Sur les pas de Victor Auclair
De l’Allier au Chili
Le décès de son père en 1897 le contraint cependant à rentrer à Commentry pour reprendre la direction de la scierie familiale. Pourtant, cette dernière périclite et, en 1904, Victor Auclair décide de s’installer à Montluçon où il peut enfin exercer son métier d’architecte. Épris de progrès et de modernité, il se passionne rapidement pour les constructions en béton armé, nouveau matériau qui connaît alors un essor important en Europe. La présence d’un cousin éloigné et, surtout, les importantes destructions liées aux tremblements de terre –le port de Valparaiso est détruit à 85 % le 16 août 1906– le poussent à s’installer au Chili en 1907. C’est dans ce contexte que Victor Auclair arrive avec la volonté de poursuivre ses recherches sur un système de construction en béton armé dont ses calculs lui permettaient d’assurer la résistance aux séismes. Il participe ainsi à la construction d’édifices encore aujourd'hui emblématiques à Santiago, tels que les tribunes du Club hippique, l’église du Saint Sacrement, le siège du quotidien El Diario Ilustrado, la Bibliothèque nationale… Son activité prend une ampleur exponentielle à partir de 1911 et lui permet d’acquérir une reconnaissance au niveau national. Des premiers chantiers d’importance lui sont dès lors confiés.
Un bref retour à Hossegor
Cependant, les contraintes qu’il impose à ce nouveau matériau qu’est le béton armé –poussant l’audace jusqu’à atteindre une portée de 19,20 m au niveau des voûtes de la croisée du transept de la crypte du Saint Sacrement– font peur. A l’occasion de l’inauguration, il doit d’ailleurs –pour prouver la confiance qu’il accorde à ses calculs de résistance– descendre dans la crypte seul avec sa fille pour mesurer à l’aide d’un fil à plomb la flèche de la voûte sous le poids des 2.000 visiteurs venus assister à l’événement. Il doit renouveler ce type d’essais à plusieurs reprises sur ses chantiers comme le théâtre Comedia ou les tribunes du Club hippique dont les porte-à-faux inquiètent fortement. Ses nombreuses recherches sur la résistance des matériaux le poussent à développer les potentialités du béton jusqu’à ses limites, diminuant au maximum l’épaisseur des parois, systématisant la mise en œuvre de voiles de béton, augmentant de manière importante la portée des voûtes, utilisant de manière audacieuse la technique du porte-à-faux, permettant la construction de coupoles de grandes dimensions.
Enfin reconnu, il participe à la création en 1913 de la Société des architectes du Chili dont il devient l’un des directeurs et membres actifs pendant plusieurs années. En 1924, Victor Auclair décide de quitter le Chili pour s’installer à Hossegor. Il décède le 19 mars 1928, terrassé par une crise cardiaque à l’âge de 61 ans.
A Romanèche-Thorins, ouverture du 2 janvier au 15 décembre : en janvier, février, mars, avril, mai, octobre, novembre et décembre de 14 h à 18 h, en juin, juillet, août et septembre de 10 h à 18 h. Tarifs : 3,50 € (adultes), 2,50 € (groupes), 2 € (enfants) et gratuit (le premier dimanche de chaque mois). Réservations et renseignements, tél. : 03.85.35.22.02.
Hommage à Pierre-François Guillon
En 1871, Pierre-François Guillon fonde à Romanèche-Thorins une école de dessin appliqué à la construction où il enseigne, pendant 52 ans, à des élèves venus de toute la France et même de l’étranger. Chaque année, une vingtaine d’élèves venaient suivre son enseignement sur la charpente, la menuiserie, l’escalier, la marqueterie ou encore la coupe de la pierre. L’école accueillait des élèves âgés d’au moins quinze ans en apprentissage mais aussi des compagnons, des ouvriers et des entrepreneurs qui souhaitaient se perfectionner. La formation comprenait l’étude des assemblages, le dessin appliqué à la construction que les compagnons nomment le trait et la réalisation de maquette. Le trait désigne l’art de dessiner un objet à la fois en plan, en coupe et en élévation. Ce dessin se fait soit à échelle réduite sur du papier soit grandeur nature à même le sol. On parle de stéréotomie pour les métiers de la pierre. Cet art est très ancien puisqu’il était déjà enseigné sur les chantiers des cathédrales.
Legs au département
Après le décès en 1923 de Pierre-François Guillon, son fils Osiris fait don au département de Saône-et-Loire de l’ensemble des documents et maquettes des élèves de l’école, des chefs-d’œuvre de son père, de tous les documents et souvenirs de sa vie de compagnon. C’est ainsi qu’un musée est construit dès 1928. En 1994, le conseil général de Saône-et-Loire entreprend des travaux de restauration de l’ancien musée. Il aménage de nouvelles salles d’expositions permanentes et temporaires à l’intérieur d’un pavillon attenant afin de présenter l’importante collection Guillon, progressivement enrichie de nouvelles œuvres grâce à des donations, des dépôts et des acquisitions.