Accès au contenu
Afdi Bourgogne Franche-Comté

Soutien pérenne aux paysans du sud

Au Cameroun, au Sénégal et à Madagascar, Afdi Bourgogne Franche-Comté vient en aide aux paysans. Profitant de leur savoir-faire en matière d’organisation agricole, les bénévoles de l'association accompagnent les agriculteurs du sud dans la création et la gestion de leurs propres OP. Une action humanitaire pérenne qui doit beaucoup aux partenaires financiers.
128397--Lbeaumont_DVaizand.JPG
Le 8 avril, Afdi Bourgogne Franche-Comté tenait son assemblée générale au lycée de Fontaines. Fondée par les organisations professionnelles agricoles, l’association "Agriculture française et développement international" poursuit ses missions de soutien aux agriculteurs des pays du sud. Avec un nombre d’adhérents qui augmente et des finances très saines, Afdi BFC se porte bien. Au niveau national, l'association vient d’être reconnue d’intérêt général, ce qui vaut un certain nombre d’avantages fiscaux notamment auprès de ses partenaires donateurs. Car le rôle essentiel des adhérents d’Afdi est avant tout de mobiliser des financeurs. En cela, le soutien des OPA fondatrices, parmi lesquelles la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, est important. Des OP économiques pèsent de plus en plus lourd dans le financement de l’organisation. En Bourgogne Franche-Comté, c’est le cas de l’union de coopératives Cérévia. L’association se doit également de s’ouvrir aux partenaires privés. Afdi BFC compte ainsi parmi ses partenaires le négociant Bresson (21), le GDS 58 ou encore - et c’est plus inattendu - le groupe SEB ! Evoquant ce nouveau soutien, le président d’Afdi BFC Thierry Michon ne cachait pas que la demande avait suscité un certain nombre de questions de la part des responsables de l’association. Prenant en compte le fait que plusieurs géants de l’agroalimentaire souhaitaient intervenir en Afrique, le choix a été fait de saisir cette opportunité de mobiliser d’importants moyens supplémentaires pour les pays du sud.

Organisations de producteurs


Afdi BFC intervient dans trois pays : Cameroun, Sénégal et Madagascar. Ses actions consistent pour l’essentiel à soutenir des organisations de producteurs et à leur apporter des soutiens financiers. L’appui et le conseil aux OP est le cœur de la mission d’Afdi. « Nous leur apportons notre expérience française pour résoudre leurs problèmes de gestion administrative et budgétaire. C’est tout un travail de bénévolat d’anciens membres - salariés ou élus - d’OPA », expliquait Marc Gauthier d’Afdi BFC. « Accroître le poids politique des OP du Sud pour permettre aux paysans regroupés en OP d’être reconnus » est l’autre mission prépondérante de l'association, explique un autre de ses représentants. Pour le conseil sur place, Afdi développe le système de « paysan relai », des paysans autochtones formés qui assurent à leur tour la formation de leurs voisins. Dix ans sont nécessaires pour qu’une OP soit véritablement « solide », constatent les responsables d’Afdi. « En Afrique, il est difficile de trouver des gens formés pour devenir directeur d’organisations agricoles. Les relations entre élus et salariés sont difficiles. La mise en place d’une gestion administrative n’est pas simple sur le terrain », confient les responsables d’Afdi.

Depuis 1991 à Madagascar


Cette assemblée générale régionale fut l’occasion de retracer la mission d’Afdi Saône-et-Loire à Madagascar. Luc Baumont en dressait l’historique. En 1989, Madagascar sortait d’une situation économique très difficile. Alors que le monde était en pleine mutation avec la fin du rideau de fer, les anciennes puissances coloniales s’intéressaient de nouveau à Madagascar. Dès 1991, Afdi fut sollicitée pour un projet de développement agricole « différent des stratégie étatiques ». Afdi 71 hérita d’une région du Sud-Ouest malgache. La mission était d’accompagner la privatisation des sociétés cotonnières d’Etat en s’appuyant sur des groupements de paysans. Un dispositif très conséquent fut mis en place par Afdi 71. « Un projet qui a atterri par une volonté assez exogène au milieu de paysans qui avaient rien demandé… », confie avec recul Luc Baumont. Le démarrage fut assez difficile, « mais il a tout de même permis de former des hommes ; de faire émerger des leaders paysans et d’initier une forme de cogestion entre l’Etat et les professionnels agricoles ».

