Bourgogne », citait-il en exemples.
Des débats ont éclaté tout l’hiver pour, au final, arriver à un consensus. La CAVB et les ODG ont alors validé le plan d’action. Certains bulletins d’information des chambres d’Agriculture s’en font déjà l’écho. Il s’agit pour l’heure de pédagogie. Cette charte a été présentée à des collectifs de la société civile et doit l’être prochainement auprès des maires et des autres collectivités locales.
C’est grave à Bordeaux
La problématique est nationale. Président de l’ODG Médoc, avec son accent girondin, Alain Meyre remontait à 2009 pour expliquer la prise de conscience du Bordelais, date du décès d’un employé d’une propriété familiale. Un événement tragique auquel s’est rajouté la polémique autour d’un traitement bio aux abords d’une école au moment de la récréation des enfants. Depuis, l’interprofession des vins de Bordeaux a répertorié tous les sites « sensibles » : stade de foot, aires de jeux… Résultat un rapport de plus de 500 pages. Le service adhoc du CIVB se réunit tous les mois pour étudier les plans locaux d’urbanisme (PLU) et les permis de construire pour limiter tant que faire se peut l’augmentation des zones sensibles. « C’est très apprécié des maires », lesquels sont ainsi accompagné dans leurs prises de décision.
Le maire de Viré, Patrick Desroches, acquiesçait à l’idée d’un tel service en Bourgogne. Le village mâconnais de 1.190 habitants, « dont ¼ évolue dans le monde viticole », a été sous les feux médiatiques suite à un événement similaire près de l’école en juin 2015. « J’ai d’abord laissé se calmer » les médias, se souvient-il pour ne pas mettre de l’huile sur le feu. En novembre de cette même année, il convoquait les neuf exploitants de la commune. « Celui incriminé n’était pas là et ce n’était pas plus mal car cela aurait tourné au procès », analyse-t-il. Le maire veut plutôt définir deux zones : une proche de l’école et une autre pour les vignes à 100 mètres. Il demande, sauf pression sanitaire forte, d’intervenir de préférence le soir après 18 h 30 en zone A et au plus tard à 7 h 30 en zone B. Favorable au dialogue, il demande aux vignerons d’échanger avec les habitants leurs numéros de téléphones. Avec cette charte, Patrick Desroches veut maintenant « s’appuyer dessus et travailler avec les syndicats » d’Hommes et de produits (ODG).
Une charte canon
Présidente de l’ODG Pernand-Vergelesses, Françoise Arpaillanges mettait, elle, les pieds dans le plat. « Nous sommes douze vignerons sur place, mais 85 produisant l’appellation. La crainte est toujours d’avoir une mauvaise image à cause d’un "bourrin". Entre nous douze, on fait la police mais je ne peut pas être derrière les 85 ! », témoignait-elle sur les limites de l’autorégulation entre confrères. Elle rappelait pourtant les vertus de l’aire collective de lavage des pulvés qui, « était perçu au départ en 2015 comme coûteux », mais qui, aujourd’hui, « facilite le travail ».
Vice-président de la commission technique, Frédéric Bernard rentrait dans le vif du sujet de la Charte et parlait du sujet qui « crispe car il fait bouger les lignes économiques des exploitations viticoles » : celui d’abandonner les canons pour les traitements. La commission mixte se démène pour obtenir des financements pour aider les vignerons souhaitant renouveler ce type de matériel par, notamment, des "face par face" dans le rang, préconisés car plus efficaces et plus économiques en produit. Les molécules classées CMR (cancérogène/mutagène/reprotoxique) seront aussi « moins préconisées » dans les programmes. Ou encore, l’abandon du désherbage d’automne voire en totalité.
« Je crois aux vertus de l’exemple. Avant, un bon vigneron avait zéro brin d’herbe dans ses vignes. Aujourd’hui, c’est le contraire. Le changement de mentalité peut aller vite », espère Jean-Hughes Goisot.
