Sur les effluents d’élevage industriel sur terres bio, le CNAB adopte un compromis équilibré
Si elle était attendue pour ses conclusions au débat sur les serres chauffées, la réunion du CNAB du 11 juillet a aussi permis une redéfinition plus équilibrée des élevages « industriels » dont les effluents seront bientôt interdits sur les terres en agriculture biologique.

Pour préciser le règlement bio de 2008, qui prévoit l’interdiction d’épandre, sur les terres conduites en agriculture biologique, les effluents des élevages « industriels », le Conseil national de l’agriculture biologique (CNAB) de l’Inao a adopté en décembre 2018 une définition de ces élevages, actant que les effluents issus d’élevage sur caillebotis intégral (porc, veau, canard...) et en cage (poule pondeuse, lapin) ne pourront plus être épandus sur les terres bio à partir de janvier 2020. Cette position posait cependant de nombreux problèmes, au premier chef le manque de disponibilité en matière organique, mais aussi la nécessité de modifier rapidement (en moins de deux ans) les plans d’épandage pour les nombreux éleveurs concernés, et la problématique des projets de méthanisation collectifs où un agriculteur en élevage « industriel » apporte ses effluents et dont le digestat ne sera donc plus utilisable en bio. « Les initiateurs de cette interdiction de pouvoir épandre tout effluent industriel ne s’étaient pas rendu compte de l’ampleur du phénomène : si on ne gère pas finement ces effluents, la bio française est morte, notamment dans les secteurs végétaux qui, n’ayant pas recours aux engrais de synthèse, achètent des amendements dont une partie vient d’élevages standards », explique Etienne Gangneron, vice-président de la FNSEA et éleveur de bovins en bio.
Une définition moins exclusive
Le CNAB a finalement choisi, comme le proposait la FNSEA, d’adopter une définition moins large qui couple le critère « caillebotis intégral / cage » aux seuil EIE, des seuils tirés de la directive 2011/92/UE concernant l’évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l’environnement et qui définit les élevages dits « intensifs » avec les seuils suivants : 85.000 emplacements pour poulets, 60.000 emplacements pour poules, 3.000 emplacements pour porcs de production, 900 emplacements pour truies. « Il y a quand même une partie des élevages qui seront exclus, indique Etienne Gangneron, mais c’est un compromis correct qui ne remet pas en cause la fertilisation de dizaines de milliers d’hectares ». D’après Inaporc, cette nouvelle définition devrait permettre de sortir 85 % des lisiers porcins de la définition d’élevage industriel. Par ailleurs, la date d’application a été reculée au 1er janvier 2021, au lieu du 1er janvier 2020. 2021 sera également l’année de la mise en application du nouveau règlement bio européen avec, peut-être, l’occasion d’harmoniser les pratiques entre les différents pays.