La Maison des Paysans


A la fin des années 90, l’Etat français a cherché à se désengager. C’est alors Afdi qui a hérité de la gestion directe du dispositif. Est alors venue l’heure de créer la Maison des paysans (MDP). « Si la mise en place de celle-ci fut quelque peu chaotique, elle est tout de même devenue un partenaire incontournable du sud-ouest malgache et un bel exemple d’apprentissage de la démocratie locale », se félicite Luc Baumont. Aujourd’hui, alors que le pays est en proie à des difficultés politiques, « on espère que la MDP pourra rebondir de nouveau ». De retour de mission sur place, Dominique Vaizand se dit « agréablement surpris » par ce qu’il a découvert dans la région de Tuléar. « Autour de la MDP, on voit des gens qui ont la volonté de créer des structures telles que des Cuma pour accéder à la mécanisation. Il y a une forte volonté de changement et d’entreprendre. La difficulté, c’est de trouver les hommes suffisamment formés pour mener ces structures. Plus que l’argent, c’est la formation le point essentiel », estime Dominique Vaizand.



Agriculture familiale

Un modèle à redécouvrir d’urgence


2014 est l’année internationale de l’agriculture familiale. Dans le cadre d’un partenariat avec l'Afdi, les Jeunes agriculteurs appellent de leurs vœux une modernisation agricole qui place d’agriculture familiale en son centre. C’est inscrit dans le rapport d’orientation du congrès national des JA, dont l'un des deux rapporteurs n'est autre que Jérémy Decerle, agriculteur à Chevagny-sur-Guye. Le 4 septembre prochain dans le cadre du Sommet mondial des Jeunes agriculteurs, un manifeste en faveur d’une agriculture familiale d’avenir sera signé. « Parce qu’elle constitue une limite à l’exode rural ; une limite à la pauvreté voire même une limite à la violence dans les villes et au-delà », Afdi Bourgogne Franche-Comté a choisi l’agriculture familiale comme thème de son assemblée.
En France, le modèle agricole reposant sur le couple a très bien marché puisqu’il s’est révélé « hyper productif » au lendemain de la guerre, reconnaissait la chercheuse Yannick Sencébé. Le statut du fermage, le contrôle des structures ont été des barrières contre l’accaparement des terres. Mais au fil du temps, le modèle a connu quelques signes de « fatigue », estime néanmoins l’intervenante. Tandis que la famille agricole évolue, la transmission des exploitations change avec l’arrivée de hors cadre familiaux et la dispersion des capitaux. Le « contournement du contrôle des structures » aboutit à la concentration des terres et le foncier échappe de plus en plus aux exploitants qui se retrouvent « fermiers de parents de plus en plus éloignés ». Les exploitations sont de formes sociétaires avec des parts. Un phénomène de délégation du travail à des tiers gagne également du terrain, constate la chercheuse. Le modèle français a cependant inspiré le Brésil lorsqu’il a créé son ministère du développement agraire en 1999. Ce ministère qui s’ajoute au ministère de l’agrobusiness et des exportations, est spécifiquement réservé à l’agriculture familiale. Au Brésil, cette dernière représente 85 % des exploitations produisant 75 % de l’alimentation du pays, mais ne compte que pour 4 % de la valeur de production sur les marchés.

Contrairement à la France, le nombre de petits producteurs est en augmentation au Brésil. Une tendance qui pourrait bien annoncer le retour en grâce du modèle familial à l’échelle mondiale. Le défi alimentaire consistant à nourrir 9 milliards d’individus dans le futur y incite. L’agriculture familiale demeure beaucoup plus productive que l’agriculture dite « industrielle » et il ne sera pas possible de diminuer encore le nombre de paysans tout en nourrissant de plus en plus de gens qui ne produisent pas !, estime Yannick Sencébé. Sans compter que si 2,6 milliards de personnes partent en ville, il faudra créer dans le même temps 3,5 milliards d’emplois… Le maintien de l’agriculture familiale est devenu un vrai défi.



Images