Soigner la préparation au vêlage
Remise en état des mamelles
Le premier rôle de la période de tarissement est la remise en état des mamelles. « Pendant cette phase de repos, la vache régénère tous les tissus qui secrètent le lait. Un certain nombre de ces cellules sécrétrices disparaissent au cours de la phase de lactation. Il faut compter cinq semaines de tarissement pour une régénération satisfaisante de la mamelle », indique Anne Blondel. La régénération de ces tissus peut être pénalisée par la température du milieu de vie. Un tarissement en plein été, par exemple, peut être pénalisant du fait de fortes chaleurs (au-delà de 25 degrés). En bâtiment, il est recommandé de prévoir des dispositifs de ventilation et de brumisation. Le tarissement peut être mis à profit pour assainir les mamelles en pathogènes (staphylocoques par exemple) en administrant un antibiotique adéquat.
Préparer le rumen à la future lactation
Outre la mamelle, il faut également préparer le rumen à la future lactation. Durant ce tarissement, le nombre de papilles qui tapissent le rumen et sa capacité d’ingestion ont tendance à diminuer. La régénération des papilles et de la capacité d’ingestion demande du temps et c’est l’alimentation qui va la favoriser. Il faut une alimentation qui provoque une augmentation du nombre de papilles. « Quatre semaines avant le vêlage, on recommande une ration apportant de l’amidon (ensilage de maïs, 1 kg de céréales) », indique Anne Blondel.
Pour maintenir la capacité d’ingestion et ainsi « juguler la pression exercée par le fœtus, il faut faire ingérer un maximum de fibres », recommande la technicienne. Les vaches taries doivent recevoir de la fibre grossière et appétente. « Du bon foin apporté régulièrement », résume Anne Blondel.
La préparation au vêlage est aussi faite pour préparer la population microbienne responsable de la transformation des aliments dans le rumen.
Acidose : régularité des fibres et des concentrés
Durant le tarissement se joue aussi la prévention des maladies métaboliques.
L’acidose en est une. Le rumen dont le pH doit être stable (6,2 à 6,6) « est une machine à fabriquer des acides gras volatiles » qui tendent à faire diminuer le pH. Cette chute de pH est à l’origine de l’acidose et elle provoque la nécrose des papilles ruminales. Des afflux soudains d’aliments fins ou de concentrés favorisent cette chute de PH qualifiée d’acidose chimique.
La régulation de l’acidité du rumen est assurée par du bicarbonate de soude présent dans la salive qui est émise par la rumination. L’efficacité de cette rumination dépend de la présence de fibres mécaniques adaptées qui favorisent l’émission de salive et de bicarbonate de soude. Un manque de ces fibres déclenche ainsi une acidose mécanique.
Pour prévenir ces deux acidoses, « il faut assurer une alimentation la plus régulière possible en termes de fibres et de concentrés », indique en résumé Anne Blondel. « L’acidose se prévient par le maintien de la capacité d’ingestion et d’une flore du rumen la plus adaptée possible », synthétise la technicienne.
Fièvre de lait : calcium et potasse à surveiller
« La fièvre de lait se gère à partir de l’équilibre minéral de la ration. La fièvre de lait correspond à une exportation très importante de calcium au moment du vêlage. C’est une perte de calcium qui ne peut pas être compensée. L’animal puise le calcium sur ses réserves, c’est-à-dire dans son squelette », explique Anne Blondel. Pour prévenir cette fièvre de lait, « on conseille de diminuer les apports de calcium pendant le tarissement afin que la régulation hormonale se mette en place pour le jour J », indique la technicienne. Outre le calcium, la potasse est également impliquée dans la fièvre de lait. Apportée en quantité par les légumineuses, lorsqu’elle est en forte teneur, elle peut déclencher une fièvre de lait. Troisième facteur favorisant la fièvre de lait : l’état d’engraissement.
Eviter la reprise d’état
« Il faut éviter la reprise d’état pendant le tarissement. Car si l’on donne trop à manger à une vache gestante, alors c’est le veau qui en profite », indique Anne Blondel. Par ailleurs, l’état corporel des vaches au vêlage influence leur ingestion. « Plus les animaux sont gras, moins ils ont d’appétit. Plus les animaux sont en état et plus il y a de risque d’acétonémie (fabrication de corps cétoniques toxiques) ».
A l’approche du vêlage, il faut donc viser une note d’état optimale. Doivent être évités toute matière grasse ou sucres précurseurs de corps cétoniques (huiles de palmes, mélasses, pulpe de betteraves…). A éviter également les ensilages mal conservés. « Le propylène glycol n’est a priori pas nécessaire à ce stade si tout va bien », conseille Anne Blondel.
Simple sur le papier…
« La préparation du vêlage parait assez simple en théorie. Mais dans la pratique, c’est plus difficile à mettre en place », conclut Anne Blondel. L’ingestion des vaches dépend de la qualité et de la quantité des fourrages, de la stratégie de distribution… Dans la pratique, les problèmes de concurrence à l’auge sont également très impactants. Les primipares se retrouvent ainsi à devoir faire la queue pendant que leurs aînées monopolisent les auges. « La présence de bouses hétérogènes est un signe que toutes les vaches ne mangent pas la même chose », fait remarquer Anne Blondel. L’augmentation du nombre de vaches ; le manque de places dans des bâtiments saturés auraient un impact considérable sur l’expression du potentiel des animaux, estime ainsi la technicienne.
Autre difficulté rencontrée sur le terrain : si le tarissement tombe en pleine saison de pâturage, le respect des règles énoncées ci-dessus est encore plus difficile.
Début de lactation
Concilier pic de production et capacité d’ingestion minimum
« Au début de la lactation, il faut parvenir à concilier pic de production et une capacité d’ingestion réduite à son minimum », explique Anne Blondel. Les besoins de la vache laitière sont en effet énormes à ce stade alors que ses possibilités alimentaires sont au plus bas du fait de la place que tenait jusqu’alors le veau. En prime, deux mois et demie après ce début de lactation, on demande à cette vache d’être fertile. « Si la ration n’est pas assez riche, alors l’animal va taper dans ses réserves ce qui a des conséquences sur son état corporel », explique Anne Blondel. « Pour éviter l’amaigrissement, il faut à tout prix, et ce dès le tarissement, favoriser la reprise de la capacité d’ingestion et un rumen opérationnel, tout en gérant la mobilisation des réserves corporelles », explique la technicienne.
Préparation au vêlage
Portrait robot d’une ration type
Pour la préparation au vêlage, Anne Blondel préconise une ration avec un fond pour développer la flore du rumen (ensilage de maïs et d’herbe). Pour conserver le volume et de ce fait la capacité d’ingestion, elle recommande du bon foin à volonté. En termes de minéraux, la technicienne d’Ain - Saône-et-Loire Conseil Elevage conseille de ne pas trop donner de calcium, du chlorure de magnésium pour éviter les fièvres de lait. Enfin, des céréales ou des tourteaux assurent le maintien du nombre de papilles.