Stéphane Le Foll aux commandes
de son gouvernement le 16 mai à 19 h 30. Député européen bien connu de
la profession, Stéphane Le Foll a été nommé au ministère de
l’Agriculture et de l’agroalimentaire. Un choix stratégique et
judicieux.
Souvent qualifié par les médias de « bras droit » de François Hollande, le nouveau ministre de l’Agriculture a joué un grand rôle dans la candidature du président de la République. Cet ancien professeur d’économie connaît ce dernier depuis longtemps et est souvent cité comme « un de ses proches » par son entourage. Leur collaboration a commencé quand François Hollande, alors secrétaire du Parti socialiste, a nommé Stéphane Le Foll en 1997, au poste de directeur de cabinet du premier secrétaire du PS. Celui-ci y restera jusqu’en 2008 et deviendra dans le même temps député européen (élu en 2004, puis réélu en 2009).
Fin connaisseur du monde agricole
Originaire du Mans, l’homme de 52 ans fut propulsé directeur de campagne de François Hollande à l’occasion de primaires socialistes, puis, lors de sa victoire en novembre, désigné responsable de l’organisation de la campagne présidentielle.
En matière d’agriculture, Stéphane le Foll est indéniablement un fin connaisseur des dossiers. En tant que député européen, il est membre au parlement européen de la Commission de l’agriculture et du développement rural. C’est d’ailleurs à ce titre que le nouveau ministre de l’Agriculture a participé, à deux reprises, à des congrès de la FDSEA, en 2004 et en 2007.
« Stéphane Le Foll connaît parfaitement les sujets agricoles », ont commenté Xavier Beulin et Dominique Barrau, respectivement président et secrétaire général de la FNSEA. « Le nouveau ministre de l’Agriculture a une vision européenne et possède une parfaite connaissance de l’agriculture ».
L’ancien député européen saura indéniablement discuter et aura, à n’en pas douter, du poids politique dans les négociations sur la future Pac. En effet, Stéphane Le Foll a déjà son avis sur la question, par le biais de son blog (www.lefoll.net), il a écrit à de nombreuses reprises sur le sujet : « je veux souligner l'absence d'outils de régulation des marchés agricoles, pourtant indispensables à la limitation de la volatilité des prix, lesquels doivent rester une composante essentielle dans les revenus agricoles. Enfin, ma grande critique concerne le financement de cette future Pac : nous n'avons pour l'heure aucune certitude sur le montant du budget de l'Union qui pourra être alloué à la plus ancienne politique intégrée de l'Union ». Autant de remarques que partage la profession.
Lors de l’adoption du paquet lait par exemple, il avait également réagi : « à défaut de disposer d'autres outils de régulation pour l'avenir, nous accueillons la proposition de "paquet lait" comme un premier pas favorable : il était en effet nécessaire de renforcer le pouvoir de négociation des producteurs face à l'industrie privée de transformation, de plus en plus concentrée, en favorisant leurs regroupements et la contractualisation. Il était aussi nécessaire d'adapter les règles de la concurrence aux particularités agricoles ».
Avec un élargissement à l’agroalimentaire, le nouveau ministère de l’Agriculture répond aux attentes de la FNSEA, laquelle avait demandé avant la nomination des ministres que l’agroalimentaire fasse pleinement partie de l’agriculture. « Nous avons désormais un ministère de l’Agriculture conforté », a conclu Dominique Barrau.
L’agriculture est une solution…
Dans un communiqué, la FNSEA a tenu à féliciter Stéphane Le Foll. « C’est un fin connaisseur de l’agriculture et de l’Europe qui fait son entrée au Gouvernement ». Pour la FNSEA, un ministère de l’Agriculture et de l’agroalimentaire « constitue un signe positif, un signal stratégique » et rappelle que « l’agriculture est un sujet crucial pour le pays ». « L’agriculture peut donner le meilleur d’elle-même pour l’emploi, pour l’environnement, pour la ruralité, pour la qualité de l’alimentation, pour l’innovation et pour les énergies renouvelables. L’agriculture doit montrer la voie en Europe pour un modèle qui fédère, qui rassemble et protège », continue la FNSEA avant de recommander au nouveau ministre d’« emprunter un chemin pour une agriculture et des filières agro-alimentaires alliées aux consommateurs et aux citoyens, conscients de l’utilité d’un avenir commun ».
