Accès au contenu
Marché de Saint-Christophe

« Success story ! »

En l’espace d’une décennie, le marché de Saint-Christophe a opéré une véritable résurrection. Bravant tous les scepticismes, les défenseurs du marché brionnais sont parvenus à en refaire une référence du genre en y instaurant la vente au cadran et en y généralisant la sécurisation des paiements.
124684--JBuisson_et_co.JPG
Avec la création d’un cadran, le marché de Saint-Christophe-en-Brionnais a quasiment doublé son volume d’activité. Un peu plus de 69.000 animaux sont ainsi passés par le marché de Saint-Christophe durant l’année 2011. L’effectif n’était que de 38.000 bovins trois ans auparavant. Dès l’ouverture du nouveau marché au cadran en juin 2009, la progression a été spectaculaire. En 2010, la hausse atteignait +42 % et elle a été encore de +9 % sur 2011. Ce nouveau souffle provient d’un passage au cadran pour les animaux maigres plus que réussi. En 2011, le volume de ces derniers a encore progressé de +15 % atteignant ainsi 59.240 animaux, soit plus de 80 % de l’activité totale du marché.
Si la progression du maigre a été spectaculaire grâce au cadran, la situation est toute autre pour les animaux gras qui ont conservé le mode de vente de gré à gré. Alors qu’à ses grandes heures, Saint-Christophe était un marché d’animaux de viande, l’évolution de la filière allaitante a complètement changé la donne. Tandis que l’engraissement a sévèrement régressé, les élevages se sont de plus en plus spécialisés dans les broutards et les femelles maigres. A Saint-Christophe, le marché des animaux de viande a été relégué au second rang derrière le maigre, avec une érosion chronique jusqu’à l’an dernier. Ainsi, en 2011, le gré à gré a encore chuté de -16,5 % descendant en dessous des 10.000 animaux. Une chute qui a été accentuée fin 2010 par la liquidation judiciaire d’un des plus importants acheteurs du marché. L’incident a contribué à fait fuir bon nombre d’apporteurs.

Garantie de paiement étendue au gré à gré


Face à ce constat, les responsables du marché ont eu l’idée de créer une garantie de paiement pour le gré à gré. Cette première en France, mise en place en octobre dernier, a semble-t-il porté ses fruits. Début août, Saint-Christophe est parvenu à réunir 300 bêtes grasses sur son marché hebdomadaire, confie le directeur Jacky Buisson. Un effectif qui n’avait plus été vu depuis 2010. Conséquence de la sécurisation des paiements certes, mais aussi d’une conjoncture plus favorable.
Si la croissance a été au rendez-vous à Saint-Christophe jusqu’à l’année dernière, la tendance semble évoluer pour 2012. Conformément à ce qui est observé sur l’ensemble du marché de la viande, une baisse d’effectif se fait sentir cette année. Un mouvement qui semble consécutif à une décapitalisation sur 2011. De fait, observe Jacky Buisson, des hausses d’effectif de +44 % ; +20 % et +17 % ont été enregistrées en génisses, laitonnes et vaches maigres en 2011, année de sécheresse printanière. Conséquence logique : les élevages auraient tendance à recapitaliser cette année, d’où de moindres ventes en maigre. La bonne tenue des apports en 2011 n’a pas empêché les prix de gagner 1 % en moyenne.

Succès inattendu auprès des éleveurs


Mais si la progression en effectifs semble se stabiliser pour 2012, les ingrédients du renouveau de Saint-Christophe demeurent. En 2011, le marché a gagné 216 apporteurs supplémentaires, ce qui porte leur nombre à près de 1.200. Ces apporteurs, qui continuent de se renouveler en 2012, sont à 98 % des éleveurs. C’est le signe du regain d’intérêt du marché auprès de la profession et cela se retrouve sur la qualité des animaux proposés, constate Jacky Buisson. 80 % des apporteurs proviennent de la Saône-et-Loire. La grande majorité se situe dans le sud ouest du département mais le marché de Saint-Christophe progresse dans le Clunisois, le Charolais et bien au-delà. En augmentation, le nombre d’éleveurs en provenance de la Loire atteint 13%. Quant à l’Allier, il représente 3 % des apporteurs. Les autres viennent de départements divers et variés dont le Rhône, la Côte-d’Or, la Nièvre ou l’Ain, limitrophes mais aussi de contrées plus inattendues comme les Savoies, le Puy-de-Dôme, la Creuse, la Haute-Marne, l’Indre, la Vendée ou la Lozère… énumère le directeur.
Autre signe positif : le nombre d’acheteurs progresse sans cesse lui aussi au rythme de deux ou trois nouveaux venus par mois. Le marché a ainsi accueilli une trentaine de nouveaux acquéreurs en 2011, ce qui porte leur nombre à 355. Ces acheteurs proviennent de toute la France. Il s’agit pour beaucoup d’exportateurs, mais aussi de producteurs pratiquant la repousse ou encore d’engraisseurs, indique Jacky Buisson. Ce panel garantit une diversité qui fait « qu’à Saint-Christophe, il existe un client pour tout, du maigre au gras en passant par le semi-fini », confie le directeur.


Premier en gros bovins maigres



Tous ces bons chiffres valent au marché de Saint-Christophe d’améliorer sensiblement son classement parmi les marchés aux bestiaux nationaux. Toutes catégories d’animaux confondues, le marché saône-et-loirien est remonté à la huitième place. Mais en bovins strictement, Saint-Christophe est désormais troisième, derrière Bourg-en-Bresse et devant Moulins-Engilbert. Le marché saône-et-loirien a connu une belle progression de +11 % en broutards. Avec 36.000 animaux, il est le premier dans la catégorie “gros bovins maigres” et a même connu une progression de +17 % dans ce domaine en 2011. Cette suprématie dans le maigre d’embouche est une belle satisfaction pour les responsables de Saint-Christophe. « On nous prédisait que la vente au cadran du maigre d’embouche ne marcherait jamais, or c’est tout le contraire ! », se réjouit Jacky Buisson. Une spécificité liée aussi à la production de taurillons maigres, bien représentée dans le sud Saône-et-Loire.





Pris en exemple au plan national



En l’espace d’une décennie, le marché de Saint-Christophe a véritablement changé son image. Alors que certains n’hésitaient pas à le « ringardiser », les défenseurs de Saint-Christophe ont refusé la fatalité, allant même à l’encontre des modèles économiques communément prônés. Implanter un cadran à Saint-Christophe était un pari audacieux. Elus de la commune et du canton l’ont gagné. Aujourd’hui, plusieurs marchés s’inspirent de cette expérience brionnaise pour faire évoluer leurs structures. C’est le cas de Mauriac dans le Cantal. Depuis l’an dernier, Saint-Christophe est aussi le fer de lance national de la garantie de paiement pour le gré à gré. « Tous les marchés nationaux s’y intéressent ! », confie Jacky Buisson.
En 2011, la société d’économie mixte gestionnaire du marché de Saint-Christophe a enregistré un chiffre d’affaires en hausse de +28 % par rapport à l’exercice précédent (1,2 millions d’euros). La structure emploie l’équivalent de 15 temps plein à l’année. Des emplois qui ont été créés sur place et qui sont une véritable aubaine pour ce territoire rural. A cela il faut ajouter les retombées économiques pour le bourg (restauration, commerce, etc…). « Une réussite au-delà de nos espérences », confie Jacky Buisson.


Images