"Touche pas à ma zone def !"
Cet été, le Ministère de l'Agriculture a transmis le projet de carte des nouvelles zones défavorisées pour approbation à la Commission européenne. La future carte exclue huit communes du Clunisois : Berzé-le-Chatel, Bissy-sous-Uxelles, Blanot, Bray, Chapaize, Chissey-lès-Mâcon, Cortambert et Donzy-le-Pertuis. 29 exploitants sont concernés. Ils ne seront pas en mesure de supporter une telle perte financière... La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire soutenus par la Communauté de communes du Clunisois, les éleveurs et les maires des huit communes, ont décidé conjointement d'organiser une journée d'action et de communication sur cette révision avec le slogan "Touche pas à ma Zone Déf".

Ainsi, une centaine d'agriculteurs et d'élus locaux se sont retrouvés vendredi 24 août à Massilly afin d'attirer l'attention sur cette injustice. Un barrage filtrant a été organisé le matin sur la D981 à Massilly en expliquant aux automobilistes pourquoi les agriculteurs et les élus se mobilisaient. De nombreux élus locaux, dont les maires des huit communes et le président de la Communauté de Communes du Clunisois étaient présents, ainsi que Frédéric Brochot, le vice-président du Conseil Départemental et Jean-Paul Emorine, sénateur. Tous ont apporté leur soutien dès les premières cartes publiées, où 89 communes de Saône-et-Loire quittaient le zonage.
Lors de cette action, Jean-Paul Emorine a souligné que "le Ministère était resté sourd à ses nombreuses sollicitations en se retranchant derrière les critères instaurés, alors que nous travaillons tous pour que le zonage respecte les territoires...". Les éleveurs comptaient bien attirer l'attention du gouvernement sur ce dossier avec cette journée d'action et enfin avoir des réponses concrètes sur leur sort !
Les manifestants se sont ensuite dirigés vers la Préfecture à Mâcon en tracteurs sur la RCEA : une opération escargot de plus d'une heure pour dénoncer la perte de leur ICHN. Une perte qui aura nécessairement un impact majeur sur les paysages et l'économie des communes concernées. L'agriculture reste une forte activité pour ces communes et génère des emplois localement. L'élevage herbager doit continuer à être rémunéré à l'image des orientations politiques prises par nos dirigeants.
Arrivés à la Préfecture, les manifestants ont accroché aux grilles de la Préfecture les panneaux des huit communes, symbole représenant la disparition annoncée de celles-ci avec le futur zonage proposé par le Ministère de l'Agriculture. Bernard Lacour, président de la FDSEA, a sollicité un rendez-vous avec le Préfet. Après un moment de doute, ce dernier a finit par recevoir tous les agricutleurs et élus présents. Arnaud Danjean, député européen et Marie Mercier, sénatrice, ont alors rejoint les manifestants pour ce rendez-vous. Une réunion à laquelle les éleveurs des communes exclues ont rappelé au Préfet qu'ils se battraient jusqu'au bout pour obtenir le reclassement de leurs communes en zone défavorisée. "Pour une fois, qu'il ne s'agit pas d'un désaccord avec la Commission euroépenne, il faut espérer que notre gouvernement rattrapera cette injustice ", a lancé Arnaud Danjean. Marie Mercier a, elle aussi, appuyé la revendication des éleveurs d'aller jusqu'au bout : "nous avons bien réussi a rattrapé 81 communes sortantes, il faut continuer pour les huit dernières !".
Jean-Luc Delpeuch, le président de la Communauté de communes du Clunisois, qui a participé, avec la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs à l'organisation de cette action, a souligné l'incompréhension que suscite l'exclusion des huit communes : "les communes respectent tous les critères européens, mais sont situées dans une région agricole avec une forte valeur ajoutée due à la viticulture". Jean-Yves Rocher, éleveur à Cortambert, a insisté sur le fait "qu'il n'y a pourtant presque plus de vignes sur ces communes là..."
En effet, la Petite Région Agricole (PRA) du Mâconnais-Beaujolais, à laquelle appartiennent les 8 communes, est très hétérogène, malgré sa taille relativement faible. Les coteaux et plateaux du Clunisois dont font parties les huit communes sont principalement des prairies naturelles dédiées à l'élevage. Ces communes sont caractérisées par une plus faible productivité des sols et un accroissement sensible des coûts de mécanisation : forte pente, forte pierrosité, affleurement de la roche mère, etc... Et pourtant, elles sont exclues en raison de la Production Brute Standard (PBS) totale. un critère jugé trop élévée par Bruxelles, en raison de la production viticole à forte valeur ajoutée comparativement à la PBS "élevage" jugée par le Ministère comme "non significative"... "Comment comprendre que des éleveurs ayant une très faible valeur ajoutée perdent une indemnité compensatoire, alors qu'ils sont plus que défavorisés ?! ", s'indignait Maurice Huet, vice-président de la CSEA du Clunisois.
Monsieur le Préfet a ensuite rappelé aux manifestants son constant soutien aux éleveurs concernés. Bernard Lacour lui redemandait de s'adresser à qui de droit pour transmettre les revendications de la profession. Les éleveurs réfléchissent à un éventuel recours si jamais la carte publiée ne réintégrait pas leurs communes. La FDSEA et la Communauté de communes du Clunisois, ainsi que les maires, les accompagneront dans les démarches qui pourront permettre le maintien de leur activité et un revenu décent.
L'action a fortement été reprise par les médias, reste à espérer qu'elle a été suivie par le Ministre de l'Agriculture et que la demande de maintien en zones défavorisées des huit communes des éleveurs sera entendue...
Edith Bruneau