Système expert opérationnel de la décision de traitement en viticulture avec l'Institut Français de la Vigne & du Vin
Pour aider les viticuleurs à raisonner la protection phytosanitaire de façon efficace pour la sécurisation de la récolte et la réduction de l’Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT), l’IFV a développé un outil d’Aide à la décision (OAD) qui synthétise l’ensemble des connaissances et outils disponibles en matière de lutte contre les maladies afin de proposer à l’utilisateur une stratégie de protection personnalisée sur la base des informations et connaissances recueillies.

La protection du vignoble a connu de grands bouleversements au cours de la dernière décennie et va très probablement en connaître d’autres dans les années à venir avec le maintien d’une pression sociétale forte autour de l’utilisation des produits phytosanitaires. Les contraintes réglementaires (ZNT, DRE, mélanges, EPI...) se sont largement étoffées et deviennent parfois un vrai casse tête pour le vigneron soucieux de s’engager dans les démarches souhaitées par la société. D’un autre côté, l’importance des choix techniques est évidente afin de contenir les différents pathogènes tout en tendant vers une réduction de la consommation des produits phytosanitaires.
Libre accès
L’IFV a initié et développé le concept d’adaptation des doses à travers son module Optidose® disponible en libre accès sur le web depuis 2010. L’objectif de ce nouveau projet était d’aller plus loin que le simple fait de proposer une adaptation de la dose en proposant une stratégie de traitement optimisée et personnalisée à partir des informations recueillies pour aider les viticulteurs à raisonner la protection phytosanitaire de façon efficace en termes de sécurisation de la récolte et de réduction de l’IFT. L’aide à la décision comporte plusieurs volets : gestion des applications (réduction du nombre et des doses de traitement), gestion des obligations réglementaires (mélanges, ZNT, DAR, DRE…) et respect des Bonnes Pratiques Agricoles (gestion de la résistance). Le leitmotiv était de créer un outil simple à utiliser pour l’utilisateur final qu’est le viticulteur. Les partenaires de l’IFV appartiennent à la recherche (INRA, IRSTEA, Supagro), au développement (Chambres d’Agriculture), à la formation (lycées agricoles) et à la production (viticulteurs et coopératives viticoles).
Simplicité d’utilisation
Le fonctionnement de l’OAD s’appuie principalement sur des données météo radar (pluie, température, hygrométrie) géolocalisées sur l’exploitation. Ces données permettent d’alimenter les modèles de prévision mais sont également utilisées par les règles de décision qui constituent le cœur du système. L’OAD bénéficie d’un accès à la base de données complète des produits phytosanitaires de l’ACTA et Smag. L’utilisateur n’est donc sollicité que pour renseigner un minimum d’informations (densité de plantation, calendrier de traitement…), le but étant que l’OAD reste extrêmement simple pour l’utilisateur. A partir de ces informations, une stratégie de traitement personnalisée est alors proposée pour le mildiou, l’oïdium et le botrytis. Pour le black rot, le système indique seulement si les produits utilisés ont une action contre ce champignon. Enfin, l’outil Optidose® est inclus dans le système. Il permet d’ajuster les doses pour les conventionnels mais aussi pour les Bio (module supplémentaire spécifique au cuivre).
De nouveaux essais en 2020
DeciTrait® est testé au vignoble depuis 2015 sur un réseau qui compte près de 60 parcelles réparties dans presque tous les vignobles français. Ces suivis visent à valider les règles de décision en conditions variées de production (région, cépages, pression épidémique, mode de production) mais également à développer l’interface la plus conviviale possible pour les utilisateurs. Les résultats des essais laissent entrevoir des marges conséquentes de progrès en terme d’optimisation des stratégies de lutte et, par voie de conséquence, de réduction de la consommation en produits phytosanitaires. Il ressort également une appropriation aisée de l’OAD par les utilisateurs finaux.
Le réseau d’essais constitué pour tester et amender l’OAD va perdurer en 2020 afin de compléter la base de données d’essais biologiques d’une part et faire évoluer l’interface de l’OAD afin de favoriser son adaptation par les utilisateurs (convivialité, facilité d’utilisation...). En parallèle, la distribution de l’OAD a débuté en 2019 via des partenaires fournisseurs de données météorologiques ou éditeurs de logiciels de traçabilité.