Passation de pouvoir
« Bon courage et bonne chance »
Rue de Varenne, l’ambiance n’était pas au jour férié, le 17 mai, mais plutôt aux passations de pouvoir dans les cours des ministères où on assistait au balai des voitures aux vitres fumées. A l’agriculture, Stéphane Le Foll a été accueilli par Bruno Le Maire devant l’Hôtel du ministre. Ce dernier lui a souhaité « bon courage et bonne chance » avant de partir, plutôt détendu, sous les applaudissements de son équipe. Stéphane Le Foll a posé quelques secondes devant les photographes, avant de dire quelques mots : « l’enjeu majeur sera l’enjeu européen pour l’agriculture. On va engager des discussions importantes sur la réforme de la Pac, sur le sens qu’on doit donner à l’agriculture en Europe et en France. Comment on peut assurer des emplois et de la richesse ».
Arnaud Montebourg
Le 2e ministre de l’agriculture ?
Nommé "ministre du Redressement productif", le Saône-et-loirien Arnaud Montebourg sera en quelque sorte le deuxième ministre de l'Agriculture et de l'agroalimentaire.
« Le ministère du Redressement productif est le ministère de la reconquête, c’est-à-dire de la création de l’emploi et du sauvetage, le plus possible, des emplois qui risquent d’être perdus ». C’est ainsi qu’Arnaud Montebourg a défini et qualifié sa mission à l’occasion de sa passation de pouvoir avec François Baroin, ancien ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.
« Le producteur, l’entrepreneur, le chef d’entreprise, le créateur, l’ingénieur, le travailleur sont ceux qui assurent la prospérité d’un pays et, sans eux, impossible d’imaginer un avenir. Un pays qui ne produit pas, un pays qui ne produit plus, est dans la main des pays qui produisent », a-t-il poursuivi. Pour remplir sa mission, le nouveau ministre en appelle à « un besoin d’imagination, de créativité, d’audace et de réalisme aussi ».
Celui qui s’est lui-même défini comme le promoteur de la "démondialisation" a conclu en insistant sur la nécessité pour la France « d’imaginer les nouvelles frontières de son économie et de son industrie », parmi laquelle figure le fleuron qu’est l’agroalimentaire.
Nous y ajouterons aussi son agriculture, tant pour elle la question du redressement productif s’impose, dans un monde de plus en plus demandeur, confronté à une population croissante, à un foncier qui se fait de plus en plus rare et convoité. De quoi faire d’Arnaud Montebourg, lequel connaîtrait bien ses dossiers agricoles, un deuxième ministre de l’Agriculture en quelque sorte…
Nicole Bricq, inattendue au ministère de l’Ecologie
Surprise. Nicole Bricq a été nommée ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. Cette fille d’agricultrice de 65 ans était plus connue pour son goût pour les finances que pour l’environnement. Sénatrice de Seine-et-Marne depuis 2004, elle est rapporteur général de la Commission des finances au Sénat où elle a notamment produit un rapport sur la politique de prélèvement obligatoire. Contrairement aux apparences, elle n’est pourtant pas novice sur les questions d’environnement. En 1998, elle a déjà rendu un rapport d'information sur la fiscalité environnementale (Commission des finances, de l'économie générale et du Plan). Dans ce nouveau ministère, qui a récupéré l’énergie, sa réputation de rigueur sera probablement un atout pour mener la transition énergétique évoquée par François Hollande pendant sa campagne. Nicole Bricq a été de nombreuses fois conseillère, au cabinet de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense (1988-1990), de Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement (1992-1993), et de Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Ile-de-France de 1997 à 2002. Titulaire d'une licence de droit, elle a aussi été députée en Seine-et-Marne et conseillère régionale d’Île-de-France de 1983 à 1989. Le ministère de l’Ecologie ne revient donc pas à un élu d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) comme cela avait pu être annoncé dans certains médias. Les deux membres d’EELV, Cécile Duflot et Pascal Canfin ont été respectivement nommés ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, et, ministre délégué au Développement