Plantes de nos prairies
Toxiques ou pas ?
Régulièrement, des agriculteurs alertent sur l’intoxication réelle ou
supposée de leurs animaux suite à la consommation de plantes toxiques.
Ingénieure à la Ferme des Bordes dans le Cher, Pascale Pelletier fait
ici le point sur les principales plantes de nos prairies dangereuses.
Passage en revue.
supposée de leurs animaux suite à la consommation de plantes toxiques.
Ingénieure à la Ferme des Bordes dans le Cher, Pascale Pelletier fait
ici le point sur les principales plantes de nos prairies dangereuses.
Passage en revue.
Les prairies sont souvent d'une grande richesse floristique. Parmi les plantes présentes, directement dans les prairies ou dans leurs abords, certaines peuvent contenir des substances toxiques pour le bétail. Passage en revue des plantes les plus couramment rencontrées, ou celles pour lesquelles les éleveurs se posent des questions suite à des troubles de santé de leurs animaux, voire plus rarement, des cas de mortalité.
Les renoncules
Les renoncules sont très communes dans les prairies, les plus fréquemment rencontrées sont la renoncule âcre ou bouton d'or, qui prolifère dans les prairies fraîches et plutôt pâturées, tandis que la renoncule bulbeuse se rencontre dans les milieux secs et la renoncule rampante dans les sols argileux, humides et humifères.
Toutes les renoncules sont toxiques à des degrés divers, mais leur toxicité n'est pas très élevée. Toute la plante fraîche et particulièrement les feuilles à la floraison sont toxiques. Seules les plantes consommées en vert peuvent provoquer des troubles digestifs, mais les empoisonnements restent très rares, car les animaux ne les consomment pas en vert. La teneur en protoanémonine (substance toxique) varie selon les espèces et cette substance se dégrade à la dessication. Ainsi, les renoncules présentes dans les foins ne sont pas dangereuses.
La grande ciguë
La grande ciguë renferme au moins cinq alcaloïdes toxiques, dont la coniine, et ce dans toutes ses parties, notamment les fruits. Toutes les parties aériennes de la plante fraîche sont toxiques. Mais la plante entièrement desséchée sur pied ou mêlée au foin a perdu quasiment toute sa toxicité. Les intoxications sont très rares, car la plante exhale une odeur désagréable lorsqu'on la froisse. Les doses mortelles de plantes fraîches sont élevées, ce qui rend l'ingestion de telles quantités par le bétail improbables : 0,5 à 2 % du poids vif, soit environ 4 à 5 kg de feuilles fraîches pour les bovins et 2 kg pour les équins…
Le galéga officinal
Encore appelé sainfoin d'Espagne, cette légumineuse se rencontre rarement dans des prairies entretenues, mais plutôt dans des zones humides ou des bandes enherbées.
Les parties aériennes de la plante sont toxiques en période de floraison et de fructification. Deux alcaloïdes, la galégine et l'hydroxygalégine, ainsi qu'un glucoside flavonique, la galutéoline, sont présents. La plante séchée est la plus dangereuse, car fraîche, elle est peu appétente. Sa présence en fleurs ou avec les gousses dans le foin est à proscrire. Un fourrage contenant 10 % de galéga peut être très dangereux.
La dose toxique est de 4 kg de plante fraîche pour les bovins. 400 g de plante fraîche ou 100 g de plante séchée suffisent à déclencher les symptômes et peuvent entraîner la mort chez les ovins. Des cas d'intoxication ont également été rapportés à partir de 40 g de plante sèche ingérée par des chevaux.
Le séneçon jacobée
Les séneçons renferment des alcaloïdes hépatotoxiques. Deux espèces de séneçon sont courantes dans les prairies : le séneçon commun, relativement pauvre en alcaloïdes essentiellement contenus dans la racine, et le séneçon jacobée, beaucoup plus toxique, avec un maximum de toxicité dans les premiers stades de végétation. La dessication ou l'ensilage ne modifient pas cette toxicité. Toutes les espèces animales sont sensibles. Les accidents sont rarement rencontrés au pâturage, car les animaux ne le consomment pas en vert. Le danger est plus important avec l'ensilage, car l'animal ne peut pas trier lors de l'ingestion. Les cas d'intoxication sont souvent observés après une ingestion répétée pendant plusieurs semaines d'une petite quantité.
La digitale pourpre
Cette espèce est commune surtout en bords de champs, à proximité des bois humides, des ruisseaux ou dans les haies. Les molécules responsables de la toxicité sont des hétérosides cardiotoniques, notamment digitoxine et digoxine, auxquelles la plante doit également ses propriétés thérapeutiques. Les feuilles sont la partie la plus toxique. La dose mortelle est de 160 à 180 g de feuilles vertes chez les bovins, 25 à 30 g chez les ovins, 120 à 140 g chez le cheval. Bien que les digitales soient très répandues, les animaux n'y touchent pas. Les empoisonnements sont extrêmement rares, les seuls cas seraient liés à la consommation de foin contenant des digitales.
La prêle des champs
Toutes les prêles sont toxiques. Elles sont en général présentes dans des prairies très dégradées (prêle des champs), les bords de chemins, ou des dans prairies inondées (prêle des marais). Elles contiennent plusieurs composés toxiques : thiaminase, alcaloïdes (palustrine, équisétine), saponosides et nicotine. L'intoxication peut survenir aussi bien chez les bovins que chez les équins, après une consommation de foin contenant plus de 5 % de prêles. Le plus souvent, les animaux ne consomment pas les prêles au pâturage. Ce n'est que dans le cas de pâturage dans des prairies entièrement envahies par les prêles qu'une intoxication peut survenir.
