Accès au contenu
Henri Plet à Maltat

Traditionnel, mais efficace

Le 20 septembre dernier à Maltat, l’exploitation de Henri Plet accueillait les septièmes rencontres techniques régionales ovines. En choisissant la ferme des Godards, c’est un système traditionnel éprouvé et efficace que les organisateurs ont voulu mettre à l’honneur. Rencontre.
124968--HPlet.JPG
A 57 ans, Henri Plet est à la tête d’une exploitation de 82 hectares. La troupe ovine compte 320 brebis auxquelles il faut ajouter 24 vaches allaitantes. L’éleveur a toujours eu des moutons, une production que son père exerçait déjà et qui est encore assez répandue dans ce secteur. C’est la nature des terrains (sableux et séchants) qui expliquerait la présence constante du mouton dans la Sologne bourbonnaise. Henri s’est installé en 1975, mais ce n’est qu’en 1991 qu’il a repris l’exploitation actuelle, celle dite "des Godards". La structure comptait déjà 300 brebis et 17 vaches à l’époque et elle s’est agrandie progressivement pour atteindre sa taille actuelle. Les vaches ont toujours été hivernées dans l’ancienne étable entravée de la ferme. Une stabulation a été créée en 2003 pour accueillir les jeunes animaux. Jusqu’en 2007, tous les agnelages se faisaient dehors. Une bergerie de 465 mètres carrés a été construite depuis. Agréable et fonctionnelle, elle a permis à l’éleveur de simplifier son travail et de diminuer la pénibilité lors des agnelages. Le bâtiment est à peine assez grand au regard de l’effectif, mais comme les agnelages se font par lots, une rotation des animaux permet de tirer parti de cet équipement finalement économe (compter 60.000 € environ). En outre, la bergerie accueille les agneaux en finition.

Dominante charollaise


Les brebis d’Henri sont à dominante charollaise avec un peu de texel. L’éleveur utilise des béliers de race charollaise et texel ainsi que charmoise pour les agnelles. « Les meilleurs agneaux à vendre sont les charollais, mais les béliers texel me permettent de ramener du calme et des qualités maternelles au troupeau. Les agneaux issus de bélier charmoise sont plus dégourdis à la naissance », explique Henri. La conduite est assez traditionnelle. « Ma politique, c’est de prendre le temps de faire mes animaux », confie l’éleveur qui privilégie les agneaux lourds pour le marché de l’Aïd El Kébir et la fin d’année. Les agnelages sont calés de fin février à avril. Ils succèdent aux vêlages lesquels sont, quant à eux, concentrés sur le mois de février. Durant ces trois mois de naissance, le travail s’enchaîne à un rythme soutenu, mais pour Henri, c’est une question d’habitude. La lutte débute à partir de la fin septembre, par lots pour un étalement des agnelages sur un mois et demi. 60 % des agnelages ont lieu en mars. Avec 300 mises bas et 422 agneaux pour 321 brebis à la reproduction, les résultats techniques de l’exploitation sont jugés très satisfaisants par les techniciens. La prolificité est de 167 % et la productivité numérique de 131 %.

Tout est rationné


Les fourrages sont récoltés en enrubannage et foin et huit hectares sont consacrés aux céréales autoconsommées. « Tout est rationné quel que soit le type d’aliment », indique l’éleveur. Avec cette stratégie économe, les bovins ne consomment qu’une tonne de matière sèche par UGB alors que la norme est plutôt d’une tonne et demie...
Les agneaux sont sevrés assez tard à au moins 4 mois d’âge. Ce sont des agneaux d’herbes qui ne sont complétés qu’en bergerie au moment de la finition. Ils sont vendus de juin à décembre en année de sécheresse. Le poids vif est en moyenne de 43 kg pour des carcasses d’environ 20 kg. Ils sont vendus en moyenne 113 € par tête, ce qui équivaut à 5,74 € le kilo de carcasse. Les brebis de réforme pèsent quant à elles 72 kg vif et sont vendues 77 € par tête.

Vente au cadran


Toute la production ovine de l’exploitation est commercialisée au marché au cadran de Moulins-Engilbert dans la Nièvre. Un choix qu’Henri explique par son habitude de vendre ses animaux sur les marchés et, à ses yeux, le cadran est le meilleur débouché pour des agneaux lourds comme les siens. Le marché a lieu tous les quinze jours le lundi matin. Henri trie lui-même ses agneaux au préalable ce qui lui vaut de pouvoir proposer des lots homogènes, qualité très appréciée sur le cadran.
D’après les techniciens qui suivent l’exploitation, « les résultats économiques de l’exploitation sont complètement satisfaisants. Avec un EBE proche de 39.000 € ; le ratio EBE sur Produit brut est très bien situé, ce qui signifie une bonne efficacité économique. Les charges opérationnelles sont maîtrisées et la marge brute par brebis atteint 106 € ». Outre les économies réalisées sur le parc bâtiments, Henri Plet évite les gros investissements en matériel. Epandeur et matériel de culture sont en Cuma et le tracteur de 115 CV ainsi que le round-baller sont en co-propriété.
« Aujourd’hui, l’exploitation dégage un revenu qui permettrait de faire vivre un couple. Mais en s’installant, ce serait plus limité », tempère l’éleveur. Dans trois ans, Henri prendra sa retraite. Les candidats à la reprise sont les bienvenus...



