Un allégement mis à mal
rendue à la rencontre du préfet de région, pour l’alerter sur les
lourdes conséquences des décisions prises au sujet de l’allégement des
charges des travailleurs saisonniers. Retour.
Des secteurs déjà fragilisés
« L’emploi agricole est très important en France et l’Agriculture, on le sait insuffisamment, emploie davantage que le secteur automobile », rappelait en préambule Yves Bonnot. « Et il y a des questions sérieuses à se poser en matière de compétitivité, laquelle sera déterminante pour l’avenir ».
« Pour notre région, le surcoût de cette remise en cause et de sa limitation aux seuls salariés dont la rémunération est inférieure à 1,3 Smic comme le propose le Gouvernement est évalué à rien moins que 4,8 millions d’€ », alertait Olivier Gallien, qui signalait que, de surcroît, cela affectera des secteurs économiques déjà en situation délicate comme la viticulture, et la production de fruits et de légumes. Le nouveau dispositif tel que le Gouvernement le prépare, avec l’abaissement des seuils, est inadapté et ne répondra pas à la recherche de compétitivité qui avait justifié la mise en place de la mesure. Les conséquences seront lourdes, et assez rapidement perceptibles.
Favoriser l’embauche !
Viticultrice à Chevagny-lès-Chevrières et à partir de son expérience d’employeur impliquée au sein de la section des employeurs de main-d’œuvre de la FDSEA, Françoise Botti, soulignait les menaces réelles qui pèsent sur les nombreuses petites entreprises que sont les exploitations agricoles et viticoles. Avec le risque d’une mort lente, dans le silence et la quasi indifférence générale.
Un avis repris par Jacques Jousseau, viticulteur et pépiniériste à Saint-Gengoux-de-Scissé, également impliqué dans la section des employeurs de main-d’œuvre de la FDSEA, qui alertait sur la période particulièrement inopportune pour modifier un dispositif qui a fait ses preuves et qui affectera une production confrontée à une crise sanitaire sans précédent, avec l’Esca et la Flavescence dorée. « Il faut cesser de décourager l’ambition des viticulteurs et des entrepreneurs. Le risque est réel d’une réduction d’activité et d’un retour à des entreprises recourant à moins de main-d’œuvre ». Et de plaider pour des dispositifs qui favorisent l’embauche et ainsi la création de valeur et le dynamisme.
L’exemple de l’arboriculture du cerisier en Côte-d’Or était cité par Olivier Gallien : hier encore 3.500 ha et des emplois à la clé, aujourd’hui plus rien. Il citait la concurrence effrénée de l’Allemagne dans nombre de productions basées sur la main-d’œuvre : la salade, la fraise, l’asperge…
Une chance à saisir ou pas…
« Notre agriculture est porteuse d’avenir, mais il faut des mesures en phase avec les besoins. En ce moment, c’est un pas en avant, deux en arrière… Quelle lisibilité peuvent avoir des entrepreneurs ? », mettait en garde Yves Bonnot. « Nous ne demandons pas à ce que les salariés soient moins bien payés, mais le volet Compétitivité grève l’emploi et le dynamisme de nos exploitations ».
Et la délégation de conclure : « l’Agriculture n’est pas délocalisable, mais, selon les politiques conduites par les pouvoirs publics, elle générera ou ne générera pas d’emploi dans les territoires ruraux ». Un message clair que Pascal Mailhos s’est engagé à remonter auprès de qui de droit.
Et les permanents ?
Face aux deux préfets, la délégation rappelait que des mesures d’allégement des charges sociales avaient été promises par le Gouvernement précédent en ce qui concerne les salariés permanents, lesquelles mesures devaient être financées par la fameuse taxe Soda. « La taxe existe bel et bien, les mesures d’allégement de charges des salariés permanents, on les attend toujours ! », déplorait la délégation. Et dans le contexte économique actuel, peu se font d’illusions…
Mobilisation nationale…
Le Gouvernement a décidé d’inscrire dans le projet de loi de finances pour 2013 une mesure qui ampute de plus de 20 % les exonérations de charges patronales prévue pour l’emploi des salariés saisonniers. Cette mesure représente une hausse de charges pour les employeurs agricoles. Mais surtout, ce choix va pénaliser encore davantage nos secteurs de productions les plus exposés à la concurrence internationale, du fait d’un poids considérable du coût du travail dans le prix de revient des produits.
A l’appel de la FNSEA, la profession entend maintenir la pression sur les parlementaires et une action est lancée pour le 5 novembre devant l’Assemblée nationale. Au-delà de la distribution de tracts, l’action sera l’occasion de ce qui pourrait être le dernier marché de fruits, légumes et fleurs français…