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Intempéries en Autunois-Morvan

Triste tour de plaine après l'orage qui a frappé l'Autunois-Morvan…

L’orage de la soirée du 25 juin dernier a frappé durement l’Autunois-Morvan. Arbres, toitures, habitations ont été lourdement endommagés et des bovins ont péri. Mardi, FDSEA et JA accompagnaient le sous-Préfet pour un bilan des dommages.  

Par Marc Labille
Triste tour de plaine après l'orage qui a frappé l'Autunois-Morvan…
Laizy, sur l'exploitation maraîchère de Sébastien Corneaux.

Mardi, la FDSEA et JA 71 ont invité le sous-Préfet d’Autun Jean-Baptiste Constant pour une visite des dégâts de l’orage survenu dans la soirée du mercredi 25 juin. Sous la houlette de Didier Talpin, responsable FDSEA du secteur, la délégation s’est rendue dans six exploitations s’égrainant de Saint-Forgeot à La Boulaye. Outre le sous-Préfet, accompagné de Philippe Robin de la DDT, plusieurs élus se sont joints à cette tournée : le député Aurélien Dutremble, le conseiller régional Fabrice Voillot, la présidente de la communauté de communes Marie-Claude Barnay, le vice-président du Conseil départemental Frédéric Brochot. De nombreux agriculteurs, responsables professionnels et élus locaux étaient également présents sur les sites ainsi que la presse.

Comme chaque évènement climatique récent, l’orage du 25 juin dernier qui a frappé l’ouest de la Saône-et-Loire s’est à nouveau distingué par son aspect exceptionnel. Annoncé avec beaucoup de justesse par les modèles météo, cet épisode s’est distingué par de violents coups de vent (125 km/h) et des trombes d’eau assez brèves.

Les agris mobilisés pour déblayer…

Dans la campagne, ce sont les arbres qui ont payé le plus lourd tribut. Dès la nuit et le lendemain, les agriculteurs n’ont pas ménagé leurs efforts pour dégager routes et chemins. Un travail pas toujours facile avec des branches chargées de feuilles vertes et enchevêtrées. Ces chutes de bois n’ont pas épargné les animaux venus s’abriter dessous. Les cultures ont été endommagées aussi. Et des toitures ont évidemment été soufflées par cette tempête.

La première visite était chez Ludovic Labille à Saint-Forgeot dont plusieurs bâtiments ont perdu des tuiles, un champ de colza couché au sol et qui évaluait à une centaine de stères le bois mis à terre sur son exploitation. Dans le même secteur, un autre éleveur est venu témoigner de deux de ses vaches tuées par un chêne à Lucenay-l’Evêque. Leurs veaux n’ont aujourd’hui plus de mères et doivent être nourris avec des granulés faute de lait. Le manque à gagner sera inéluctable à la vente.

Des bovins tués par des chutes d’arbres

À Laizy, Loïc Pipponiau a eu huit bêtes emportées par la chute de chênes. Deux vaches ont été tuées sur le coup. Un veau dont les quatre pattes ont été cassées et un autre perforé par un morceau de branche ont été euthanasiés. Deux autres bovins blessés ont pu être conduits à l’abattoir en urgence… Une autre vache a le bassin enfoncé et un veau est encore en observation… La découverte d’un tel spectacle fut éprouvante, témoignaient Loïc et son père Gérard. Pour cet élevage passionné de génétique, la perte de ce qui est le fruit de plusieurs générations de sélection est un crève-cœur. Heureusement, les choses sont allées très vite après le sinistre. À commencer par l’équarrissage qui a évacué les bêtes mortes dans les meilleurs délais, et ce grâce à l’intervention de Didier Talpin, rendait hommage Loïc. Vétérinaire et assurance ont également été très réactifs.

De l’autre côté de la commune, Philibert Bouchie de Belle a vu une partie de sa toiture en bac acier s’arracher de son toit. Il a eu également beaucoup d’arbres à déblayer et de nombreuses clôtures électriques à réparer, comme nombre de ses collègues… Chez lui, l’orage l’a privé d’électricité pendant 48 heures. Plongés dans le noir, 200 poussins de faisans ont été retrouvés morts par l’éleveur.

Tunnels de maraîchage à nouveau détruits

À quelques kilomètres de là, Sébastien Corneaux a eu trois de ses huit tunnels de maraîchage détruits. Installé depuis 15 ans, il a connu trois épisodes de grêle et une tempête. L’intempérie du 25 juin aura un impact sur ses cultures sous abri dont le système d’irrigation et le tuteurage sont endommagés. Le vent a également fait des dégâts sur ses arbres fruitiers chargés de fruits. Ses tunnels, Sébastien les avait refaits à neuf l’an dernier… Leur coût s’élève à environ 2.500 € l’unité et ils ne sont pas assurés, confiait l’agriculteur au sous-Préfet.

À la Tagnière, la famille Truchot a eu une partie de toit d’une stabulation emportée pour être redéposée à une vingtaine de mètres de là. Les pannes de bois supportant des plaques de fibro-ciment — heureusement sans amiante — ont été arrachées par la puissance des rafales. Six jours après le sinistre, la fibre optique était toujours coupée : Orange refusant d’admettre que c’était le vent le responsable et non « la box » foudroyée… Un classique. Dans la même commune, un taureau avait également été blessé.

Le toit de la maison envolé

Dernière étape de ce triste périple à La Boulaye chez Didier Deschamps. Cette fois, c’est la maison d’habitation qui a subi le plus gros dommage. Le vent a arraché une partie des tuiles d’un pan de toit et fait tomber une cheminée sur l’autre versant. Conséquence, le plafond de plaques de plâtres des chambres sous combles s’est effondré. Au moment du sinistre, le plus jeune enfant de la famille était dans sa chambre à l’étage. Apeuré, c’est lui qui est descendu annoncer à ses parents que le toit s’était envolé… Un premier devis estime la réfection de la toiture à environ 10.000 €, auxquels il faut ajouter 4.000 € de frais de bâchage. Et il faudra compter la réfection des plafonds… En prime, la famille Deschamps était privée d’eau potable depuis une semaine. L’orage a en effet foudroyé une pompe d’alimentation du syndicat des eaux de Charbonnat.

Les aides mobilisables pour les sinistrés

Cette tournée, dont le sous-Préfet attentif n’a manqué aucune étape, a permis de prendre la mesure du préjudice dans l’Autunois-Morvan. Elle était le reflet du désarroi des agriculteurs sinistrés, encore abasourdis par la violence et la soudaineté de l’évènement. Les personnalités présentes ont été sensibles aux témoignages recueillis et à la solidarité qui s’est exprimée au sein de la profession.  

Pour Didier Talpin, représentant de la FDSEA, « il est essentiel que chaque agriculteur sinistré sache bien quelles aides sont mobilisables pour eux et vers quel interlocuteur se tourner ». 

Il a ainsi été précisé qu’en cas de dommages sur des biens assurés - bâtiments (habitation, stabulation…), matériel, cultures couvertes par une assurance multirisques climatiques ou cheptel - il convient de se rapprocher au plus vite de son assureur.

Pour les exploitants non assurés, plusieurs dispositifs gérés par l’État peuvent néanmoins être mobilisés : l’Indemnité de Solidarité Nationale pour les pertes de cultures non assurées (activable à partir de 50% de pertes), ainsi qu’une aide spécifique à la perte de fonds en cas de perte d’animaux ou d’outils de production. Il est alors nécessaire de prendre contact avec le service économique de la DDT.

Ce nouvel aléa climatique rappelle l’importance de s’interroger sur les solutions assurantielles à envisager.

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