Nouveau compte à rebours
Washington hausse le ton. Et l’agriculture européenne, tout comme les vins et spiritueux français, pourraient en payer le prix fort. Donald Trump a confirmé, cette semaine, que les nouveaux droits de douane promis en avril seraient appliqués dès le 1er août, faute d’accords avec les partenaires commerciaux des États-Unis. Une taxe pouvant grimper jusqu’à 50 % sur certains produits. L’objectif est clair : forcer des négociations bilatérales rapides, sous pression.
Trump relance la guerre commerciale : l’agriculture et les vins restent en première ligne alors que les nouveaux droits de douane devaient rentrer en vigueur le 9 juillet, le président des États-Unis d’Amérique a reporté l’échéance au 1er août.
L’agriculture et les vins en tête de liste
C’est un message sans détour adressé à Bruxelles. Dans les discussions entre l’Union européenne et les États-Unis, les vins et spiritueux, les produits agroalimentaires ou encore l’aéronautique font figure de leviers clés. Selon des sources européennes, Washington aurait proposé un allègement des taxes sur ces secteurs en échange de concessions ailleurs, notamment sur l’automobile ou l’acier.
Mais les négociations restent tendues. La Commission européenne a rejeté, pour l’instant, l’idée d’une surtaxe de 17 % sur les produits agroalimentaires européens, pourtant évoquée par l’entourage du président américain. La France, en particulier, reste ferme sur ce point, considérant ce seuil inacceptable. Le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a tout de même reconnu lundi qu’une légère hausse des droits de douane pourrait être tolérée, à condition d’un allègement sur les secteurs exportateurs sensibles comme les vins, les cosmétiques ou l’aéronautique.
Côté américain, le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, l’a rappelé : l’administration cible d’abord les relations commerciales représentant, selon eux et oubliant les échanges sur les services (telles que le numérique des Gafam), 95 % du déficit des États-Unis. L’Union européenne en fait partie, et l’agriculture reste un point de crispation historique.
Une stratégie de pression maximale
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a replacé les droits de douane au cœur de sa politique économique. L’annonce, mardi 8 juillet, d’une éventuelle surtaxe de 200 % sur les produits pharmaceutiques et de 50 % sur le cuivre envoie un message : les États-Unis veulent relocaliser leur industrie à tout prix.
En coulisses, des lettres ont déjà été envoyées à une douzaine de pays, notamment asiatiques, avec des hausses tarifaires allant de 25 à 40 %. D’autres suivront. Trump a aussi averti : tout pays qui répliquerait sera puni par une surtaxe équivalente.
L’UE divisée, mais à la table
Face à la pression américaine, les Vingt-Sept cherchent une position commune. La Commission (qui a mandat pour négocier, N.D.L.R.), emmenée par Ursula von der Leyen, multiplie les échanges avec les capitales. En coulisses, si la France défend une réponse ferme, l’Allemagne, elle, pousse pour un accord rapide afin de protéger son industrie automobile. L’Italie, plus détachée, semble prête à accepter un compromis.
Un scénario se dessine : un accord minimaliste inspiré de celui conclu entre les États-Unis et le Royaume-Uni début mai, qui maintiendrait une surtaxe de 10 % sur les produits européens, mais exclurait certains secteurs sensibles. Ce modèle, d’abord critiqué par Bruxelles, semble aujourd’hui considéré comme une sortie de crise possible.
Accord ou désaccord dans la torpeur de l’été ?
La Commission européenne espère désormais finaliser un accord de principe d’ici mercredi, avant d’en négocier les détails avant le 1er août. Le risque d’une guerre commerciale totale, avec des mesures de rétorsion en cascade, est bien réel.
Les exportateurs français, notamment dans les vins, les spiritueux et l’agroalimentaire, restent en première ligne. À moins d’un compromis rapide, leurs produits pourraient être massivement surtaxés dès cet été. Et avec eux, un pan stratégique de l’économie européenne.