D'autres plantes présentant également des risques de toxicité sont rassemblées dans le tableau ci-dessous.
Bibliographie :
2003, "Guide pour un diagnostic prairial", F. Hubert et P. Pierre, chambres d'Agriculture du Maine-et-Loire et de Mayenne
Site internet de l'Ecole nationale vétérinaire de Toulouse : www.vegetox.envt.fr
1973, "Plantes vénéneuses", C. Jean-Blain et M. Grisvard, Edition "La maison rustique"
Tableau 1 : Plantes toxiques des prairies et symptômes associés
Les renoncules
Les renoncules sont très communes dans les prairies, les plus fréquemment rencontrées sont la renoncule âcre ou bouton d'or, qui prolifère dans les prairies fraîches et plutôt pâturées, tandis que la renoncule bulbeuse se rencontre dans les milieux secs et la renoncule rampante dans les sols argileux, humides et humifères.
Toutes les renoncules sont toxiques à des degrés divers, mais leur toxicité n'est pas très élevée. Toute la plante fraîche et particulièrement les feuilles à la floraison sont toxiques. Seules les plantes consommées en vert peuvent provoquer des troubles digestifs, mais les empoisonnements restent très rares, car les animaux ne les consomment pas en vert. La teneur en protoanémonine (substance toxique) varie selon les espèces et cette substance se dégrade à la dessication. Ainsi, les renoncules présentes dans les foins ne sont pas dangereuses.
La grande ciguë
La grande ciguë renferme au moins cinq alcaloïdes toxiques, dont la coniine, et ce dans toutes ses parties, notamment les fruits. Toutes les parties aériennes de la plante fraîche sont toxiques. Mais la plante entièrement desséchée sur pied ou mêlée au foin a perdu quasiment toute sa toxicité. Les intoxications sont très rares, car la plante exhale une odeur désagréable lorsqu'on la froisse. Les doses mortelles de plantes fraîches sont élevées, ce qui rend l'ingestion de telles quantités par le bétail improbables : 0,5 à 2 % du poids vif, soit environ 4 à 5 kg de feuilles fraîches pour les bovins et 2 kg pour les équins…
Le galéga officinal
Encore appelé sainfoin d'Espagne, cette légumineuse se rencontre rarement dans des prairies entretenues, mais plutôt dans des zones humides ou des bandes enherbées.
Les parties aériennes de la plante sont toxiques en période de floraison et de fructification. Deux alcaloïdes, la galégine et l'hydroxygalégine, ainsi qu'un glucoside flavonique, la galutéoline, sont présents. La plante séchée est la plus dangereuse, car fraîche, elle est peu appétente. Sa présence en fleurs ou avec les gousses dans le foin est à proscrire. Un fourrage contenant 10 % de galéga peut être très dangereux.
La dose toxique est de 4 kg de plante fraîche pour les bovins. 400 g de plante fraîche ou 100 g de plante séchée suffisent à déclencher les symptômes et peuvent entraîner la mort chez les ovins. Des cas d'intoxication ont également été rapportés à partir de 40 g de plante sèche ingérée par des chevaux.
Le séneçon jacobée
Les séneçons renferment des alcaloïdes hépatotoxiques. Deux espèces de séneçon sont courantes dans les prairies : le séneçon commun, relativement pauvre en alcaloïdes essentiellement contenus dans la racine, et le séneçon jacobée, beaucoup plus toxique, avec un maximum de toxicité dans les premiers stades de végétation. La dessication ou l'ensilage ne modifient pas cette toxicité. Toutes les espèces animales sont sensibles. Les accidents sont rarement rencontrés au pâturage, car les animaux ne le consomment pas en vert. Le danger est plus important avec l'ensilage, car l'animal ne peut pas trier lors de l'ingestion. Les cas d'intoxication sont souvent observés après une ingestion répétée pendant plusieurs semaines d'une petite quantité.
La digitale pourpre
Cette espèce est commune surtout en bords de champs, à proximité des bois humides, des ruisseaux ou dans les haies. Les molécules responsables de la toxicité sont des hétérosides cardiotoniques, notamment digitoxine et digoxine, auxquelles la plante doit également ses propriétés thérapeutiques. Les feuilles sont la partie la plus toxique. La dose mortelle est de 160 à 180 g de feuilles vertes chez les bovins, 25 à 30 g chez les ovins, 120 à 140 g chez le cheval. Bien que les digitales soient très répandues, les animaux n'y touchent pas. Les empoisonnements sont extrêmement rares, les seuls cas seraient liés à la consommation de foin contenant des digitales.
La prêle des champs
Toutes les prêles sont toxiques. Elles sont en général présentes dans des prairies très dégradées (prêle des champs), les bords de chemins, ou des dans prairies inondées (prêle des marais). Elles contiennent plusieurs composés toxiques : thiaminase, alcaloïdes (palustrine, équisétine), saponosides et nicotine. L'intoxication peut survenir aussi bien chez les bovins que chez les équins, après une consommation de foin contenant plus de 5 % de prêles. Le plus souvent, les animaux ne consomment pas les prêles au pâturage. Ce n'est que dans le cas de pâturage dans des prairies entièrement envahies par les prêles qu'une intoxication peut survenir.
D'autres plantes présentant également des risques de toxicité sont rassemblées dans le tableau ci-dessous.
Bibliographie :
2003, "Guide pour un diagnostic prairial", F. Hubert et P. Pierre, chambres d'Agriculture du Maine-et-Loire et de Mayenne
Site internet de l'Ecole nationale vétérinaire de Toulouse : www.vegetox.envt.fr
1973, "Plantes vénéneuses", C. Jean-Blain et M. Grisvard, Edition "La maison rustique"
Tableau 1 : Plantes toxiques des prairies et symptômes associés