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Sous-produits viniques

« Tensions » avec Bourgogne Alcools

Comme lors des vendanges 2008, Bourgogne Alcools menace de faire payer
les viticulteurs pour l’enlèvement de leurs sous-produits viniques. Comme en
2008, la profession fait bloc et refuse de payer. Les
distillateurs font du chantage. Les pouvoirs publics sont invités à faire face à
leur responsabilité.
Par Publié par Cédric Michelin
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1,5 milliard d’€. C’est le poids financier (2010/2011) du groupe coopératif agro-industriel, Cristal Union, lequel a racheté Bourgogne Alcool. Avec le sucre (de betterave) et les bio-énergies, l’alcool et l’éthanol servent aux industries : parfumerie, cosmétiques, alimentaire, spiritueux... Cristal Union développe également de nouvelles activités, peut-on lire sur son site web : « des produits naturels et antioxydants à haute valeur ajoutée pour l’industrie pharmaceutique, nutraceutique, les compléments alimentaires et les produits œnologiques (polyphénols, resvératrols, etc.) ». Dès lors, la question qui se pose est : les sous-produits viniques ne sont-ils pas devenus des co-produits ?

Sous-produits ou co-produits ?


Un début de réponse se situe en Ardèche, à Vallon-Pont-d’Arc où la Société française de distillerie (SFD), qu’a choisi la coopération bourguignonne, « ristourne 10 € par tonne enlevée », expliquait Robert Martin, président de l'Union viticole de Saône-et-Loire, lors des réunions sur les Registres de cave à Fuissé et à Saint-Désert, le 24 juillet. En Allemagne, ces sous-produits sont payés pour faire de l’énergie dans des unités de méthanisation. Une valorisation est donc bel et bien possible…

Chantage à l’emploi


A la manière d’un PSA, Bourgogne Alcool menace de fermer l’usine de Mâcon (24 emplois) en 2013. Un « chantage à l’emploi inadmissible ». Sollicitant des rencontres depuis début janvier et voyant les négociations aller droit dans l’impasse, l’Union viticole de Saône-et-Loire a alerté le préfet du département, et une rencontre avec Christian Dussarrat, nouveau DDT, était organisée le 18 juillet dernier. De son côté, Bourgogne Alcool annonçait son intention d’envoyer les premières factures dans les tous prochains jours, sur la base d'un montant allant de 0,3 à 0,5 €/hl vin produit. Chablis (FDAC), Côte d'Or (CAVB) et Saône-et-Loire (Union viticole) –ainsi que le Beaujolais (UVB)–, les vignerons indépendants… Toute la profession viticole refuse : « ne signez aucun contrat et ne payez aucune facture d’enlèvement ! », recommande-t-on de toutes parts. Des courriers sont partis dans ce sens à destination des viticulteurs.

« On a déjà fait les efforts »


Et Bourgogne Alcool semble en effet avoir la mémoire courte. Siégeant à la commission distillerie de FranceAgriMer, le viticulteur du Beaujolais, Robert Verger n’a pas ressenti beaucoup de reconnaissance de leur part lorsque la profession s’est battue pour les distillateurs dans le récent passé. En effet, la filière a œuvré au niveau national pour permettre la publication de l’arrêté du 13 janvier 2010 qui dispose, qu’à « compter de la récolte 2010, chaque conseil de Bassin propose un taux unique à 7 %, 8 %, 9 % ou 10 % pour les vins d’appellation d’origine blancs » pour la quantité d’alcool minimum qui doit être contenue dans les sous-produits. En Bourgogne, depuis que cette disposition a été introduite, le conseil de Bassin –soutenu par la profession– a ainsi toujours voté, et cette année encore, pour que le taux soit porté à son maximum, soit 10 %. « Nous avons déjà fait les efforts », insiste Robert Martin.
La filière a également permis que les déclarations de récolte, à partir de cette campagne, ne fassent plus apparaître de façon distincte les lies et les bourbes, mais que tous les volumes soient portés en ligne 16 de cette déclaration, ceci pour permettre aux distillateurs de produire des alcools destinés aux eaux-de-vie et aux brandies à partir de tous les sous-produits, ceci en dépit des oppositions des autres viticulteurs européens.

« Ne pas être la variable d’ajustement ! »


« Ainsi, Bourgogne Alcool peut davantage faire de brandies bien valorisés. De plus, en 2011, ils ont ramassé beaucoup de DPLC et de lies, tous deux bien valorisés économiquement », rajoute Robert Martin. « A eux maintenant de faire des efforts ! Les viticulteurs ne doivent pas être la variable d’ajustement des industriels », met en garde le viticulteur de Davayé.
De nouvelles discussions sont d’ores-et-déjà prévues avec Bourgogne Alcool dès cette semaine. La profession s'y rendra en ayant déjà élaboré, de son côté, un « plan B », ne serait-ce que pour éviter tout problème environnemental. Bourgogne Alcool est prévenu...

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