Trump promet 25% de droits de douane pour le 2 avril
Dans une diatribe dont il est coutumier, le président américain Donald Trump avait annoncé, le 26 février dernier, son intention d’imposer très prochainement des droits de douane à hauteur de 25 % sur les importations en provenance de l’UE. C’est presque officiel.

Si les automobiles semblent clairement visées, ces mesures devraient s’appliquer « de manière générale » aux produits européens. « L’UE profite vraiment de nous », a-t-il indiqué. Et d’ajouter « ils n’acceptent pas nos voitures, ils n’acceptent pas nos produits agricoles. Ils avancent toutes sortes d’arguments pour ne pas accepter nos produits et nous acceptons tout d’eux ». Le Vieux Continent devrait donc être traité de la même manière que le Canada et le Mexique, autres alliés historiques des États-Unis, dont les mesures douanières devraient entrer en vigueur en avril. « L’UE a été conçue pour emmerder les États-Unis », a-t-il affirmé en évoquant un déficit commercial de « 300 milliards de dollars », montant contesté par la Commission européenne.
Pour le 2 avril
Comme promis mais pas encore officiellement donc, le président américain Donald Trump a annoncé, ce 3 mars sur son réseau social Truth Social, la mise en place de droits de douane sur les importations de produits agricoles aux États-Unis à compter du 2 avril. « Aux grands agriculteurs des États-Unis : préparez-vous à commencer à produire beaucoup de produits agricoles à vendre à l’intérieur des États-Unis », indique-t-il. Et d’ajouter : « Amusez-vous bien ! ». Après s’être attaqué à la sylviculture, à l’acier et à l’aluminium, cette annonce marque une nouvelle étape dans la politique commerciale agressive lancée par le locataire de la Maison Blanche depuis son retour au pouvoir en janvier.
En rétorsion aux annonces du président américain Donald Trump, Emmanuel Macron a annoncé le 28 février que l’UE se prépare, elle aussi, à mettre en place des droits de douane réciproques sur l’acier et l’aluminium et à « répondre » sur les autres produits. En visite au Portugal, le chef de l’État a déclaré : « Nous n’avons pas en quelque sorte à être faible face à ces mesures » annoncées par son homologue états-unien. Et d’ajouter : « Et si début avril, comme cela a été annoncé, des tarifs étaient mis sur les produits européens à cette hauteur-là, les Européens auront à répondre ». Une tactique que soutient le premier ministre portugais Luis Montenegro, qui estime que « l’Europe devra réagir sur l’application de tarifs, du même montant ou semblables, [cela] n’aurait aucun sens de ne pas faire la même chose, rendre la pareille ».
Nul doute que l’UE va réagir. Lors de sa visite du Salon de l’Agriculture, le 27 février, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen avait déjà indiqué : « On est frappés, on va devoir réagir ». Et d’ajouter : « Je pense qu’on a besoin d’un filet de sécurité unitaire pour de tels chantages ou chocs géopolitiques », renvoyant ainsi à sa Vision pour l’agriculture et l’alimentation présentée le 19 février. Des représailles tarifaires européennes qui, si elles sont appliquées, devront être ciblées, analyse, de son côté, le professeur Alan Matthews, du Trinity College de Dublin (Irlande), afin de minimiser les dommages qu’elles pourraient infliger à l’économie européenne.
Agroéquipement et nutrition animale en première ligne
« Une guerre commerciale mondiale aurait des effets allant bien au-delà des flux commerciaux initiaux en raison des interactions entre régions et secteurs », analyse la Rabobank. Dans un document publié le 27 février, avant l’annonce par Donald Trump de droits de douane sur les produits agricoles, la banque néerlandaise examine les conséquences sur l’agriculture et l’alimentation de l’UE des potentiels droits de douane américains. Selon les auteurs, la mise en place de ces sanctions pourrait entraîner des répercussions importantes pour les entreprises européennes. Cela rendra les produits de l’UE plus chers et mettra à mal leur position concurrentielle. Le secteur des machines agricoles serait le plus touché. Des conséquences négatives sont également attendues pour les boissons, les fruits et légumes, les produits laitiers, mais la banque estime qu’elles seront de moindre importance. En prenant l’exemple du soja, la Rabobank souligne, par ailleurs, que d’éventuelles ripostes européennes auraient aussi un coût pour les producteurs de l’UE. Ainsi, le soja sud-américain pourrait être vu comme une solution, mais la mise en place du règlement sur la déforestation importée fin décembre 2025 obligera l’UE à n’acheter que du soja exempt de déforestation. Pour la Rabobank, cela pourrait faire grimper les prix et nuire aux éleveurs.
En 2019, la première administration Trump avait déjà imposé des taxes douanières de 25 % sur certains produits, dont des fromages, des vins et le cognac. La réitération de ces droits serait particulièrement douloureuse pour le cognac, déjà visé par la Chine, ou pour les viticulteurs, les États-Unis étant le premier débouché des vins français à l’export. Depuis son retour à la Maison blanche le 20 janvier, le milliardaire américain, Donald Trump mène une politique commerciale isolationniste, multipliant les diatribes et les annonces de droits de douane à l’encontre de ses principaux alliés (Canada, Mexique, UE) ou de la Chine… mais dans une moindre mesure. Le retour des empires laisse l’Europe face à ces dilemmes…