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Cave coopérative de Lugny

Stabilisation des marchés

En 2010, la cave de Lugny a réussi à « tenir le marché du vrac ».
"L’Aurore" s’est aussi imposée en battant son record de ventes
bouteilles (6,7 millions). La coopérative reste un acteur économique majeur, notamment
en chardonnay avec 70.000 hl. Equilibrée entre le marché national et l'export, sa stratégie
commerciale vise maintenant à corriger sa dépendance au marché anglais.
Par Publié par Cédric Michelin
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« 2009 a été une année viticole qui nous a gâtés, tant au niveau des volumes que de la qualité des vins. Mais pas financièrement ». Réunis en assemblée générale vendredi dernier à Péronne, les coopérateurs de Lugny ont entendu des discours francs quant au fonctionnement de leur cave. Le président, Michel Baldassini, le reconnaissait sans équivoque : « 2009 a été une des pires années depuis longtemps, surtout en terme de commercialisation avec les pays anglosaxons ». Les marchés viticoles mondiaux ont de fait été fortement perturbés, impactant ceux de Bourgogne. D’autant plus qu’en 2008, le négoce s’était largement approvisionné et, voyant ses sorties stagner, effectue –depuis– ses transactions en fonction des commandes passées par ses clients.
Résultat logique, la tension a gagné les marchés et les cours « se sont effrités » un peu partout. Pourtant, dans le Mâconnais, 2009 se termine « sans dérapage des prix ». Pourquoi, s’interrogeait Edouard Cassanet ? Le directeur estime que le positionnement des appellations mâconnaises est le bon. « Il n’y a pas de sur ou de sous évaluation. Notre vraie qualité est non usurpée ». Autre raison avancée : la « concentration ». 70 % des volumes sont réalisés par les coopératives locales qui jouent le rôle de « stabilisateur en terme d’offre ». Les appellations blanches s’échangent entre 500 et 504 €/pièce actuellement. Pour lui, pas de doute, « ce sont les coopératives qui ont tenu le marché du vrac et Lugny a su garder son sang-froid malgré des situations tendues ».

Champagnes et chablis menaçants



Car déstabilisés par la crise, les autres marchés –notamment en Champagne et à Chablis– ont menacé un temps ceux des crémants et des appellations mâconnaises blanches. La situation n’est d’ailleurs toujours pas sereine. Les récents événements au Japon, 3e marché export de la Bourgogne, laisse planer un sombre nuage sur les positions d’importants négociants bourguignons...
Mais, en résumé pour 2010, l’activité commerciale de la cave a été « plutôt bonne ». Le chiffre d’affaires s’établit à 27 millions d’euros (+2 %) et 85.100 hl ont été commercialisés, le ratio s’établissant à 40 % pour le vrac et 60 % en cols. L’équilibre semble en tout cas recherché dans tous les secteurs. La France et l’export font chacun 40 % des ventes. Le circuit traditionnel (cavistes, restaurateurs…) atteint, lui, les 16 % « avec une plus forte valeur ajoutée ». Pour compléter ce panorama économique, le portefeuille Clients de la cave : Casino (19 %), Carrefour (13 %), Leclerc (12 %), Auchan… forment un réseau équilibré, « rassurant pour l’avenir ».
Record, 6.710.000 bouteilles (+13 %) ont été vendues, dont 2.625.000 à l’export (+14 %). Seule l’Angleterre occupe une position prépondérante (47 % des exportations), ce qui pose depuis 4-5 ans bien des questions aux dirigeants : « peut-on s’en passer ? ». L’avenir le dira. « Dans l’incertitude extérieure, il faut augmenter sa certitude intérieure », concluait le directeur, citant une métaphore d’un Samouraï.

Des charges pas répercutables



Mais sur ce point, Michel Baldassini reprenait : « l’augmentation des charges pour la cave, comme dans les exploitations, avec toutes les réglementations pénalisantes, ne pouvant être répercutée sur les marchés, ça suffit ! Il va falloir envisager des actions ». Car, en plus, la nature n’a pas épargné les viticulteurs : gel d’hiver, floraison « catastrophique » et botrytis... ont abouti à un millésime déficitaire de 6 % pour la cave en volume (contre -8 % à l'échelle de la Bourgogne). « La rentabilité s’est émoussée », résumait-il. Solutions proposées : « travailler nos points forts ». Et ils sont nombreux. Le plus visible reste celui de savoir mettre en marché 70.000 hl de chardonnay de qualité. « Enfonçons le clou » pour « augmenter notre valeur ajoutée ».
Et pour "re-motiver" les coopérateurs, les contraintes amont seront revues pour les vendanges 2011. En effet, testés en 2010, le degré de propreté, l’état sanitaire des vendanges, la notation sur le mode de conduite à la parcelle, les petites arcures, l’augmentation des surfaces foliaires… promettent déjà de nombreuses propositions lors des prochaines réunions communales. L’important maintenant est d’« établir un dialogue pour progresser », commentait Marc Sangoy. Car la qualité paie toujours. La cave le sait et bien que les investissements soient ralentis, crise oblige, les techniques de débourbage dynamique ou la protection des raisins par l’azote vont bientôt être installées dans les chais de Saint-Gengoux et Chardonnay. Preuve de tout ce travail, douze médailles ont été obtenues à Paris et « ce n’est pas le fruit du hasard », félicitait Michel Baldassini, remerciant tous les coopérateurs présents.