Venu du Doubs, le président de l'interprofession du fromage Comté, Claude Vermot-Desroches, dressait un parallèle plus large avec les autres productions agricoles. « L’agriculture façonne au millimètre près les paysages, résultants du savoir-faire des hommes. Nous ne sommes pas payés pour cela mais vendons le ! Remettons dans le bon sens, l’économie sociale et solidaire qui est réinvestit sur place, entièrement, de façon moderne. Ce sera une révolution pour le monde agricole, d’être proactif plutôt que de subir ». Il évoquait également les contraintes que s’est imposé le fromage Comté en matière de respect de l’environnement dans son cahier des charges. Histoire de dire que la prochaine étape pourrait être plus « contraignante ». Le BIVB « ne veut pas faire la police », pas plus que la CAVB n'entend ré-ouvrir l’écriture des cahiers des charges. Aussi, l’interprofession laisse plutôt un an à « l’ensemble des forces vives, et surtout aux vignerons sur le terrain », pour « digérer cette charte » avant de développer le plan d’actions…
Car, comme le concluait, la préfète de Région, Christiane Barret, « nous sommes dans une société plus exigeante » notamment sur les questions de maîtrise des risques liés à la santé. Et chaque citoyen peut désormais mobiliser la société civile à travers les réseaux sociaux en quelques clics…
Signature d'une Charte régionale des bonnes pratiques viticoles à l'AG du BIVB

Cette charte dénommée "Engager nos terroirs dans nos territoires" n’avait pas vocation première à être médiatisé. Sa signature officielle - devant les médias ce 4 juillet avec les services de l’Etat - obligera de fait un peu plus la profession viticole. Le "bien vivre ensemble" et la cohabitation viticulture - habitants sont clairement recherchés. Le président-délégué du BIVB, Claude Chevalier, insistait sur l’importance de ce document : « on se rend compte que les gens sont de plus en plus intolérants sur plein de sujets. Tout le monde s’excite autour des pesticides. Nous avons donc besoin de communiquer sur notre métier et minimiser les risques ».
Le nouveau directeur du BIVB, Christian Vanier, animait alors une table ronde avec des professionnels venant d’horizons lointains. Impliqué depuis longtemps sur cette thématique, l’Icaunais et président de la commission technique de la CAVB, Jean-Hughes Goisot, revenait sur la genèse de la charte qui a mobilisé une trentaine de professionnels au sein d’une Commission mixte, avec la Fneb donc, au sein du BIVB. Histoire d’insister sur la "faisabilité" de cette charte, il rappelait le précédent de la lutte contre la Flavescence dorée en Bourgogne, qui a réussi à faire reculer la pression de la maladie, tout en abaissant le nombre de traitements obligatoires. « Nous avons repris ce modèle en faisant un état des lieux, pas uniquement sur les traitements, mais aussi sur la formation, sur la technique… et plus largement, avec les revendeurs de matériels, avec les acteurs de la santé (MSA…), sur les questions de dispersion dans l’air avec Atmosf’Air Bourgogne ou sur le ruissellement dans l’eau avec la Fredon Bourgogne », citait-il en exemples.
Des débats ont éclaté tout l’hiver pour, au final, arriver à un consensus. La CAVB et les ODG ont alors validé le plan d’action. Certains bulletins d’information des chambres d’Agriculture s’en font déjà l’écho. Il s’agit pour l’heure de pédagogie. Cette charte a été présentée à des collectifs de la société civile et doit l’être prochainement auprès des maires et des autres collectivités locales.
C’est grave à Bordeaux
La problématique est nationale. Président de l’ODG Médoc, avec son accent girondin, Alain Meyre remontait à 2009 pour expliquer la prise de conscience du Bordelais, date du décès d’un employé d’une propriété familiale. Un événement tragique auquel s’est rajouté la polémique autour d’un traitement bio aux abords d’une école au moment de la récréation des enfants. Depuis, l’interprofession des vins de Bordeaux a répertorié tous les sites « sensibles » : stade de foot, aires de jeux… Résultat un rapport de plus de 500 pages. Le service adhoc du CIVB se réunit tous les mois pour étudier les plans locaux d’urbanisme (PLU) et les permis de construire pour limiter tant que faire se peut l’augmentation des zones sensibles. « C’est très apprécié des maires », lesquels sont ainsi accompagné dans leurs prises de décision.
