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Sortie d'hiver après la sécheresse

Sortie d'hiver après la sécheresse, la priorité : reconstituer les stocks de fourrage

Au cours de l’automne dernier, les réunions sécheresse organisées par la Chambre d’agriculture tentaient d’apporter des conseils aux éleveurs pour faire face au manque de fourrage annoncé, voire déjà criant pour certains. L’inquiétude était grande alors et l’incertitude complète quant à la météo qu’allait réserver l’hiver. S’il est encore trop tôt pour tirer tous les premiers enseignements de la sécheresse, des conseils de conduite peuvent d’ores et déjà être donnés alors que le printemps commence à se profiler. Sarah Besombes, conseillère d’entreprise à la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire, en livre les grandes lignes.

Sortie d'hiver après la sécheresse, la priorité : reconstituer les stocks de fourrage

Tout d’abord comment globalement les troupeaux ont passé cet hiver ?

De façon générale, les animaux ont été rentrés plus maigres que d’habitude, mais celles qui ont le plus souffert de la sécheresse sont les vaches primipares et les plus âgées du troupeau. Ce sont des catégories d’animaux qui ont vraiment des besoins spécifiques et qui ont donc dû puiser plus que la normale dans leurs réserves. Clairement, pour ces animaux, les apports classiques de foin et de paille n’ont pas été suffisants.
Ce qui est donc à conseiller c’est de réformer les vieilles vaches pour ne pas les laisser traîner. Il faudrait alloter les primipares pour pouvoir désormais leur apporter des rations spécifiques et plus riches, en les complémentant en minéraux et en énergie. L’objectif est de leur permettre de bien nourrir leur veau et d’avoir un retour en chaleur normal, sans décalage. Ceux qui le font chaque année doivent continuer, et ceux qui ne le faisaient pas habituellement doivent le faire. 

Quels premiers enseignements tirer de cette sécheresse ?

Elle a conduit nombre d’éleveurs sur des questions presque existentielles. Beaucoup ont essayé de prendre du recul pour voir ce qu’ils pourraient changer ou faire évoluer dans leur conduite, quelles sont solutions alternatives à mettre en place. L’objectif est de travailler différemment pour devenir le plus autonome possible en fourrage et en litière. Nous leur conseillons donc d’estimer dès à présent leurs besoins pour l’hiver prochain car, pour nous, la grande priorité est la reconstitution des stocks. Le calcul à appliquer est d’avoir entre 35 et 40 ares de fauche par UGB élevage à hiverner en 2019/2020. Cette quantité doit couvrir l’hiver et permettre des apports supplémentaires en été si nécessaire. Cette gestion peut sous-entendre malgré tout de gros changements dans la conduite, comme par exemple baisser le nombre de vêlage. Ce peut aussi être des adaptations à mettre en place sur les trois à cinq ans à venir. L’idée est vraiment de se séparer au maximum de la dépendance à la paille et à l’alimentation du commerce.
Il faut adapter la conduite de son troupeau à ce que le sol peut accepter. Avec la sécheresse, nous nous sommes aperçus que globalement ceux qui en ont le moins souffert sont ceux qui sont restés en phase avec le cycle naturel.

Est-il conseillé de procéder à la mise à l’herbe ?

Nous conseillons de ne pas se précipiter à sortir les animaux pour ne surtout pas pénaliser la repousse de l’herbe. Potentiellement l’hiver est jusqu’à fin mars, on n’est donc toujours pas à l’abri d’une chute de température ou de grosses pluies. Le principal est de faire un état des lieux des prairies. Pour celles qui sont le plus dégradées, il faudra, selon les besoins, passer la herse, apporter de l’engrais, procéder à un sur-semis ou carrément ressemer la prairie.
Les éleveurs savent gérer leur parcelle mais la sécheresse nous a démontré qu’il faut être encore plus vigilant et vraiment conduire son troupeau en fonction de la productivité du sol.

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