7e rencontres techniques ovines
Priorité à la valorisation de l’herbe


Organisées dans le cadre de la Reconquête ovine, les septièmes rencontres techniques régionales avaient lieu cette année en Saône-et-Loire, dans le secteur le plus moutonnier du département, la Sologne bourbonnaise. Le maître d’œuvre de cette journée était la chambre régionale d’agriculture (Corel ovin) aidée de tous ses partenaires de la filière (Institut de l’élevage, Terre d’Ovins, Cialyn, Capag, Seo 21…) et les sections ovines départementales. En choisissant l’élevage d’Henri Plet, les organisateurs ont voulu mettre l’accent sur l’herbe. Un thème sur lequel travaille beaucoup le Pôle régional ovin de Charolles, prouvant par là-même les marges de progrès existant dans ce domaine. Le thème de l’herbe était d’ailleurs largement décliné lors de la visite d’exploitation du 20 septembre dernier. Outre le témoignage convainquant d’Henri Plet (lire ci-dessus), les experts présents ont traité de l’intérêt du pâturage hivernal des brebis. Il a également été question de la finition des agneaux et de sujets sanitaires comme la gestion du parasitisme, du piétin et des pathologies vaccinables. En écho au vécu de l’éleveur de Maltat en quête d’un éventuel repreneur, un point fut effectué sur la transmission des exploitations.




Terre d’Ovins
Un contrat pour sécuriser les élevages en développement


La coopérative Terre d’Ovins a mis en place un "plan de développement pour la production ovine". Destiné à favoriser l’installation, la création de nouveaux élevages d’au moins cent brebis et l’accroissement de troupeaux existants, ce plan s’appuie sur un contrat de cinq ans unissant –outre Terre d’Ovins et l’éleveur– les entreprises d’aval, les fabricants d’aliments et les organismes de sélection. Cette forme de contractualisation vise à sécuriser la commercialisation et la valorisation –via des filières de qualité– de la production de l’élevage. Ce plan inclut également les itinéraires techniques à respecter.
Quatre types de contrats sont proposés pour un montant d’aide allant de 15 à 30 € par brebis. 


Soutien au financement de l’acquisition de cheptel 


Terre d’Ovins propose également un soutien au financement de l’acquisition de cheptel. Il s’agit pour la coopérative d’améliorer, par ce biais, la génétique des troupeaux. Qu’il soit nouvellement constitué ou agrandi, le cheptel doit atteindre au moins cent brebis. Pour bénéficier de cette aide, l’éleveur doit respecter un certain nombre de conditions en lien avec la coopérative. Le prêt est de 100 € par femelle avec un plafond de 30.000 € pour les JA et de 25.000 € pour les autres. Le taux du prêt est de 0 % pour les JA et à 2 % pour les autres avec une durée maximum de 5 ans.





Cadran de Moulins-Engibert

« Le commerce a retrouvé des couleurs »


Le marché au cadran de Moulins-Engibert a commercialisé 24.000 ovins en 2011. La Nièvre représente un peu plus de la moitié des apports et la Saône-et-Loire 27 %. Les fêtes musulmanes de l’Aïd El Kébir représentent 30 à 40 % du volume annuel. « Depuis 2009, le marché du mouton a retrouvé une dynamique de progression. Mais si aujourd’hui, le nombre de brebis est stabilisé, cela risque de ne pas durer car beaucoup d’éleveurs sont sur le point de partir à la retraite », mettait en garde Martial Tardivon, responsable du marché. Concernant les prix, « on a retrouvé une courbe ascendante depuis 2007. Toutefois, un effondrement des cours est survenu vers Pâques, vraisemblablement lié à un problème de pouvoir d’achat, aussi à un surplus d’agneaux laitiers ainsi qu’à des importations en provenance d’Espagne. Depuis le 15 août, le commerce a retrouvé des couleurs. Beaucoup d’agneaux finis en bergerie arrivent sur le marché et ça tombe bien. En France, le volume d’agneaux produit diminue. Nous ne produisons que 40 % de ce qu’on consomme », indiquait Martial Tardivon.


Images