Le maire de Viré, Patrick Desroches, acquiesçait à l’idée d’un tel service en Bourgogne. Le village mâconnais de 1.190 habitants, « dont ¼ évolue dans le monde viticole », a été sous les feux médiatiques suite à un événement similaire près de l’école en juin 2015. « J’ai d’abord laissé se calmer » les médias, se souvient-il pour ne pas mettre de l’huile sur le feu. En novembre de cette même année, il convoquait les neuf exploitants de la commune. « Celui incriminé n’était pas là et ce n’était pas plus mal car cela aurait tourné au procès », analyse-t-il. Le maire veut plutôt définir deux zones : une proche de l’école et une autre pour les vignes à 100 mètres. Il demande, sauf pression sanitaire forte, d’intervenir de préférence le soir après 18 h 30 en zone A et au plus tard à 7 h 30 en zone B. Favorable au dialogue, il demande aux vignerons d’échanger avec les habitants leurs numéros de téléphones. Avec cette charte, Patrick Desroches veut maintenant « s’appuyer dessus et travailler avec les syndicats » d’Hommes et de produits (ODG).
Une charte canon
Présidente de l’ODG Pernand-Vergelesses, Françoise Arpaillanges mettait, elle, les pieds dans le plat. « Nous sommes douze vignerons sur place, mais 85 produisant l’appellation. La crainte est toujours d’avoir une mauvaise image à cause d’un "bourrin". Entre nous douze, on fait la police mais je ne peut pas être derrière les 85 ! », témoignait-elle sur les limites de l’autorégulation entre confrères. Elle rappelait pourtant les vertus de l’aire collective de lavage des pulvés qui, « était perçu au départ en 2015 comme coûteux », mais qui, aujourd’hui, « facilite le travail ».
Vice-président de la commission technique, Frédéric Bernard rentrait dans le vif du sujet de la Charte et parlait du sujet qui « crispe car il fait bouger les lignes économiques des exploitations viticoles » : celui d’abandonner les canons pour les traitements. La commission mixte se démène pour obtenir des financements pour aider les vignerons souhaitant renouveler ce type de matériel par, notamment, des "face par face" dans le rang, préconisés car plus efficaces et plus économiques en produit. Les molécules classées CMR (cancérogène/mutagène/reprotoxique) seront aussi « moins préconisées » dans les programmes. Ou encore, l’abandon du désherbage d’automne voire en totalité.
« Je crois aux vertus de l’exemple. Avant, un bon vigneron avait zéro brin d’herbe dans ses vignes. Aujourd’hui, c’est le contraire. Le changement de mentalité peut aller vite », espère Jean-Hughes Goisot.
Venu du Doubs, le président de l'interprofession du fromage Comté, Claude Vermot-Desroches, dressait un parallèle plus large avec les autres productions agricoles. « L’agriculture façonne au millimètre près les paysages, résultants du savoir-faire des hommes. Nous ne sommes pas payés pour cela mais vendons le ! Remettons dans le bon sens, l’économie sociale et solidaire qui est réinvestit sur place, entièrement, de façon moderne. Ce sera une révolution pour le monde agricole, d’être proactif plutôt que de subir ». Il évoquait également les contraintes que s’est imposé le fromage Comté en matière de respect de l’environnement dans son cahier des charges. Histoire de dire que la prochaine étape pourrait être plus « contraignante ». Le BIVB « ne veut pas faire la police », pas plus que la CAVB n'entend ré-ouvrir l’écriture des cahiers des charges. Aussi, l’interprofession laisse plutôt un an à « l’ensemble des forces vives, et surtout aux vignerons sur le terrain », pour « digérer cette charte » avant de développer le plan d’actions…
Car, comme le concluait, la préfète de Région, Christiane Barret, « nous sommes dans une société plus exigeante » notamment sur les questions de maîtrise des risques liés à la santé. Et chaque citoyen peut désormais mobiliser la société civile à travers les réseaux sociaux en quelques clics…